Plonger dans l'horreur qu'était mon passé

640 30 0
                                    

-Mon père s'appelait Michael. Le fait de prononcer son nom semble lui brûler les lèvres, je lui adresse un sourire encourageant, il déglutit.

-Il a été diagnostiqué, bipolaire schizophrène après une intervention de la part d'une assistante sociale. Mais il était trop tard, mes cicatrices ont guéries, pour la plupart, mais les séquelles psychologique restent, elles sont encrées dans mon esprit et elles ont fait l'homme que je suis, l'homme que j'étais, avant toi. Il relève son regard dans ma direction, je lui souris à nouveau, je commence à comprendre.

-Il me frappait, me brûlait, que ce soit avec des cigarettes qu'avec des lames chauffées, il m'insultait, chaque jours, jusqu'à sa mort, jusqu'à ce qu'un jour, le jour de mes 17 ans, je prenne le dessus, jusqu'au jour où j'ai attrapé le premier le couteau. Il se stoppe, sa voix sort difficilement, il n'y arrive plus. 

-Tout vas bien? Je lui demande, touchée.

-Je ne peux plus continuer, je... 

-Tu veux que je regarde moi-même? J'ose, consciente du risque que je prend là, il acquiesce après un temps, plonge ses yeux dans les miens et d'une voix solennelle continue.

-Je t'autorise à lire mes pensées et à plonger dans l'horreur qui faisait mon passé. Je ne cille pas, j'explore ses prunelles au bleu si profond. 

Sans que je m'y attende, je me sens tomber en arrière, encore, ma chute est amortie cette fois-ci par un délicat coussin, des plumes virevoltent en tout sens, je ne l'ai même pas touché, il semble que mon don soit devenu plus puissant. Je me redresse et reste figée, subjuguée devant le décor qui se profile face à moi, le carrelage blanc n'est plus, il est remplacé par une moquette duveteuse semblable à un délicat nuage, je fais quelques pas, le brouillard à disparu, il est remplacé par une infinité d'arbres verdoyant, le ciel est fait d'étoiles plus brillantes les unes que les autres, je reste sans voix, mes pas se font naturellement, il sont assurés, convaincus, la seule porte présente la fois précédente est introuvable, perdue dans la multitude d'autres, je tourne sur moi-même. Des dizaines et des dizaines de portes se proposent à moi, tentantes, chacune faite différemment, plus ou moins dorées, plus ou moins colorés.

J'entre dans la plus proche dépourvu de dorures, brune mate, un cliquetis léger résonne à mes oreilles, je frissonne face à ce que je découvre, des cheveux gris en bataille et des yeux gris larmoyants, une voix presque cassé, c'est moi, moi qui pleure, je parlais de mon viol, de mon ex psychopathe, un vent de compassion me sert le cœur, ses émotions. 

Je ferme la porte et me dirige à travers les arbres vers la porte la plus coloré visible, elle est dans les ton violine, une fine dorure l'encadre et termine son chemin dans la poignée que je fait glisser entre mes doigts. Un son mélodieux s'en échappe, des battements de cœurs m'enveloppent,  deux cœurs. Il fait sombre mais c'est agréable, je ressens un profond désir, une puissante décharge parcours mon corps lorsque je nous voit, Peter et moi, sur le lit, en train de nous embrasser. Chaque émotions me foudroient sur place, du désir, de la passion, du besoin, du bonheur et le plus subtil et agréable de tous, l'amour. Je souris, presque émue. J'ai envie de rester mais je ne suis pas là pour cela, j'ai un but précis, un but donné, le savoir. Je referme la porte, délicatement, effrayée de casser ou d'abîmer le si profond équilibre créé dans son esprit.

Je me perd presque dans cette immense forêt, les arbres sont de plus en plus rapproché, je rencontre quelquefois des ronces, celles-ci se font de plus en plus présentes, l'épais nuage fait progressivement place à des feuilles mortes qui craquent sous mes pas, sous les feuilles, je devine un sol dur et j'angoisse à l'idée de voir à nouveau ce carrelage en damier. Plus j'avance, plus l'air se fait lourd, pesant, irrespirable, mes pas sont craintifs, hésitants. Le ciel est sombre, m'empêchant de voir les étoiles, mon ventre se tord. Je ne vois toujours pas de porte, rien, juste ce vide. Je marche sur quelques chose de creux, le bruit qu'il en échappe me le prouve, je m'arrête, et si ce n'était plus une porte, mais une trappe? Je m'abaisse, balaye d'un geste les feuilles, une trappe se trouve effectivement à mes pieds. Un vieux bois la constitue, du lierre sec l'entoure, aucune dorure, mais un filet de sang, forme une cicatrice, comme si la trappe se résorbait doucement, j'arrache avec hésitation le lierre, consciente de ce que cela signifie drastiquement: Je rouvre un peu ça cicatrice, son souvenir, son cauchemar. 

Le Yin et le Yang // Peter Hale-TWWhere stories live. Discover now