Chapitre 18

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- Je n'arrive pas à croire que je vais rentrer... Tout est passé tellement vite...

- Oui, mais j'aurais aimé que tu restes encore un peu...

- Oui, je sais... mais je reviendrai !

Le bord de la falaise se dessina devant nous.

- Je ne sais pas si tu reviendras, Wendy, tu as vus dans quel était tu étais ces derniers jours ? Si jamais ça t'arrive là-bas, tu n'auras pas assez de forces pour faire le voyage jusqu'ici.

- Mais je guérirais, comme pour ici.

- Je ne sais pas comment c'est possible, mais ça m'étonnerait que ça se reproduise une deuxième fois...

Nous nous assîmes, les pieds dans le vide. La distance entre l'eau et nous était impressionnante, et si jamais nous venions à chuter, ça serait légèrement douloureux...

- Mes frères ne t'ont pas posé de questions ?

- Par rapport... ?

- A mon état de santé.

- Ah...

Je repensai à tous ces moments où je les voyais, l'air très soucieux, me demander si Wendy allait guérir. C'était dur de leur mentir, et, j'aurais préféré qu'ils sachent la vérité...

- Si évidemment. Répondis-je enfin.

- Que leur as-tu répondu ?

Je plongeai mon regard dans le sien :

- Que tu étais malade.

Sa tête tourna légèrement. Elle pensait sûrement que je leur avais tout avoué.

- Tu leur as dis à propos de ma maladie ?

Je la regardai le plus sérieusement possible :

- Qu'est-ce que ça aurait fait sinon ?

Elle me regarda, son visage se décomposant au fur et à mesure.

- Comment as-tu...

Elle fixa devant elle et finit sa phrase :

- ... pus faire une chose pareille... ?

Elle m'aime semblait avoir du mal à réaliser. Bien sûr, je ne leur avais pas dit pour sa maladie, mais je voulais voir sa réaction si ça avait été le contraire.

- Je... je te faisais confiance...

Sa voix se brisait, et, quand elle rouvrit les yeux, je vis qu'ils étaient remplis de larmes.

- Tu peux me faire confiance. Assurai-je d'un ton doux.

- Mais non ! C'était mon secret...

Elle enfouit son visage dans ses mains sans pour autant pleurer.

- Je t'avais interdit de le dire...

Je m'apprêtai à poser ma main sur son épaule pour la consoler, mais je m'arrêtai en entendant la suite :

- Nous n'aurions pas du venir...

Ce fût comme une claque. Je reculai ma main et répondit d'un ton neutre :

- Pardon ?

Elle inspira et reprit :

- C'était une erreur de venir. A l'heure qu'il est, je serais sûrement déjà en route pour l'hôpital.

Maintenant, je sentis comme un coup de poing dans le ventre. La voix tremblante, je répliquai :

- Tu ne penses pas ça sérieusement...

Au fond de moi, j'espérais que ces paroles blessantes ne soient que le fruit de mon imagination.

- Si. Venir ici ne m'a rien apporté.

- Je t'ai donné de l'espoir !

- Tu m'as vendus du rêve ! Rétorqua-t-elle en se redressant et en me faisant face, les yeux rouges. Le rêve ne me sauvera pas ! Et toi... tu n'es qu'un personnage, Peter...

Mes yeux me picotèrent et je sentis ma gorge se serrer fortement.

- J'ai fais tout ce que je pouvais pour toi... pour tes frères...

- Je sais. Mais ça ne suffira pas. Nous allons rentrer, Michel, Jean, et moi. Tu nous oublieras... et nous aussi. Nous ne reviendrons plus jamais.

Sa voix tremblait, signe que me dire ça ne lui faisais pas plaisir, mais j'en n'avais que faire.

- Tu ne sais pas à quel point tu es blessante, Wendy.

Elle déglutit.

- Je dois l'être pour t'éloigner de moi, de nous.

- Pourquoi veux-tu m'éloigner de tes frères et toi ? Vous ne risquez rien avec moi.

- Certes, mais tu ne nous apprends pas la vraie vie, Peter. A Londres, on ne vole pas, on ne fait pas de la magie et il n'y a pas de pirate alcoolique qui vient chercher les problèmes tous les cinq matins. Mes frères et moi allons grandir, et nous allons devoir faire face à des problèmes que, j'imagine, tu n'as jamais connus.

Ma voix ce fit plus grave :

- Si, j'ai des problèmes. Tu ne les vois pas, c'est tout. Si tu n'accepte pas mon monde comme il est... tu n'as plus rien à faire ici.

Je me mis sur pieds et la regardai :

- Vas-t-en. Demande à Clochette de vous ramener, mais je ne veux plus vous voir. Tu veux que je vous oublie ? Alors considère que j'ai déjà fait.

Je baissai les yeux et ajoutai plus bas :

- C'était une erreur de t'aimer.

La déchirure dans mon cœur était indescriptible, et je fis tout mon possible pour la masquer, comme si je mettais une solide couverture de pierres dessus. Je relevai le menton et la toisai. Les larmes dévalaient ses joues, comme moi.

- Et, pour ta gouverne... je ne leur ai pas dis que tu étais malade, je n'ai pas dévoilé ton secret. Au revoir, Wendy.

Je l'entendis hoqueter de surprise tandis que je me retournai. Elle m'appela, réalisant sûrement l'ampleur de ses paroles, mais c'était trop tard. Je l'ignorai et entrai dans la forêt, ignorant ses appels. J'avais laissé libre court à mes larmes qui traduisaient toute la colère, la tristesse, la peur que je ressentais.

Au bout d'un moment, je n'entendis plus ses appels. Je m'apprêtai à soupirer de soulagement mais le hurlement que j'entendis m'en empêcha.

La Prophétie de Pan - Before the Begining [Préquel]حيث تعيش القصص. اكتشف الآن