In Bloom (Fanfiction)

Supernova (Acte 2)

(mais qu'est-ce que tu veux à la fin

je vais t'envoyer à l'hôpital si tu fermes pas immédiatement ta grande gueule

ferme ta gueule

ferme ta putain de gueule

me provoque pas ou tu vas le regretter

FERME-LA

je vais te faire ta fête sale pute

quoi, tu rigoles plus maintenant

t'aimes souffrir alors tu vas en avoir de la souffrance

arrête de pleurer putain ARRÊTE

arrête

ARRÊTE ARRÊTE)

.

.

Leurs premiers rapports avaient pourtant été tendus.

Lorsque, en début 2010, Marshall l'avait abordée pour une potentielle collaboration à sortir vers l'été, Robyn n'était encore qu'une gamine aux cheveux courts aussi blessée que blessante. C'était en effet son année noire, encore meurtrie de coups et d'injures que le temps, à ses yeux, n'effacerait pas, encore trop focalisée sur sa petite personne pour remarquer qu'elle causait la douleur des autres par un comportement primaire.

Elle avait pleuré. Beaucoup.

Elle s'était refermée sur elle-même.

Elle avait étouffé ses hurlements dans son oreiller.

Elle avait tu ses cauchemars tournant autour d'un beau visage d'ange et de poings fermés qui la cognaient en rythme.

Elle avait cessé de manger.

Elle avait commencé à boire.

Elle avait commencé à abuser sur la drogue en général. Pas au point de se sentir en manque, suffisamment pour être la plupart du temps high et mieux oublier.

Elle avait commencé à coucher tous les soirs. Pour effacer son odeur, pour reprendre le contrôle de sa peau encore mauve.

Elle avait commencé à hurler sur les gens qui lui prenaient la tête.

Elle avait commencé à hurler sur les gens qui cherchaient à l'aider.

Elle avait commencé à se détruire.

Elle avait manqué de peu de se détruire.

Alors, les premières jours du tournage, Robyn s'était montrée insupportable avec absolument tout le monde – jusque-ce que Marshall, le seul à ne pas être impressionné par ses caprices, la remette calmement à sa place.

Ulcérée, elle s'était rendue à grands pas furieux dans ses loges. Avait claqué la porte. Renversé les tables, piétiné les débris de verre, martelé le mur comme un punching-ball, jeté maquillage, miroir, cintres, arraché les affiches, donné des coups de pieds dans les chaises. Avait hurlé et hurlé comme une âme en peine, avant de se briser en sanglots nerveux, en violents et déchirants sanglots qui l'avaient poussée à se rouler en boule sur la moquette, à ne plus en bouger, poings serrés, visage vide.

Elle se trouvait toujours dans la même position trois heures plus tard, et Marshall était venu la trouver.

Il ne l'avait pas engueulée ni ne s'était moqué d'elle. Il lui avait juste assuré qu'il comprenait, qu'il avait agi de la sorte suite à la mort de son meilleur ami, mais qu'elle ne pouvait continuer de la sorte.

C'est injuste mais tu dois te relever maintenant. Sinon ta carrière est foutue.

Et ça l'avait réveillée.

Sur ce, ils étaient devenus amis.

.

.

(Je sais ce que tu ressens, Fenty – tu n'es pas seule.)

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« Sortez. Tous. » gronda subitement Eminem.

Aussi incertains les uns que les autres, la dizaine de techniciens s'échangèrent quelques regards étonnés avant de se lever de leurs positions différentes et abandonner le studio. Face à face, Marshall et Robyn se tenaient froidement tête. Si le rappeur paraissait difficilement se contenir, mâchoire crispée et poings qui se serraient puis se desserraient en boucle, la foudroyant du regard, la jeune femme, quant à elle, avait les bras croisés et élargissait ses grands yeux de chat en haussant un sourcil provocateur.

« J'espère que tu es en train de plaisanter ? »

« Que je sorte ou non avec Chris ne te regarde pas, Marshall. »

Il y eut un blanc. Puis Marshall éclata d'un rire malade.

« Ça ne me regarde pas ? ÇA NE ME REGARDE PAS ? J'ai passé des mois et des mois à te laisser pleurer sur mon épaule parce que je tiens à toi, à essayer de te changer les idées et te protéger de tout ce qui saurait te faire souffrir ! Des mois entiers ! Et toi, tout ce que tu trouves à faire, c'est te jeter dans les bras d'un connard ivrogne qui t'a confondu avec son punching-ball ! »

Droite et digne, Robyn n'abaissait pas les yeux.

« Arrête de hurler. »

« Tu veux... ? J'y crois pas, tu veux QUE J'ARRÊTE DE HURLER ? Tu sais quoi, Robyn ? Va te faire foutre, va baiser avec ton Chris jaloux et fous-moi la paix ! »

« Arrête... »

Elle tenta de lui saisir l'épaule, il se dégagea violemment et, sans même y réfléchir, la repoussa violemment contre un mur.

« CASSE-T... »

Avant même qu'il n'ait eu le temps d'achever sa phrase, le poing de la chanteuse entra en collision avec son nez. Il y eut un crac. Puis le sang jaillit en flot de ses narines, et le rappeur se laissa retomber en arrière sur ses fesses, ses mains enveloppant la fracture, trop stupéfait pour riposter.

« Oh mon dieu, je suis désolée... » marmonna Robyn en s'agenouillant à ses côtés pour examiner les dégâts. « Vraiment désolée... Mais je t'ai dit d'arrêter d'hurler, tu sais ce qui m'arrive quand on me hurle dessus... Et puis quand tu m'as frappé... Je suis désolée, je vais appeler quelqu'un... »

« Ne sois pas désolée. » rétorqua Marshall avec un petit rire surpris. « Je me suis emporté, il fallait que tu m'arrêtes d'une manière comme d'une autre. »

Avec un soupir mi-soulagé mi-agacé, Robyn l'enveloppa dans ses bras en reniflant un peu.

« Tu m'aimes bien quand même ? »

« ... Est-ce que j'ai sérieusement besoin de répondre à ça ? »

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« Pas mal comme air, non ? »

Songeuse, Robyn tapota son bic contre le rebords de la table. Puis un sourire, un de ces sourires rien n'appartenaient qu'à elle, tout aussi mystérieux qu'irrésistibles, tira la commissure écarlate de ses lèvres.

« J'adore. »

Un froncement de sourcils cependant hésitant.

« Tu es sûr que tu ne veux pas garder Bebe Rhexa dessus ? Sa voix colle parfaitement. »

En retour, Marshall releva lentement le nez du dossier qu'il venait de présenter à son amie et la fixa quinze secondes, la plongeant volontairement dans l'embarras.

« D'accord, je te l'accorde – Bleta a un joli timbre. Mais les paroles, la sonorité, l'âme de The Monster sont totalement toi. (Un rictus moqueur fendit lentement ses traits.) Et puis, tu sais combien chaque collaboration avec toi me rapporte... »

« Je ferais comme si je n'avais rien entendu. »