Partie 3

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Je me réveille avec une horrible douleur dans tout le corps. Ma vue est floue pour le moment, mais je perçois clairement le métal froid de la chaise sur laquelle je suis assis.

Un grognement m'échappe sous le tiraillement de mes pauvres muscles endoloris :

- Alors tu te réveille enfin ? J'ai bien cru que tu étais mort à force tu sais.

La voix semble venir de loin, mais je reconnais clairement le timbre féminin de celle-ci. Elle est agressive et semble en colère :

- Que... Qui êtes-vous ? Où suis-je ? je demande faiblement.

La vue me revient finalement et je distingue beaucoup mieux ce qui m'entoure. La pièce est petite, avec des murs faits de briques et éclairée par des torches en métal :

- Feren, c'est moi Ormë, tu ne me reconnais donc pas ?

Je tourne la tête vers mon interlocutrice. C'est effectivement une femme, avec la peau d'un noir de jais et des cheveux courts et hirsutes. Leur couleur est d'un rouge intense et brulants, tout comme ses yeux. Quelque chose dans ma tête qui me vient de je ne sais où, m'indique qu'elle est la représentation physique de la Colère :

- Tu... Tu es Colère ? je souffle d'une petite voix.

Elle hoche la tête pour me répondre et elle s'approche ensuite de moi :

- Alasseï disait donc la vérité quand il a affirmé que tu ne te souvenais de rien. C'est intéressant, et moi qui pensait qu'il mentait pour te protéger.

La mémoire me revient assez rapidement en entendant ses mots et je m'inquiète tout de suite pour Alasseï :

- Où est-il ? Est-ce qu'il va bien ?!

La femme me regarde avec un air étonné avant de soupirer :

- Tu te fais du souci pour lui alors que c'est toi qui es attaché à une chaise ? Tu ne serais pas un peu maso sur les bords Feren ?

Je réalise qu'elle a raison et j'essaie, par pur réflexe, de me libérer même si je sais que ça ne changera rien :

- Pourquoi je suis ici ? je demande en la regardant droit dans les yeux, je ne veux pas qu'elle croit que j'ai peur d'elle.

- Parce que Vilissë t'a capturé et qu'il veut pouvoir profiter de toi pendant que tu es entre ses mains.

- Et toi ? Tu l'aides ? Tu es avec lui ?

- Non, dit-elle d'une voix exaspérée, moi je viens juste te voir pour te dire adieu, vos querelles ne me regardent pas et j'ai autre chose à faire que de prendre partit pour l'un ou l'autre.

- Alors tu ça ne te fais rien que je meurs ? je demande avec l'espoir qu'elle change d'avis et me détache.

Colère hausse les épaules et s'adosse contre le mur en me regardant droit dans les yeux, j'ai l'impression de sentir le feu de son Péché me bruler de l'intérieur :

- Non, parce que si tu meurs, le Maître te remplacera tout simplement, c'est pour ça qu'on évite de s'attacher les uns aux autres. Nous savons que si nous disparaissons il créera un autre nous.

Je la regarde avec les yeux écarquillés, alors c'est tout ? Je vais mourir et je serais remplacé par un autre ? Cette idée me brise tout simplement le cœur car je sais que cela rendra Alasseï triste et je n'ai pas envie qu'il le soit :

- Mais alors... Pourquoi on est immortels si on peut mourir ? je demande en tentant de cacher les sanglots qui menacent d'exploser dans ma voix.

- Nous ne sommes pas totalement immortels, le temps n'a pas d'emprise sur nous ainsi que toutes les armes humaines. Cependant nous pouvons nous tuer entre nous, tout comme le Maître peut mettre fin à notre vie s'il le désire.

Ne pas succomberOù les histoires vivent. Découvrez maintenant