Le traître trahit, l'ami dénonce.

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La sonnerie de ma porte retentit, et je préféra laisser ma mère dormir plutôt que de la réveiller pour qu'elle y aille à ma place. Surtout que dès que j'ouvris la porte, je me fis agresser verbalement. C'était Anne.

- C'était toi !! Je suis certaine que c'était toi qui a essayé de nous cambrioler hier soir !

- Quoi ? Tu viens chez moi avec toute ta clique pour m'accuser d'un truc que je n'ai pas fait ?

- Je suis sûre que c'est toi !

- J'étais ici ! Je dormais ! Jusqu'à trois heures du matin, où je me suis rendue à l'hôpital.

Elle avait les larmes aux yeux, mais j'ignorais si c'était des larmes de rage ou de tristesse... Ou même de joie.

- Vous pouvez y aller ? Vous allez être en retard, sinon...

Médusée par cette demande, sa clique ne savait que faire et ne bougeait plus.

- MAINTENANT !, ordonna-t-elle, jouant le jeu à fond et se retenant de verser ne serais-ce qu'une larme.

Et, pendant qu'ils s'éloignaient, Anne et moi nous retrouvâmes seules, sans parler.

J'entendis derrière moi les escaliers craqués... Elle avait réveillé ma mère.

- Beverly, je sais que toi et moi, on ne s'est jamais entendu. Je sais que quelqu'un a tenté de voler quelque chose chez moi... Je sais que tu es au courant. J'ai effacé les traces de cette personne - qui quel soit - avant l'arrivée de la police...

- Pourquoi aurais-tu fait ça ?

- Laisse-moi finir, tu veux ? Je sais que mes parents ne sont pas des anges... Je sais que tu... enfin vous essayez de les arrêter pour dissimulation de preuves. Je m'en fous, de ça, promis ! Mes parents ne sont jamais là pour moi et je préférerais aller vivre chez ma tête à Philadelphie, avec mes cousins... Je veux juste... Je veux qu'ils soient punis.

- Punis ?

- Pour garder leur réputation, ils sont devenus ceux contre qui ils se battaient. Ils ont laissé des meurtriers, des malfrats en liberté pour prouver qu'ils avaient raison de les défendre.

- Tu peux le prouver ?

- Je pense, oui.

- Et tu pourrais témoigner ?

- Contre mes parents ? Sans aucun doute...

- Tu ne te sentirais pas un peu coupable ? Ce sont... Ce sont tes parents.

- Non. Mes parents étaient des gens bien. Pas eux. Eux, ils font le mal. Alors oui, je suis prête à témoigner au procès. Depuis des mois, je n'ai qu'une envie : aller vivre avec ma grand mère.

Son regard ne mentait pas. Elle était déterminée à les faire tomber, à venger tout ces gens qui n'avaient pas eu le droit à la justice.

- Il faut que tu ailles voir la police. Ils sont déjà au courant pour la planque.

- Je savais bien que tu y étais pour quelque chose... Merci.

J'avais le sensation de me revoir à travers elle. Un peu.

Et, pendant qu'elle replaçait ses cheveux, elle déclara :

- Il faut que j'y aille. N'oublie pas, on ne s'est jamais parlé comme des amis. Je suis une traîtresse. On se voit au lycée ?

- Je ne viens pas aujourd'hui.

- Bonne journée, dans ce cas !

Elle s'éloigna et monta dans la voiture de Trent, qu'elle embrassa avant de s'installer bien confortablement et de hurler :

- LET'S GO, BABY !

Et, alors que je fermais la porte, ma mère apparut derrière moi.

- Qu'est-ce que c'était ?

J'ai sursauté, puis on a éclaté de rire, vu ma réaction démesurée.

- Rien, Maman. Je découvre juste les vrais visages des gens.

- Comme celui de Craig ?

Je me suis sentie rougir. Plus que ça, même : je devais avoir l'air d'une tomate.

- La prochaine fois que tu embrasses quelqu'un, cache-toi au moins de ton père. Il a bien faillit péter un câble.

- Et toi ?

- Moi ? Je me suis dis que je ne voulais plus avoir de secrets lorsque je suis avec toi.

- Alors... on va faire une sorte d'action ou vérité sans actions ?

- Si c'est comme ça que tu le vois. Quelle est ta première question ?

- Le père de James.

- Ce n'est pas une question.

- Que lui est-il arrivé ? Il était comment ? Il s'appelait comment ?

- Il s'appelait Brandon. C'était un genre de bad-boy classique. On était très amoureux. On avait décidé de gardé James, mais mon père refusa. Quand il me demanda ce qu'il s'était passé, et que je lui avoua, il alla voir mon père pour réclamer notre fils.

- Et alors ?

- Disons que ton grand-père n'était pas quelqu'un de bien, même s'il voulait que je réussisse.

- Comment ça ?

- Il n'a pas supporter un tel manque de respect. Il lui a tiré trois balles. Il est allé en prison pour meurtre, et il y est mort.

Ma mère avait du mal à parler de vieux souvenirs comme celui-là, elle respirait difficilement.

- Et moi qui me disait que je n'avais pas de chances.

- Oh, ma chérie, je suis tellement désolée de tout ce que je t'ai fait subir, crois-moi, je t'en prie...

- Maman, je sais... Mais j'ai encore une question.

Elle toucha son ventre, comme pour se rassurer, puis attendit que je crache le morceau.

- James est au courant ?

Elle hocha la tête en faisant un petit sourire en coin.

- Oui, je lui ais dit...

- En parlant de James... Quand arrive-t-il à la maison ?

- Je pense que l'on va devoir aller le chercher.

Elle se leva et m'apporta un bol de céréales tandis qu'elle finissait la pâte à tartiner... à la cuillère et sans pain.

- J'appelle l'hôpital juste après, comme ça, on sera fixé.

****

Il y a quelques jours.

- James, mon chéri.

Les parents adoptifs de James venaient de franchir le seuil de la porte, les larmes aux yeux.

Ils s'approchèrent de lui, prudents, puis le prirent dans les bras.

- Oh, tu nous as tellement manqué !

- Vous aussi.

- Tu nous as fait une frayeur, mon grand ! Heureusement que ton amie nous a appelé pour nous dire que tu acceptais que l'on vienne !

- Mon amie ?

- Oui, Beverly.

- Ce n'est pas mon amie, Papa. C'est ma demi-sœur.

- Ce qui explique pourquoi elle a le même nez que toi., plaisanta sa mère, si heureuse.

- Tu reviens à la maison ?

- Et bien avant, je vais passé quelques jours chez ma mère, son époux et Beverly, pour... pour faire connaissance sans faire de crise. Ensuite, je reviendrais à la maison... Est-ce que je pourrais garder le contact avec eux ?

- Bien sûr mon grand ! Ça me semble même être une très bonne idée !!

- Je vous aime.

- Nous aussi, mon chéri. Nous aussi, on t'aime.

Les secrets de Beverly AbbottWhere stories live. Discover now