Chapitre 12

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L'après-midi de ce même jour fut consacré à un premier et long shooting photo devant l'Hôtel du Crion et les bijouteries de la place Vendôme. Pour cela, je portais deux robes de soirée Valentino en fin tissu de soie rouge pour l'une, verte pour l'autre, et une combinaison de cuir noir Ferragamo. Les vêtements étaient formidables et Thomas se montra adorable avec moi. Il me disait quelle pose prendre, comment accentuer mon déhanché ou encore comment mêler l'attitude sensuelle au regard fière. Lorsque nous arretâmes, il étaient 5h30. J'avais encore le temps de prendre une douche, de me préparer et même peut-être de dîner. J'avais décidé que je ne me rendrais au rendez-vous fixé par Gonzague qu'à partir de 10h. De toute façons, si il voulait vraiment me voir, il attendrait indéfiniment ! Et puis, comme il n'avait pas donné de signe de vie pendant un mois, j'avais bien le droit, à mon tour, de me faire désirer! Je rentrais donc à mon hôtel avenue Hoche et me laissait couler un bain tout en commandant mon dîner. À 9h, j'avais dîner et j'était propre et maquillait de far à paupière noir, avec un trait de crayon et un bonne couche de mascara. J'avais pour intention d'arriver à mon rendez-vous en mode rebelle, pour qu'il pense qu'il ne me faisait pas peur et que j'était venu plus par formalité que par envie. (Bien que ça ne soit pas tout à fait exact). Je m'habillait donc d'une chemisette fine, blanche et ample, avec une jupe courte noir et moulante avec des collants de voile sombre. J'enfilais ensuite mon perfecto de cuir noir et mes bottines à talons de la même couleur. Enfin, j'attachait mes cheveux en un chignon lâche et bas. Je me regardais dans le miroir : c'était relativement provocant mais l'effet "vas-te-faire-fouttr*-connar*-ou-supplie-moi-à-genou" était réussi. Je pris ma pochette Channel en velours noir et me postais devant la porte. 9h40. Il ne fallait pas que je parte déjà, le trajet en taxi ne durait que 10 minutes! Une longue discussion entre ma cervelle et mon cœur s'en suivirent (oui oui j'ai les deux, n'est-ce pas merveilleux? ok je me tais.) Le premier me disait d'attendre; que j'avais bien le droit de le faire patienter indéfiniment; que j'aurais, à la condition qu'il patiente longtemps, une preuve de sa bonne foi; que de toute façon, il l'avait bien cherché et que c'était mon tour de me faire désirer... Le second, lui, me suppliait d'abréger la torture; il se moquait de moi parce qu'il savait bien que je mourrait d'envie de passer cette fichu porte, de prendre le premier taxi qui passerai et de rejoindre Gonzague en courant comme une folle et en même temps, il s'étonnait de ma resistance. Je devais garder le contrôle. Mais lorsque ma resistance fut à bout, je me décidait à écouter mon cœur. Je regardais une dernière fois l'horloge de mon iPhone. 9h57. Leur discussion avait duré plus longtemps que prévu et j'était restée devant la porte, bras ballants et yeux dans le vide, pendant ces 17 minutes. Je soufflais un coup et sortis. Lorsque le taxi démarrat, il était 10h passée et j'affichais un grand sourire niais à l'idée de le revoir. Je sortis du véhicule et marchais dans les allées sombres des Tuileries. Je dois avouer que je n'était pas franchement rassurée lorsque j'avancais seul dans la pénombre des heures véspérales. C'est alors que je le vis. Accoudé à une rambarde de pierre, il était de profil et ne m'avais pas encore vu. Ses adorables cheveux d'ébène caressait son visage et il semblait avoir perdu son regard dans la splendeur du Paris nocturne. Je m'approchais à pas de loup, me refusant à casser sa réflexion. Quand je ne fus plus qu'à un mètre de lui, j'osais briser le silence :

"- Gonzague"

Il se retourna soudainement.

"- Alors tu es venu...

- Oui.

- Je craignais que tu n'accepte pas de venir m'entendre. J'avais peur que tu ne veuilles plus me voir.

- C'était encore le cas ce matin.

- Qu'est ce qui t'as fait changer d'avis?"

Je réfléchis un instant. Je ne voulais pas lui révéler que c'était parce qu'il m'avait atrocement manqué. 

Larmes et splendeurWhere stories live. Discover now