Chapitre I

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Kaïvea était un petit village perdu dans une des nombreuses forêts de l'Averda, isolé de tout, et ancré si profondément dans la nature que même les habitations étaient dans les troncs des arbres aménagés avec soin par les Changeant-Loups.

Mais Kaïvea n'était pas oublié du reste de l'Averda, il avait sa propre petite renommée qu'il devait au fruit lui ayant donné son nom. A l'aspect légèrement ovale, plus ou moins gros et aux multiples couleurs en fonction du sucre qu'il contenait, il agrémentait pratiquement tous les plats des villageois et ils se vendaient comme des petits pains aux divers marchés du pays.

Les kaïveas étaient donc une fierté et la préoccupation principale de tous les villageois, enfin presque tous. Une jeune mère a la longue chevelure argentée, aux yeux d'ambre et au fin visage se rendait à la poste comme depuis maintenant trois semaines, avec l'espoir que le courrier tant attendu soit enfin arrivé.

Ses deux jeunes petites, Kaamy et Safi, venaient d'avoir 3 ans, l'âge pour elles de rejoindre l'École, et comme tous les parents de l'Averda, elle avait réclamé comme premier choix la prestigieuse École de Lur-Wann, la Capitale. Elle espérait de tout son cœur que ses deux filles avaient réussi les tests et qu'elles seraient reçues.

Dans sa précipitation, elle n'avait, une fois de plus, pas préparé le petit-déjeuner, ce que Kaamy constata en maugréant et, dans des gestes colériques, prépara avec une mauvaise fois évidente ses tartines à la confiture à base d'un certain fruit. Kaamy soupira, elle ne pouvait pas en vouloir à sa mère, il était naturel qu'elle s'inquiète du bien-être de sa progéniture, mais de là à les abandonner avant même qu'elles soient levées en les laissant en plan, tout ça pour que Fougère lui répète pour la millième fois d'une patience qui défiait l'infinie ;

« Désolée Crécerelle, toujours pas, reviens demain ! »

Et Crécerelle revenait à la maison, les oreilles pendantes, et s'excusait auprès de ses filles (de Kaamy surtout) du petit-déjeuner qu'elle n'avait, encore une fois, pas pris la peine de préparer.

Safi descendit à son tour, manquant de tomber dans l'escalier en marchant sur un pan de sa chemise de nuit beaucoup trop longue pour elle. Ses longs et magnifiques cheveux blancs cachés tout son visage, mais ça n'avait pas l'air de la déranger, ni de l'empêcher de voir. Kaamy, elle, possédait les cheveux argentés de sa mère. Sa peau avait un teint légèrement halé, contrairement à sa sœur qui était d'un blanc si pur que cela lui conférée une innocence charmante, et ses yeux bleus, aussi profonds qu'un océan, qui ferait des ravages parmi la gente masculine, lui avait été hérité de son père.

Safi murmura d'une voix ensommeillée.

« Maman n'a pas encore fait le petit-déjeuner ?

_ Non, elle est partie guetter notre lettre d'admission.

_ Oh. »

Safi prit place en face de sa sœur et se prépara elle aussi une tartine, mais en faisant des gestes beaucoup plus lents et énervants aux yeux de Kaamy. Ce genre de gestes qui ne fait que grandir l'anxiété, cette lenteur était tout simplement insupportable.

« Tu crois que l'on sera admise à l'École de Lur-Wann ? Demanda la petite en mettant une de ses mèches blanches derrière son oreille.

_ J'en sais rien. Elle est très demandée cette École, moi j'ai envie de te dire que oui, mais c'est pas moi qui décide. » Édulcora-t-elle d'un geste de main.

La petite se souvint pendant un bref instant de l'examinateur qui avait été envoyé par le Gouvernement au mois de Juin pour faire passer différents tests aux petits du village ayant 3 ans.

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