Moi l'ange déchu et toi mon ange gardien (TERRAINK ONE-SHOT)

Moi l'ange déchu et toi mon ange gardien

Si je devais me décrire, je dirai que je suis asocial, instable comme gars, je peux passer du rire aux larmes en une fraction de secondes... J'aime pas les gens, c'est peut être pour ça que je fais des vidéos sur internet, seul dans mon appart qui ressemble plus à une cellule de prison qu'à autre chose, il n'y a qu'une seule personne que j'aime et qui ne me déteste pas en retour. C'est Damien, bien sur que vous le connaissez, à quoi bon le présenter, c'est mon collègue, mon partenaire, mon jeu vidéo, mon prince de la charcuterie.. J'crois que c'est bien la seule personne qui cautionne encore mon existence sur cette planète. Je me sens si seul, si fragile, si impuissant, si vulnérable à ce manège infernal et incessant qui tourne inlassablement autour de moi, j'en ai assez de tous ces gens qui vont trop vite sans regarder devant eux, de cette foule grouillante aux mille visages indissociables, de l'obscurité de mes journées, de la froideur de mes nuits, de la solitude qui environne mon quotidien, parce que oui bien sur je suis célibataire. Ma copine m'a quitté après mon aveu en live de ma bissexualité, quelle vie de merde, quel monde de merde... La dernière chose qui me rattache à la réalité c'est lui, c'est le Wankil, c'est cette petite étincelle de bonheur dans les désespoir de mon existence, c'est la seule chose que me motive à me lever le matin, sans ça, j'aurai déjà sombré dans un sommeil éternel sans rêves.. Damien sait très bien dans quel état je me trouve, le pauvre il peut être plus inquiet pour moi que moi je ne le suis... Mais c'est bien ça le problème, j'ai un ange gardien qui ne voit pas que moi je suis un ange déchu. Il essaie de me rattraper dans ma chute sans fin, et moi, moi j'essaie de me raccrocher, mais c'est si difficile, je doute que quelqu'un s'en soit rendue compte mais je suis à bout, physiquement, psychologiquement je n'en peux plus de vivre, c'est pitoyable hein ? Bah c'est comme ça, qu'est que j'y peux moi d'être une sous-merde, qu'est ce que j'y peut d'être différent, d'être aussi faible face aux atrocités du monde ? Qu'est ce que je peux y faire désormais, c'est beaucoup trop tard pour changer, j'en ai juste assez de faire semblant. J'ai besoin de ressentir autre chose que cette dépression, j'ai besoin de toutes ces choses qui marque un esprit à jamais, de ces sensations qui font vibrer les tréfonds de l'âme humaine, j'ai besoin d'être sortie de ces ténèbres, que quelqu'un rallume ma lanterne, me guide hors de la pénombre, me fasse revoir peu à peu les couleurs de la vie, me refasse gouter aux plaisirs tout simples d'une ballade à vélo pendant de longues heures dans la forêt, des caresses qui veulent tout dire, des mots doux chuchotés au creux de l'oreille qui rassurent, qui apaisent, j'ai besoin de me sentir vivant à nouveau, j'ai besoin de sentir mon coeur battre pour un but. Et cette personne qui peut m'apporter tout ça, bien évidemment que vous savez qui c'est.. C'est con hein ? De tomber amoureux de son meilleur ami, au point de s'en rendre malade.. Alors ouais c'est stupide de garder ça pour moi, vous vous dites certainement que je devrai me bouger le cul, lui avouer, tout, sur un coup de tête, comme ça, sans réfléchir.. Ahaha.. Si c'était si simple.. C'est tout sauf simple... J'ai essayé, je vous le jure.. J'y arrive pas, j'ai si peur de le perdre, qu'il me juge, me traite de pd, m'insulte, j'ai si peur qu'il le prenne mal, de briser notre amitié.. C'est ridicule je sais. En tout cas si je repense à tout ça, là, à ce moment précis, c'est que l'homme que j'aime est en train de tambouriner à ma porte, il s'acharne sur la sonnette depuis déjà une bonne dizaine de minutes, et moi je suis pétrifié sur place, incapable de faire le moindre mouvement. Je fais peur à voir, si j'ouvre il va s'inquiéter pour ma santé, encore, il va vouloir que je consulte un médecin, un psy même.. Oui mais.. J'ai tellement envie de le revoir, ses beaux yeux semblables à un lagon bleu limpide, j'ai besoin de sentir ses grands bras rassurants autour des miens, j'ai besoin qu'il me serre contre lui à m'en briser les os, qu'il me raccroche un peu à lui, me transmette une infime partie de sa joie de vivre.. Ah il hurle mon prénom maintenant.. Il va finir par ameuter tout l'immeuble cet abruti.. Bon je crois que j'arrive à marcher... Putain je tremble comme pas possible, bordel mais ressaisis toi Thomas ! Ma main est posée sur la poignée, je n'ai qu'à déverrouiller la serrure, j'arrive même plus à me concentrer tellement je suis terrifié... J'entend le déclic, la poignée me glisse des mains, la porte s'ouvre en grand, je ne bouge même pas, seul mes tremblements persistent.. Il est devant moi, sa peau est rougie, ses yeux aussi, il a pleuré, lui aussi il tremble mais pas pour les mêmes raisons que moi.. Il a l'air à la fois soulagé de voir que je suis vivant, mais à moitié, il voit bien que je ne suis plus que l'ombre de moi même, j'imagine bien comment je dois lui faire de la peine. Il ne dit rien, il me dévisage, de nouvelles larmes se forment aux coins de ses yeux.. Damien, mon pauvre Damien je suis tellement désolé pour tout ce que je te fais endurer. Tu oses enfin t'approcher de moi, combler la distance qui nous sépare, tu poses tes mains sur mes épaules frêles, elles glissent dans mon dos, tu m'attire contre toi, moi je n'attend que ça, sentir la chaleur de ta peau à travers tes vêtements, je m'agrippe à toi comme une bouée de sauvetage, tu reviens enfin me sauver mon petit ange.. Tu pleures, j'entends tes sanglots, tes larmes dévalent lentement tes joues et viennent s'échouer sur le tissus de mon t-shirt. Moi aussi je pleure, en silence, j'essaie juste de ne pas en montrer trop.. Mais au fond de moi si tu savais comme je souffre, ton visage est si proche du miens, je rêve tant de pouvoir toucher tes lèvres, les effleurer ne serait-ce qu'un instant, savourer un peu leur gout sucré, me délecter de leur douceur, je voudrai que tu passes ta main dans mes cheveux, que tu prennes ma vie pour en faire quelque chose de mieux.. Tu essaies de me parler, tes mots semblent vouloir restés coincés au fond de ta gorge.. Je remarque qu'on est encore dans l'encadrement de ma porte, il y a même des gens qui attirés par le bruits nous regardent de leurs yeux de vautours. Je te t'attire doucement à l'intérieur et referme la porte derrière toi. Toi, tu n'as pas boudé d'un pouce, tu continue de me serrer danses bras comme si ta vie en dépendait, et moi je ne sais pas quoi te dire, si je le sais, c'est juste que c'est impossible, invraisemblable, c'est irraisonné, impensable.. et pourtant c'est la vérité, mon amour pour toi est aussi dévastateur qu'un ouragan, une tempête incontrôlable qui tourbillons dans mes entrailles et qui a besoin d'être enfin libérée.