La mystérieuse disparition du Choixpeau magique

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Au premier étage d'une boutique d'antiquités magiques du Chemin de Traverse, un jeune homme se tortillait nerveusement sur un banc capitonné d'une salle d'attente. Dans son costume marron quatre pièces tiré à quatre épingles, et ses chaussures soigneusement cirées, Arthur Doyle n'en menait pourtant pas large. Attrapant d'un geste vif sa belle canne au pommeau sculpté dissimulant sa baguette, le jeune homme au nez pointu et au maintien qui trahissait une belle naissance, marcha d'un air décidé vers la porte de l'atelier, avant de se raviser. On lui avait bien spécifié de ne pas déranger le délicat travail en cours.

Mais quelle idée avait-il eu d'accepter d'amener le Choixpeau magique pour un rafistolage ? La jour de la rentrée, qui plus est ! Son premier jour comme professeur de défense contre les forces du mal !

Il avait accédé de bon cœur à la requête la directrice, Minerva McGonagall. Pour être bien vu, sans doute. Mais à présent qu'il attendait depuis des heures que le père de Madame Guipure en eût terminé, Doyle pensait que cela avait été une pure folie. Il pourrait rater le train, l'artisan pourrait abîmer le Choixpeau, ou pire, Doyle pourrait le perdre sur le chemin du retour !

Il fit les cent pas quelques minutes encore, avant que la porte de l'atelier ne s'ouvre. En sortit un vieillard coiffé d'un chapeau ubuesque en forme de tête de canard étranglé par un serpent. Avec sa robe de couleur rose fluo et sa tête rentrée dans ses épaules, l'homme n'inspirait pas confiance. Mais c'était bien à lui qu'on avait confié la réparation d'un des objets les importants de Poudlard, l'école de sorcellerie.

– Tout s'est bien passé, annonça l'antiquaire.

– Quand pourrais-je le récupérer ? Demanda Doyle en se passant une main dans ses longs cheveux roux. C'est que le Poudlard Express est à 11 heures, vous comprenez.

– Oh, je vous le remets dans son sac et il est à vous ! Mais... Me permettez-vous une question ?

– Je vous en prie, Monsieur.

– Comment ces déchirures se sont-elles produites au juste ?

– La directrice McGonagall l'ignore. Il semble qu'ils aient retrouvé le Choixpeau par terre, mutilé, très tôt ce matin, juste avant mon entretien final. Ils soupçonnent un doxy...

– Ah oui ? Et il n'a pas eu de témoin, parmi les tableaux ?

– Pensez-vous ! Ils étaient tous soit endormis, soit partis. Albus Dumbledore dit n'avoir vu que le Choixpeau tomber subitement, de là où il est. C'est d'ailleurs lui qui a évoqué la possibilité d'un doxy. Apparemment, il en chassait de son bureau, parfois, en son temps.

– Bien, d'accord...

– Excusez-moi, mais pourquoi cette question ? Vous avez bien reçu le billet que je vous ai transmis par hibou express, n'est-ce pas ?

– Bien sur, mais, en le réparant, j'ai eu la vague impression que ces mutilations étaient volontaires, et autonomes.

– Pardonnez-moi, mais c'est insensé ! Comment, par la barbe de Merlin, un vieux chapeau pourrait-il s'infliger lui-même de telles blessures ?

– Je sais, n'est-ce pas ! La sénilité me gâte, que voulez-vous. Enfin bon, il est fin prêt pour s'égosiller et répartir nos marmots.

– Je vous remercie bien monsieur Guipure ! Combien je vous dois ?

Après avoir payé ses cinquante gallions d'or et récupéré le sac de cuir qui contenait le précieux Choixpeau, Doyle dévala les escaliers, traversa à grandes enjambées la boutique de Madame Guipure, et s'élança dans le Chemin de Traverse, en direction du Chaudron Baveur. Il ne lui restait que quelques minutes pour rejoindre la gare de King's Cross et attraper le Poudlard Express.

La mystérieuse disparition du Choixpeau magiqueWhere stories live. Discover now