Somniloquie (partie 4 FIN)

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Après avoir entendu la voix, je me suis immédiatement retourné. Il n'y avait rien derrière moi, mais je me suis quand même dépêché de descendre. Cette voix étrange, en plus de renforcer ma phobie des greniers, m'a vraiment foutu les jetons. Je ne pouvais plus supporter de rester seul dans cette maison.
J'ai à nouveau appelé John, et l'ai supplié de venir m'aider. Je lui ai assuré de couvrir les frais du trajet. Il était d'abord réticent, sachant qu'il devrait passer la nuit chez moi, et prendre sa journée. Mais finalement sa curiosité l'a emporté, et après réflexion, il a accepté de venir.


Je l'ai attendu, patiemment, en essayant de ne pas paniquer. Chaque petit craquement de la maison m'alarmait, à tel point que j'ai fini par aller dans ma voiture.


Rassuré dans cette dernière, je ne pouvais m'empêcher d'examiner ma maison. J'ai commencé à me poser des questions, du genre : « Est-ce qu'elle est hantée ? », « Est-ce que les fantômes existent vraiment ? », et ma préférée : « C'est ça qu'est devenue ma vie ? ». Bien que les questions étaient rhétoriques, je connaissais les réponses. Alors que je fixais la maison avec désespoir, j'ai remarqué quelque chose du coin de l'œil.


C'était une silhouette, debout à la fenêtre du grenier.


Bon sang. Qu'est-ce que c'est que ce bordel. Qu'est-ce que je fais ?


C'est tout ce qui m'a traversé l'esprit après avoir vu la sombre silhouette. Après un petit temps, cette dernière s'est éloignée de la fenêtre, hors de ma vue. Une fois partie, j'ai pris le temps de réfléchir pendant quelques minutes.


Puis dans un élan de courage, j'ai choisi de retourner dans la maison, et au grenier. Dingue, je sais, mais c'est ma maison, et il fallait que je montre à cette chose que je n'avais pas envie de rentrer dans son jeu, même si j'étais terrorisé. D'ailleurs, John m'aurait tué si je n'avais pas suivi ce foutu truc.


Confiant mais toujours tremblant, je me suis rendu au grenier. J'ai ouvert la porte avec force, sans hésiter, et j'ai pénétré à l'intérieur d'un pas ferme, comme si je possédais l'endroit. Après tout, c'était le cas. Il n'y avait pas trace d'une silhouette fantomatique, mais j'ai remarqué une subtile odeur de cire de bougie. Pas bien sûr de la bonne marche à suivre, j'ai commencé à parler d'une voix forte et ferme.


« Ce n'est pas votre maison. Je suis fatigué de vos jeux à la con, esprit. Je vous demande de partir sur-le-champ ! »


Je savais que ça n'allait pas marcher, mais c'était presque cathartique. Ça me faisait vraiment du bien de riposter. J'ai fait le tour du grenier, satisfait, en pensant que j'avais vaincu ma peur. Ma gloire fut de courte durée.


Peu après mon petit discours, une rafale de vent a traversé le grenier et m'a frappé comme un bus. Ça m'a presque renversé. Je savais que c'était l'œuvre du fantôme. J'ai essayé de tenir bon, mais j'étais franchement effrayé à ce moment.


J'ai observé impuissant tout le bazar du grenier s'envoler pour former une sorte de tornade de souvenirs. J'allais partir, quand j'ai remarqué quelque chose qui n'avait pas bougé d'un pouce. C'était le livre de sorcellerie que j'avais déjà vu avant. Au moment où je l'ai remarqué, le vent s'est inexplicablement arrêté, et tout est retombé d'un coup au sol. Je me suis avancé jusqu'au livre, curieux de savoir pourquoi il n'avait pas bougé. Alors que je m'en approchais, il s'est ouvert de lui-même. C'était surprenant, mais pourtant je n'y ai senti aucune malveillance. Je commençais à me dire que le fantôme voulait vraiment communiquer avec moi.


La page sur laquelle le livre s'était ouvert était un sort. C'était entièrement rédigé en latin, mais de ce que je pouvais en comprendre, ça avait un rapport avec de la culture de plantes. Désorienté, j'ai demandé de l'aide au fantôme.


« Qu'est-ce que vous voulez que je fasse ? »


Après avoir posé la question, la porte du grenier s'est refermée violemment. J'en ai conclu qu'il voulait que je récite le sort dans le grenier. J'étais toujours désorienté, mais j'étais calme... Je sentais que j'aidais l'esprit d'une certaine manière.


Avant que je ne puisse lire le livre, mon téléphone a sonné. C'était un texto de John :


« Vraiment, vraiment désolé. Je peux pas venir. Mon patron ne me donne pas ma journée demain, et je ne suis pas certain que ma voiture puisse tenir un aller-retour. J'ai besoin de nouveaux pneus, et je ne pourrai pas les acheter avant vendredi. Rappelle-moi à ce moment-là et je verrai ce que je peux faire. Bonne chance. »


Merde.


Même si je ne paniquais plus, c'était toujours rassurant de savoir que quelqu'un arrivait chez moi, juste au cas où les choses tourneraient au vinaigre. Ça ne me plaisait pas, mais j'étais seul. Je l'ai accepté, et me suis à nouveau concentré sur le livre. Il était temps de lancer le sort.


J'ai raclé ma gorge, et commencé à réciter ce qui était marqué dans le livre. J'avais fait du latin à la fac, et même si je ne me souvenais pas de tout, j'en savais assez pour le prononcer correctement. Enfin je trébuchais quand même sur certains mots parfois, ce qui m'a obligé à recommencer quelques fois. Je voulais le faire bien, surtout si c'était vraiment ce que voulait le fantôme.


Après l'avoir récité parfaitement, la porte du grenier s'est ouverte. Je suis sorti en tenant le livre, me demandant si c'était fini. Arrivé au bas des marches, il est devenu rapidement clair que ça ne l'était pas. La porte de la cave était grande ouverte.


J'étais en territoire inconnu, suivant les directives d'un fantôme, et espérant que je les suivais bien. Voir la porte de la cave ouverte m'a convaincu que je devais également y réciter le sort. Je n'étais pas encore certain de la raison, mais je sentais que c'était la volonté de l'esprit. Par conséquent, je me suis exécuté.


Je suis descendu à la cave avec le livre et j'ai allumé les lumières. Un rapide coup d'œil révéla que j'y étais seul, et qu'il n'y y avait aucune porte. Je me suis raclé la gorge à nouveau, et j'ai commencé à réciter le sort, mots pour mots. Honnêtement, j'étais excité. Réciter ce sort me donnait l'impression que je faisais quelque chose pour mon problème de fantôme, et que ça pourrait réellement l'apaiser. Cette fois, je l'ai bien dit du premier coup.


Alors que je finissais le sort, la maison s'est mise à trembler. Quand je dis la maison, je veux dire toute la maison, la cave et tout le reste. Je n'avais jamais vécu de séisme avant, mais ça semblait être la seule explication logique à ce qui se passait. Ce n'est qu'en balayant la pièce du regard au milieu de ce bordel que j'ai compris : c'était le sort.


Là, sur le mur du fond, tremblant avec le reste de la maison, il y avait la porte du grenier. Je me demandais si c'était le sort qui l'avait invoquée, tout en faisant trembler la maison. La secousse a fini par s'arrêter, et je me suis retrouvé seul avec la porte, ce qui confirmait mon hypothèse. J'ai attendu une minute ou deux, pensant que la porte s'ouvrirait d'elle-même, mais ce ne fut pas le cas. Il semblait que je devais l'ouvrir moi-même. Ça ne m'enchantait pas, mais j'étais allé trop loin pour reculer.


J'ai pris mon courage à deux mains, et me suis avancé vers la porte. Je l'ai ouverte, sans peur, comme je l'avais fait en haut. Derrière se trouvait une surprise.


C'était le grenier. Le grenier, d'en haut. Tout était identique, sauf qu'il y avait un homme qui se tenait à la fenêtre. En m'entendant ouvrir la porte, il s'est retourné. Ses yeux se sont écarquillés en me voyant. Il a couru si vite dans ma direction que j'ai à peine eu le temps de reculer d'un pas.


L'homme s'est précipité dans la cave à travers la porte. Il s'est retourné et l'a refermée immédiatement, en prenant soin de verrouiller le pêne. Il s'est tourné vers moi, m'a pris par les épaules, et m'a regardé droit dans les yeux. J'étais perplexe et j'avais peur pour ma vie. Puis il a parlé.


« Merci, merci, merci, merci. Merci infiniment ! »


Après m'avoir exprimé sa gratitude, l'homme m'a lâché et s'est précipité en haut, mais non sans se retourner une dernière fois pour me donner un conseil.


« Quoi que tu fasses, ne va pas là-dedans ! »


Il m'a indiqué la porte du grenier, avant de sortir de la cave. J'ai couru après lui, pour lui poser quelques questions, mais quand je suis remonté, il n'était plus là. Ma porte d'entrée était ouverte, et je pouvais le voir courir sur la route mal entretenue qui menait à la ville.


Et c'était tout. J'ai dormi la nuit dernière sans bruits ni problèmes paranormaux. J'ai même mis en place les caméras et le dictaphone pour être sûr. Ils n'ont absolument rien donné. Je ne sais pas ce qui s'est passé, mais je suis sûr d'une chose. L'homme qui est sorti de derrière la porte du grenier n'était pas un fantôme.


C'était une personne vivante, en chair et en os.

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