Chapitre 16.

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Dire que je suis choqué de revoir John serait un euphémisme, et je crois que c'est aussi le cas de tous. Personne ne s'attendais à le voir revenir, même pas son père. Il faut dire que ce dernier a été lui aussi dans l'ignorance, même s'il recevait régulièrement des lettres de John. On ne sait pas ce que ces lettres contenaient, mais je ne crois pas que c'était grand-chose. Tout le monde à la bouche grande ouverte, la mâchoire prête à se décrocher tellement qu'ils sont étonnés de le voir, mais je crois que la source principale de l'étonnement sont les deux femmes qui l'accompagnent. L'une est une femme d'âge mur, et l'autre doit être dans les vingtaines, presque la trentaine. Elles sont toutes les deux magnifique, mais elles n'ont aucune ressemblance. La trentenaire est blonde aux yeux verts. Elle possède des fines lèvres dotées d'une rouge à lèvre rouge vif qui lui va à ravir. Sa robe met ses formes en valeur sans pour autant rentrer dans la vulgarité. Elle a l'air timide et intimidé, elle l'est sûrement parce qu'elle est entouré d'étranger. Je ne sais pas pourquoi, mais elle me rappelle un peu ma petite sœur. Elles ont le même sourire, la même prestance timide qui se veut autoritaire et un air chaleureux. Ma sœur à plus de forme qu'elle et elle est également plus grande, mais à première vue, cette blonde me rappelle mon Fatou. La dame d'âge mûr est aussi blonde, mais ses cheveux tirent sur le gris et le blanc. Elle porte un chapeau, des gants et une grande robe ample. Il n'y a que ces yeux qui sont maquillé, se lèvres sont dépourvu de couleur. Elle aussi elle est belle, mais la vieillesse lui a enlevé sa pétillance. Une part de moi espère que la jeune fille est une sœur dont j'ignorais l'existence, mais j'ai la réponse sous mes yeux, et ça me met en colère.

-Qu'est-ce qu'elle fait ici ? Demande Barimore après être sorti de sa transe.

-Elle vient me visiter, répond le blond calmement.

-Elle n'as rien à faire là.

-Vous non plus père.

Je crois que personne ne s'attendait à cette réponse. Barimore lâche un juron et s'avance fermement vers son fils. Il a l'air vraiment effrayant comme ça, et je crois que la jeune blonde partage mon avis. Il ne tremble même plus sur sa canne, et j'ai comme l'impression que son dos n'est plus aussi courbé comme avant.

-Ça suffit, Barimore, je suis là pour visiter mon fils que ça te plait ou non, après tout, cette maison ne t'appartient pas, clame la femme d'âge mûr.

Alors là, je comprends. Cette femme est sa mère, une mère dont j'ignorais l'existence. C'est vrai qu'il ne m'avait jamais parlé d'elle, je croyais qu'elle était morte. Personne ne l'avait mentionné auparavant. Pourquoi ne m'a-t-il rien dit ? Je ne comptais pas suffisamment pour lui ?

-Alors c'est moi qui va quitter la maison, répond le père.

-Ainsi soit-il, reprend John.

Je ne crois pas être le seul soulagé. Enfin, cet homme va nous laisser tranquille. On ne sera même plus obligé de le croiser, il va être loin. Mais quel genre de femme est la mère ? N'est-elle pas pire que le père ? Seuls les prochains jours nous le diront.

-James, prépare mes valises, nous quittons, dicte Barimore à un jeune homme, qui pour une fois n'est pas noir. Mais je ne crois pas qu'il soit mieux traité que nous.

Ils quittent la cour, nous laissant en compagnie de maman John, John lui-même et la jeune femme.

-Tu ne nous présente pas ? Demande maman John.

-Maman voici mes... esclaves, et vous... voici ma mère Catherine et ma fiancée, Madeleine.

Ce n'est pas seulement le fait qu'il nous ait présenter Madeleine qui me blesse, mais aussi le ton qu'il a employé avec nous. Il nous a présenté comme ses esclaves, et non comme ses employés. Il nous a appelé vous, tellement impersonnelle comme qualification. C'est comme si nous sommes que des vaux riens, que des larves qu'il est obligé de montrer.

-Madeleine est française, et elle n'a pas l'habitude de voir autant de nègre, alors soit compréhensif.

Il vient d'enfoncer le couteau dans la plaie. Alors maintenant nous sommes ses nègres et ses négresses ? Il est passé où l'homme dont je suis tombé amoureux ? Il est passé où celui qui nous payait, nous donnait à manger correctement, nous tenait au chaud, nous considérait comme ses amis ? Il est passé où l'homme aux cheveux de maïs qui murmurait 《désolé》 en touchant mon dos cicatriser. J'ai l'impression qu'il n'est plus là et qu'il n'y a qu'un étranger devant moi. Ça fait mal. Ça fait tellement mal. Je ne crois pas que j'ai déjà eu aussi mal de toute ma vie. Sa fiancée renforce cette douleur, et j'ai l'impression de me déchirer en deux. Alors, c'est ce qu'il est allé faire pendant six mois ? Chercher une fiancée ? Il voulait me remplacer ? Je sais que je l'ai poussé à bout et que je l'ai blessé plusieurs fois, mais de là à nous quitter avec son père et d'aller chercher sa chose ? J'ai envie de détester Madeleine, mais je n'y arrive pas. Je suis sûr qu'elle n'a rien demandé, et elle n'empiète pas non plus sur mon territoire car John n'est pas à moi. On a eu une brève relation, mais ça ne veut pas dire qu'on s'appartenait. Je ne pense même pas qu'elle est courant des vices de John, à moins qu'elle le sache et l'accepte, ce qui m'étonnerait. Je n'arrive pas à digérer la situation et je n'arrive pas non plus à atténuer la douleur dans ma poitrine. Voir la bague qui brillent au faible rayon de soleil me donne envie de vomir. Tous les moments que j'ai passé avec John me frappe plus violemment qu'un tourbillon qui heurte une maison. Ça me fait mal. J'ai envie de hurler, de pleurer, de demander pourquoi moi, mais ça ne servira à rien. John ne m'a pas choisi, ou plutôt je ne l'ai pas laissé me choisir, il a plutôt pris celle qui voulait de lui. Mais moi, je veux de lui. J'ai besoin de lui, mais c'est trop tard, il est déjà pris.

Que vais- je devenir maintenant que je ne représente plus rien pour lui ? Il va probablement me rendre affranchie comme il me l'avait promis, ou rompre sa promesse pour me punir. Mais punir de quoi ? De ne pas avoir eu le courage d'assumer ce qui se passait entre nous ?

Incapable de supporter la situation une fois de plus, je me réfugie vers ma cabane pour être loin de lui, de sa Madeleine et de leur bonheur.

Let me break your chains... [bxb, terminé]Where stories live. Discover now