chapitre 9

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La fête battait son plein. Danse, alcool, des femmes pour le plaisir de certain, de la drogue pour le plaisir d'autre. Les discutions étaient animées, les rires gras et sonores. On parlera encore pendant des semaines de ce mariage. Maya avait vu les choses en grand et cette fête avait fait beaucoup d'effet. Je dois avouer que mes souvenirs sont très vagues. Les évènements qui ont suivi la signature du dernier contrat sont flous. Mon cerveau c'était programmé en pilotage automatique, je me laissais guider et obéissait à tout ce qu'on me disait. Simplement. Sans la moindre résistance. Je n'étais plus moi, la battante révolutionnaire c'était cachée pour laisser place à la parfaite poupée que mon paternel avait façonné. Je me sentais vide, même mon emmerdeuse de conscience ne se manifestait plus. J'avais l'étrange sentiment que l'engagement que j'avais signé, était la mise à mort de toutes ces personnalités.

Docilement je me laissais guider par Benjamin. Il me présenta à des hommes influents, je n'avais pas besoin de parler et dans tous les cas, mon mari répondait pour moi. Quand nous primes des photos, il me disait comment me tenir et sourire. Voilà ce que je vis de ma soirée, faire semblant de sourire, prendre des photos et suivre Benjamin à travers la salle. La tache se compliqua quand il fallut manger. Je regardais mon assiette, incapable de faire le moindre geste et encore moins d'avaler quelque chose. Benjamin tenta tout de même de me faire changer d'avis.

- Pense aux bébés. Ils en ont besoin.

Penser aux bébés... Je ne faisais que ça de pensais à eux ! Je me demandais comment j'allais pouvoir les faire sortir de la avant leurs naissances et comment faire pour ne pas tomber à nouveau enceinte. Il était hors de question que je condamne mes filles à subir le même sort que mes sœurs et moi. L'idée que mon père ne les touche me révoltait et me donner l'envie de vomir. Je ne comprenais pas comment Benjamin avait pu cautionner un tel contrat. Une telle atrocité. Je lui avais pourtant raconté : les séances de torture, de « pratiques » et de séduction. Certaines de mes sœurs en étaient mortes. Comment pouvait-il, en sachant tout ça, accepter signer et prétendre aimer ses enfants ?

Je le dévisageais. A cet instant il ne m'inspirait que du dégout. Mes sentiments d'amitié c'étaient dissipés pour ne laisser place qu'au dégout et à l'horreur. Je vis qu'il fuyait mon regard, et j'en étais heureuse. Je voulais qu'il se sente coupable. Qu'il s'en veuille jusqu'à me supplier de le pardonner. A mes yeux tout était de sa faute.

- S'il te plait. Mange.

Soudain, je senti le regard du Maitre, je n'avais pas besoin de le voir pour connaitre son avis. J'avais intérêt à obéir et à manger si je ne voulais pas avoir des problèmes. J'avais envie de meurtre et de sang. Une vengeance pour les femmes. Pour moi. Je voulais tous les faire souffrir, qu'ils sachent, qu'ils payent. Je ne pouvais pas avoir toutes mes envie sans avoir de problèmes je le savais pertinemment. Mais je n'en voulais pas ce soir-là. J'avais déjà été suffisamment humiliée. Je m'activais donc à prendre et mâcher quelques bouchées de mon entrée : une aumônière de saumon aux coquilles Saint-Jacques. La présentation était très réussi, tout étaient disposés de tel façon que nous avions l'impression d'avoir affaire à une œuvre d'art. Si l'esthétique me ravi, je ne pus cependant dire de même du gout. Ce soir-là tout eu le gout de l'amertume, du regret et de l'abandon. Mais je ne doutais pas, aux exclamations ravi des invités que le repas fut un délice sans nom. Nous n'en attendions pas moins cde Maya qui avait mandaté le meilleur chef étoilé du pays.

Benjamin soupira quand il vit que je capitulais et retourna à sa conversation avec l'un de ses frères ainés. Je me retrouvais à nouveau seule, devant mon assiette, l'esprit vide. Ma voisine de droite tenta une approche, si mes souvenirs sont bon c'était l'une des nombreuses belles-sœurs et par conséquent la mienne. Elle commença par me dire combien mon mariage était merveilleux et que le Maitre y avait mis les moyens, contrairement au sien. Elle continua en me félicitant d'avoir un aussi beau mari, que nos fils seraient beaux aussi. Elle me présenta les siens, du moins une partie. Comme toutes femmes de plus de trente ans, elle en avait déjà une quinzaine. Toutefois, devant mon mutisme, elle finit par abandonner l'idée de me faire la conversation, et se rabattit sur sa voisine de droite, une autre belle-sœur.

MaltraitanceOù les histoires vivent. Découvrez maintenant