Si le Diable s'en mêle

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"Vous êtes quoi, au juste ?"

Ral'kh but une gorgée, le lécha les babines et me sourit.

- À votre avis ?

- Je dirais que vous êtes un petit diable.

- Alors c'est ce que je suis ! s'eclaffa-t-il.

Je ne répondis pas. Je regardai autour de moi avec un air circonspect. Dans cette pièce non plus il n'y avait aucune échappatoire visible.

- Où sommes-nous, Ral'kh ?

- Je ne sais pas. Mais si ça ne vous plaît pas, vous n'avez qu'à imaginer que vous êtes ailleurs !

- ...

- Vous aimez la musique ?

- Comment je peux sortir d'ici ?

- Il est impossible de sortir d'ici. J'adore la musique, moi. Elle m'aide à réfléchir, continua-t'il nonchalamment. Vous savez, quand on fait ce que je fait, on passe beaucoup de temps seul, dans une pièce, à attendre qu'un type se pointe...

- Comment ça "impossible" ? Vous avez essayé ? Est-ce que... est-ce qu'on vous a à enfermé aussi ? Vous êtes là depuis combien de temps ? Qu'est ce que vous faîtes là en réalité ?

- Trop de questions, mon cher Bavard ! me coupa-t'il en gloussant. Écoutez, je vais vous simplifier la tâche... Je suis là pour parler avec vous. Parceque je vous attends depuis longtemps. Depuis TRÈS longtemps.

- Où sommes-nous ?

- Au meilleur endroit du monde ! Selon votre avis et le mien d'ailleurs.

Je soupirai, exaspéré. Cette étrange créature ne répondait que par énigmes. Je n'avais encore rien appris, ni sur lui, ni sur l'endroit où je me trouvais ! Je me massai les tempes avec un regard envieux vers le verre de Ral'kh. Celui-ci fit claquer sa langue contre son palais.

- Vous voulez boire quelquechose ? proposa-t-il avec gentillesse.

J'acquiescai en silence. Il me fit un clin d'œil, claqua des doigts, et soudain, un verre à pied apparu sur la table devant nous. Comme par magie.

- Comment... Comment avez-vous fait ça ?!

- Il suffit d'y croire ! s'amusa-t'il. Comme dans Peter Pan !

Incrédule, je ne répondit rien. Je me reposais dans le fond de mon siège sans toucher à mon verre. Les doigts joints devant la bouche, je repensais à tout ce qui s'était passé ces derniers temps. Je restais ainsi un long moment, immobile. Je fermais les yeux afin de garder ma concentration. Ral'kh respectait mon silence, et scrutait la moindre de mes réactions. Je pouvais sentir son air amusé, même sans le voir. Je ne saurai dire comment je le savais, mais j'étais certain que, intérieurement, il attendait que je perde mon calme.

Ha ! Hahaha ! Ce démon ne me connais pas ! Tous les jours je rêve d'univers fantastiques où les dragons et les mages se disputent des trésors millénaires. Ça fait des années que je me lève chaque matin avec l'espoir de trouver une cité enfouie ou de découvrir un artéfact magique. À mes onze ans, j'avais attendu toute la nuit que Hagrid enfonce la porte de chez moi. À douze ans ? Je voulais trouver le pays d'Ys et voyager entre les mondes. À treize ans ? Faire un pas sur le côté et libérer l'Imagination. Je n'avais pas renoncé. Niveau pouvoir magique sorti de nulle part ? Je GÉRAIS.

- Montre moi encore comment tu fais ça, s'il te plaît.

- Pense très fort à ce que tu désires. Puis il te suffit de claquer des doigts et... Tadaaa !

Il venait de faire apparaître un chapeau haut-de-forme et s'amusait maintenant à le faire virevolter en l'air en équilibre sur son index.

- Tu n'y arriveras probablement pas, ça demande beaucoup d'entrainement et un don pour le...

OH PUTAIN ! J'y été arrivé ! J'avais claqué des doigts sans l'écouter davantage, et, devant moi, sur la table, juste à côté de l'echequier, une petite paire de cornes en plastique rouge étaient sorties de nulle part ! J'avais juste essayé de me concentrer sur la première idée qui passait par là... Je mis les cornes de diable sur ma tête, et adressais un sourire blasé à Ral'kh.

- Tu disais quoi déjà ?

Celui-ci me sourit et un rire moqueur fusa entre ses dents pointues.

- Bravo ! Tu veux voir de quoi tu as l'air maintenant ? repliqua-t'il, piqué au vif par mon déguisement enfantin.

À ces mots, il posa son regard sur un coin de la pièce et fit apparaitre un gigantesque miroir sur pieds. Je me levai avec insolence et me plantai devant mon reflet. J'étais vêtu d'un jean tout ce qu'il y a de plus classique et d'un sweat à capuche noir, mais quand j'en arrivai à regarder mon visage, je ne pus m'empêcher de sursauter avec un léger cri...

Sournoisement vôtreWhere stories live. Discover now