Il est quatorze heures onze.

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Il est quatorze heures onze. Nous sommes le vingt-et-unième jour du mois d'avril de l'année deux mille seize et j'écris actuellement depuis le CDI de mon lycée à Nice. J'erre sans but ni quête au travers des couloirs. Je pose mon regard sur les portes ci et là me disant que chacune d'elle renferme plus de 50 ans d'histoires adolescentes.D'amour, de passion, de sexe ou bien d'horreur. 50 ans d'aventures qui on menée au bruit de mes pas cherchant désespérément une occupation pour noyer un amour non comblé. Une personne assise dans les couloirs, elle écoute de la musique. Une autre marche et me dépasse dans l'indifférence, encore une rêveuse, une personne songeant de paysages verdoyants, elle regarde par la fenêtre et semble s'évader, partir loin de ce lieu qui regroupe intelligence et bêtise sans difficultés. C'est une fois que cette personne me dépasse que je me rends compte du bien que procure un simple coup d'œil. Par la fenêtre je vois un oiseau, il se pose sur une branche, ah qu'il est beau cet oiseau. Non, cet oiseau est moche,mais il peut s'envoler car il ne porte sur ses ailes que le doux poids de la liberté que lui offre les cieux, ah qu'il est beau cet oiseau. Pendant que je déambule dans ces couloirs froids et morne du lieu qui m'offre un soi-disant avenir, mon regard croise celui de ce volatile libéré, enfin, son regard croise le mien car en lui se trouve toute l'indépendance, la douceur que personne ici ne trouve, en cet oiseau aussi petit qu'amusant je remarque que la liberté est ailleurs.
Je sors des couloirs et ainsi remarque le monde et ses couleurs. Non, c'est faux.
Je ne fais que voir en ces lieux de jeunes femmes et de jeunes hommes n'aspirant qu'à une vie meilleure, une vie que ne peut leur offrir ce lieu dans lequel ils viennent suivre leurs cours. Ce passage prenant trois ans de notre vie est censé nous donner de quoi vivre convenablement mais personne ici n'est en mesure de ne le fournir. Les personnes faisant office de professeurs sont incapables de nous donner une vie décente, une vie adéquate à notre société ne demandant qu'argent et grandeur. Je continue ma longue et perpétuelle course à l'occupation, cherchant désespérément une activité plus chronophage qu'intéressante et sur ma route croise une professeure, de langue, d'espagnol. Celle qui subit mon indifférence à chaque cours me regarde me sort « Qu'est ce que tu fais dans les couloirs avec ce si beau temps ?! Sors,profite du soleil ! » Alors sans réfléchir mon cerveau s'empresse de lui répondre « Personne n'accepte ma présence et je ne souhaite pas m'imposer. Et puis je préfère largement m'embesogner seul qu'avec des décérébrés sans cesse consternés de leur voisin. » Me regardant d'un air étonné elle fit mine d'acquiescer. Je continuai ma route, sans me soucier des rires absurdes de ceux rester dans les couloirs, se croyant libres de leurs bruits. Pourquoi cet endroit est il si sacralisé par certains professeurs, ils y étaient élèves au même endroit avant de jeter leur savoir dans une fosse de cochons obsédés par tout ce qui pourrais leur enlever le peu de neurones constituant leurs rares capacités intellectuelles. Je suis au troisième étage, il y en à quatre en tout. Je passe par le même endroit que tout à l'heure,revois l'arbre sur lequel mon cher oiseau s'est posé auparavant et constate qu'il à pris son envol. Il part sûrement faire rêver d'autres penseurs. Non, il va se poser dans la cour et prendre son envol dès qu'un être à deux pâtes s'approchera de lui. Ils ont plantés des arbres dans la cour, manière peu fonctionnelle de nous faire rêver, nous, jeunes au cerveau en constante évolution,ébullition. Nous ne sommes que des fous dans une usine de génies.Comment créer des hommes fort avec un simple bâtiment blanc, une cour plate, des arbres mornes parsemés ici et là, tel des dominos sans vie. Avril... Quel beau mois... Sans doute un des plus beaux mois que je n'eus jamais passé en ces lieux. Ces chers murs de béton, ce lino foulé par des pieds différents chaque jour. Jamais je ne fus aussi heureux/se que durant ce mois d'avril deux mille seize. J'aurais aimé continuer de document jusqu'à ce que les années restantes à passer dans ces lieux soient terminées, ces années supposées nous donner un avenir radieux, décent et confortables soient terminées, que j'ai l'occasion de me rendre compte que la vie qu'on nous promet ne sera atteinte que par ceux qui, non pas s'en donnent les moyens, mais ceux qui ont les moyens de s'offrir une belle vie ; mais malheureusement l'inspiration vient à manquer, les Muses ne sont pas très clémentes avec moi ces derniers jours. Les Muses, et toutes les autres divinités qui me permettaient d'être heureux/se.


J'ai entamé ce document il y a plus d'un an, aujourd'hui il est dix heures quarante-neuf et nous sommes le quinze septembre deux-mille dix-sept et tout a changé. Cela fait plus d'un an que je n'ai pas touché à ce document, plus d'un an que l'oiseau rêveur n'a fait son apparition. Voilà plus d'un an que les songeuses victuailles qui seyait si bien à mon appétit créatif ne se font plus sentir. Tant de choses ont changé, à la rédaction de ce document, j'étais avec une personne dont j'étais fou/olle amoureux, nous nous rendions heureux/ses et nous nous sommes lâchement jeté(e)s, tou(te)s les deux ; il y a de cela un mois et demi. Je consacrais ma vie à cette personne, mais aujourd'hui la nature reprend le dessus, je puis de nouveau consacrer ma vie à l'art, l'écriture. Depuis la fenêtre du CDI je vois un arbre, je le connais bien, il était là il y a plus d'un an. L'automne vient et les feuilles vont, les oiseaux volent vers des contrées plus estivales mais nous, seuls élèves, sommes confinés dans notre médiocrité. Confinés dans l'idée.

C'est ici que je clos ce document, je ne saurais dire de nouvelles choses restant dans la lignée des quatre-vingt-une lignes précédentes, que ce document ce ferme et se scelle, restant le miroir d'un(e) bipède songeant à un oiseau.




Il est quatorze heures onze.Donde viven las historias. Descúbrelo ahora