drôles d'oiseaux

monsieur pablo

Le soleil est parti. Monsieur Pablo rit.
Il rit parce qu'il ne pleure plus plus. Il ne pleure plus parce qu'il rit.
Monsieur Pablo regarde les nuages avec son air hébété et pas tout à fait innocent.
Le soleil est parti et la pluie tombe sur le vieux visage de monsieur Pablo, mais il rit.
L'eau dégouline le long de son corps frêle et s'immisce en lui alors.
Monsieur Pablo rit de plus belle.
Il riait aussi avant, avant qu'on l'emprisonne dans les camps.
Parce qu'il aimait, qu'il aimait a la folie.
S'il avait été avec moi, il vous aurait raconté son histoire avec un sourire enfantin.
"Vous vous souvenez de ce vieux proverbe «qui se ressemble s'assemble»? Petit, je n'avais pas d'amoureuse, alors que tous mes copains en avaient une. Alors je me suis mis à embrasser toutes les filles de mon école sur la bouche pour tester celle qui me ferait le plus d'effet. Aucune. Je me suis mis à embrasser les filles et les garçons. Puis y'a ce garçon que j'aimais bien embrasser, il était doux et gentil. Lui aussi il m'aimait bien, je suis tombé amoureux de lui, je le suis encore mais lui est mort et la j'ai compris le vieux proverbe"
Puis quand Monsieur Pablo avait fini son histoire, les enfants de la ville allaient embrasser les filles et les garçons.
Et Monsieur Pablo riait.
Un jour, des nazis ont écrit "PD" en grand sur sa maison et Monsieur Pablo est parti dans les camps.
Il ne riait plus, il pleurait.
Mais aujourd'hui, le soleil est parti, et Monsieur Pablo rit.