Voisinage

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Les portes blindées se referment sur des sourires crispés.

Puis j'entends des cris, des larmes, parfois mêmes les coups, car les murs eux, ne sont pas blindés.

Assise sur le canapé, j'assiste à ces scènes de familles qui se déchirent. J'augmente le son de la télévision et je fais mine de ne rien entendre. Qui ne dit mot consent, qui ne dit mot s'en bat les couilles.

Tout le monde est malade, c'est devenu la norme et nous nous méfions de celui qui n'accepte pas ce sort.
On regarde les autres en faire souffrir d'autre. On regarde les autres mourir peu à peu, se tournant les pouces plutôt que de leur tendre la main.

Le lendemain, je croise le voisin. Je le salue comme si je ne l'avais pas entendu insulter sa femme la veille, la frapper jusqu'à ce qu'elle hurle de douleur. Jusqu'à ce qu'elle hurle à la mort. Poussant le vice, je lui souris à elle aussi, balançant un "vous allez bien ? " auquel je sais pertinemment qu'elle répondra "oui". Elle sourit, les yeux camouflés derrière ses lunettes noires, me donnant timidement la réponse que j'attendais pour satisfaire ma conscience.

Les portes blindées se referment sur des sourires crispés. Puis j'entends des cris, des larmes, parfois mêmes les coups, car les murs eux, ne sont pas blindés.

Un jour seulement, je me lèverai de bonne heure mimant l'épouvante, pleurant des larmes sèches. J'irais cracher un torrent d'hypocrisie sur la tombe de la défunte, "Pourtant, elle disait que tout allait bien, je n'avais rien vu venir."
C'est vrai qu'on ne peut rien voir quand on décide de fermer les yeux.

Suivante.

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