Est-ce qu'il sait que ce soir tu as pleuré dans ton lit, ton visage caché dans ton coussin ?
Sait-il même qu'il en est la cause ?
Cela devait être votre soirée. Il devait passer la nuit avec toi, confortablement installé sous ta couette à regarder des films. Mais il avait préféré sortir avec ses potes. Il t'avait demandé de le comprendre, que c'était en rien contre toi, qu'il voulait juste voir ses amis. Tu avais enterré ta déception et tu avais juste dit "amuse-toi bien mon amour".
Il n'avait pas perçu ta peine. Il n'avait pas ressenti ta détresse. Il n'avait pas su comprendre que tu avais besoin de lui, de ses câlins et de ses mots.
Pourtant je l'avais sentis dès les premières phrases que tu m'avais adressées au téléphone. Ta voix habituellement douce et enjouée était faible et monotone. Il fallait être aveugle pour ne pas s'en rendre compte.
Ce soir-là tu m'avais raconté que tu étais perdue. Que tu ne savais plus où tu en étais professionnellement parlant. Que tu avais l'impression que le job que tu faisais n'était pas celui que tu voulais faire le reste de ta vie, mais que tu avais peur de l'avenir.
J'ai fait de mon mieux pour te rassurer et te soutenir. C'était très dur de résister à l'envie de prendre mes clés et monter dans ma voiture pour te rejoindre. Je désirais tellement t'avoir au creux de mes bras pour te bercer tout contre moi.
Après une longue discussion on avait dérivé sur des sujets plus légers et on avait rigolé pendant une bonne heure avant que tu ne t'endormes au bout du fil, ton téléphone sous ton oreille. Et quand j'ai fermé les yeux, le mien posé sur mon oreiller, j'ai eu l'impression pendant une nuit que tu dormais paisiblement à côté de moi.
Et ça, il ne le saura jamais.
