Partie 2-1.

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Partie II

Evie
21/09/2019

J'étais en train de terminer de rédiger un rapport quand Jules, un de mes meilleurs lieutenants, entra dans la pièce.

-Capitaine? L'individu refuse de parler.

Je soupire.

-J'arrive.

Mon boulot je l'adore, capitaine c'est ce que j'ai toujours voulu être, mais parfois mes lieutenants se montrent trop gentils et n'obtiennent pas les réponses qu'ils veulent. Quand on est gentil, on se fait bouffer, la vie me l'a bien appris. Je suis Jules et entre dans la pièce où se trouve l'homme qui s'est fait arrêter.

Je reste impassible quand je reconnais l'homme qui m'a détruite il y a 7 ans de cela. Qui est aussi le père de ma fille, mais il ne le sait pas parce que j'ai appris ma grossesse que 2 mois après mon départ. Je prie pour qu'il ne me reconnaisse pas mais c'est trop tard, ses yeux se sont écarquillés quand il a posé ses yeux sur moi.

-Ken Samaras, 29 ans, interpelé pour participation à une transaction de stupéfiants. Il refuse de parler.

Je hoche la tête.

-Levez-vous et venez avec moi, ordonnai-je à Ken.

Il s'exécute et on va dans une salle vide.

-J'ai rien à voir avec ça, lance-t-il.
-Vous êtes innocent, comme tout le monde, ironisai-je. Seulement vous y étiez, alors parlez.

Il n'ouvre pas la bouche, il me dévisage. Je fais de même avec lui. Ce même visage qui hante mes nuits depuis 7 ans. J'ai jamais réussi à l'oublier. Framal me donnait des nouvelles souvent, et j'ai tous leurs albums, je suis très fière d'eux et du succès qu'ils ont obtenu, ils le méritaient. Je suis même allée à l'un de leur concert à l'Olympia, après la sortie de Jeunes Entrepreneurs.

-J'ai tout mon temps moi, si vous ne voulez pas parler je m'en fous, j'attendrai le temps qu'il faudra.
-J'ai rien fait, mais je suis pas une balance.

Je hausse les épaules.

-À vous de voir.
-Arrête de me vouvoyer, c'est ridicule Suga.

Je sursaute.

-Ça fait des années qu'on ne m'appelle plus comme ça. Bon, tu comptes parler là?

Il secoue la tête. Je sors donc mon téléphone pour appeler mon frère.

-Allô?
-Oli j'ai besoin que tu gardes la petite ce soir s'il te plaît.
-Encore un teubé qui ne veut pas parler?
-Exactement. Tu me passes Chloé?
-Allô Maman?
- Oui mon chaton, ça va?
-Oui.
-Écoute, Maman va travailler tard ce soir alors c'est tonton qui va s'occuper de toi d'accord?
-Oui Maman.
-Sois sage mon poussin. Je t'aime.
-Je t'aime Maman.

Je raccroche. Le regard de Ken s'est assombri.

- Tu as une fille?
-C'est pas tes affaires.

Il hoche la tête.

- Tu sais que je ne parlerai pas tant qu'on sera ici, filmés avec tes lieutenants qui regardent?
- Tu n'es pas en position d'exiger quoi que ce soit. Ici, c'est moi qui décide.

Il croise les bras et s'affale sur sa chaise.

- Elle a quel âge ta fille ?
-5 ans.

Presque 6, mais il n'a pas à le savoir. J'ai pas envie qu'il comprenne que c'est aussi la sienne.

- Tu n'habites pas avec son père? Vu que c'est ton frère qui s'en occupe...
- Je suis un aimant à connards, rétorquai-je.

Allez, prends ça.

- Je ne parlerai pas de ça avec toi ici, ajoutai-je, avant qu'il n'ajoute quoi que ce soit.
-On a qu'à aller ailleurs, c'est bien ce que je dis.
- Non.

Je sors 2 minutes et vais voir Jules, là où il y à la caméra.

-Rentre chez toi.
-Mais...
-Fais ce que je te dis.

Il s'exécute et une fois qu'il est sorti j'éteins la caméra puis je retourne dans la salle avec Ken.

- La caméra est désactivée, le lieutenant est parti. Je t'écoute, maintenant.
-J'ai rien à voir avec ça, tu le sais non?
- Il me semble que la dernière fois que je t'ai vu tu es étais complètement défoncé...

En réalité, la dernière fois que je l'ai vu, il était ivre mort sur le Pont Mirabeau. C'était en 2014, j'étais stagiaire à l'époque et on a été envoyé sur le Pont parce qu'un homme était au bord du suicide. Il a enjambé la rambarde et était prêt à sauter. Il hurlait et répétait "Suga non! Reviens! Suga je t'aime!". Face à ce spectacle, j'ai fondu en larmes dans la voiture de police. L'entendre hurler mon nom à la mort me faisait sentir encore plus coupable de son état. Mes collègues ont mis mes larmes sur le compte du choc de voir quelqu'un en train d'essayer de se tuer, ils ne pouvaient pas savoir qu'il était dans cet état à cause de moi.

Je n'ai jamais pu repasser sur le Pont Mirabeau depuis cet incident.

DésastreDonde viven las historias. Descúbrelo ahora