LA COUREUSE

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"Dégagez du chemin!" je cris en bousculant toutes les personnes sur mon passage

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"Dégagez du chemin!" je cris en bousculant toutes les personnes sur mon passage. J'essaie de me frayer une voie au milieu de la foule mouvante et compactée dans le couloir.

 D'un coup, je percute une autre forme jaunâtre et je tombe. Je me relève aussitôt et grimace que je vois la trompe hideuse qui lui sert de bouche baver. Il commence à m'insulter mais je repars déjà sans l'écouter.

Je tourne à droite, puis à gauche dans le dédale de couloirs blancs de la station spatiale 01302. C'est la plus grande jamais conçue: deux fois la taille de la station P30, la capitale.

Je tourne à gauche et je le vois au bout du couloir, à moins de dix mètres de moi, caché dans l'attroupement de civils. 

Merde!

D'un pas mécanique, il s'avance déjà à ma rencontre. Paniquée, je recule et me retourne mais j'aperçois son acolyte.

Merde!

Je n'ai pas le choix: je reprends ma course en fonçant vers lui. Quand j'arrive à sa hauteur, il essaie de m'attraper avec ses mains métalliques mais j'attrape une personne au hasard et la jette vers lui. Celle-ci s'écrase en gémissant et l'entraine avec elle dans sa chute.

Sans attendre une seconde de plus, je reprend ma course et arrive à un boulevard gigantesque. J'hésite d'abord à prendre un métro d'hyperloop mais l'autre me rattrape déjà. Je me dirige alors vers la première porte que je vois à côté de la foule. J'entre dans la salle. Celle-ci est petite mais bien trop éclairée. Un panneau holographique indique :

La salle aux monuments: 1 ballade en vélo pour 30$ autour du continent de votre choix

                                                     1 ballade en vélo pour 100 $ autour de tous les continents

En face de l'entrée était installé le guichet et à sa gauche s'enfonçait un couloir vitré, donnant accès à l'attraction. Sans réfléchir, je pousse tout le monde et m'aventure à l'intérieur, déjouant la surveillance du garde. Les fenêtres du passage vont du sol au plafond et laissent aux passagers une vue superbe sur l'espace. On pouvait aussi voir les autres stations alentours avec leurs immenses entrepôts et des vaisseaux de croisière plus petits.

J'arrive au bout du couloir et fonce droit vers les vélos. J'accélère quand j'entends la voix monocorde de mon poursuivant. Je vole la bicyclette d'un enfant et commence à pédaler. Dans ma précipitation, je fais tomber quelques uns des fruits que je viens de voler ce qui me fait pousser un râle.

J'avance tant bien que mal et mes genoux n'arrêtent pas de cogner contre le guidon. Autour de moi s'élèvent des monuments dont je ne connais presque rien? À l'époque, ils devaient sembler très grands mais aujourd'hui, ils ne font pour la plupart même pas la taille d'un immeuble standard. Je pédale jusqu'à la section "Europe". Chaque rue représente un pays différent avec ses traditions. Je passe à côté de l'Italie et de son Colisée puis tourne au niveau du Big Ben.

J'arrive ensuite en "Asie". J'aperçois de loin le Taj Mahal, puis la Namsan Tower avant d'entrevoir une porte. Une fois arrivée, je saute du vélo et dois m'y prendre à trois fois avant de réussir à enfoncer la porte. Celle-ci débouche sur une cage d'escalier sans fin. Il y a des portes à tous les tournants. Mais c'est trop tard: l'androïde m'a attrapé le bras. Je gémis et me débats violemment: "Lâche moi! LÂCHE MOI!"

Tout à coup, une idée me vient: je lui attrape le bras à mon tour et essaie de la soulever mais c'est peine perdu il est bien trop lourd. Je le pousse avec le plus de force possible vers les marches et d'un coup sec, tente de le projeter dans l'escalier. Sous l'effet de la surprise, il lâche ma main et part valser contre le mur.

Sans perdre une seconde, je reprend ma course, monte à l'étage supérieur et enclenche une nouvelle poignée. Je me précipite à l'intérieur après être passée à travers ce qui semblait être une protection anti-gravité. Je me retrouve instantanément à décoller du sol. J'attrape mon sac avec fermeté pour ne pas laisser  le reste des aliments tomber.

Je regarde autour de moi et reconnais les élèves de l'école de stratégie en pleine séance de bataille sans pesanteur. 

Merde!

Heureusement un balcon à l'autre extrémité de la pièce donne accès à une issue. Je zigzague entre les joueurs mécontents de ma présence et atteins le balcon. Je m'accroche à la rambarde pour ne pas repartir et passe de l'autre côté. Sans la lâcher, je me décale vers la porte. 

"Arrêtez-vous!" crie le robot arrivé dans la salle. Il décolle du sol à son tour et se rapproche de moi. Je lui tire la langue sous les contestations des élèves énervés et passe la protection anti-gravité.

En sortant de la salle je trébuche. recouvrant brusquement le sens du mot "gravité". Je fais tomber à nouveau des fruits. Sans y prêter une grande attention, je me relève pour repartir au pas de course.

Je suis arrivé dans le quartier "Asiatique" de la station, un endroit remplit d'immeubles plus hauts les uns que les autres et de rue étroites. De chaque côtés de la chaussée se trouvent des stands de nourritures étranges, des magasins à curiosités et des bars pas très fréquentables. Je lève les yeux deux secondes mais je suis aveuglée par le nombre incalculable de publicités en tous genres.

La machine est derrière moi, je la sens, alors je tourne, je bouscule, je gueule aux autres de dégager. Je me cogne contre eux et les fruits tombent en même temps. Je suis fatiguée. Je me cache dans une ruelle pour souffler un peu, espérant avoir pris assez d'avance. 

Cependant, je le vois, là. Il est programmé pour m'arrêter mais j'ai trop faim pour abandonner mon butin. Je me remet à courir: je retourne à gauche mais tombe nez à nez à un androïde du même type. J'en ai le souffle coupé. Alors je me tourne vers la droite: encore un. La seule voie libre se trouve à gauche alors je fonce sans réfléchir. Je cours aussi vite que je peux avec l'énergie qu'il me reste et arrive à un angle de rue. De nouveau, ils sont là: je ne peux que tourner alors je vire vers la gauche sans m'arrêter. Il me semble voir un sourire sur leurs visages. Je jette des coups d'yeux dans tous les sens pour savoir à qu'elle distance ils sont de moi. Je cherche un magasin, un bar, n'importe quoi pour me cacher mais la foule est tellement dense que j'ai moi-même du mal à me repérer.

J'arrive à un nouveau croisement et je ne reconnais plus rien. Les inscriptions en japonais et les rue étroites m'embrouille le cerveau. Une femme me bouscule en passant. Exténuée, je tombe par terre, laissant mon sac se vider des derniers fruits qui restent. Je tente de les ramasser mais ils sont très vite récupérés par des passants prenant leur chance de ne pas manger des aliments synthétisés.

"Arrêtez...

-Madame? Vous allez bien?" me demande une voix inconnue "Laissez moi vous aider."

Il me prend par le bras et me soulève brusquement. Surprise, je le regarde et j'ai failli m'évanouir quand j'ai vu son matricule sur la poitrine "Agent Sam". J'aperçois derrière lui entre les têtes le panneau du commissariat. Je me tourne et vois les robots bloquer tous les chemins sauf celui du centre de police. Je crache alors "Enfoirés." vers les androïdes pendant que l'autre me menotte en déclarant :

"Ava Roy, je vous arrête pour vole à l'étalage.  Vous avez le droit de garder le silence."



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