Chapitre 10.1 - Drogue

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Dans le chapitre précédent :

« Qu'est-ce...

Que vas-tu faire ?

Je... Je vais m'introduire chez eux pendant la nuit, avouai-je en fixant mes mains posées sur mes cuisses.

Je viens avec toi.

Non ! m'empressai-je de dire. Je suis discrète, je pourrais me faufiler sans problème, mais pas toi.

Rappelle-toi. J'ai dit que tu pouvais aider dans cette affaire seulement si quelqu'un reste avec toi, dit-il avec force.

Alors, envoie Zircon avec moi ! » dis-je avec un sourire sur le visage.

Adonis croisa les bras et me toisa du regard. Il réfléchissait. Si un autre changeur de destin venait avec moi, j'étais assurée d'être en sécurité et surtout de parler librement sans avoir de regards étranges.

« Peter viendra avec toi. »

Sur ces dernières paroles, il se leva et sortit du véhicule. Je serrai les dents pour éviter de répliquer une insulte. Je soupirai ensuite et descendis à mon tour. Je ne savais pas si Peter était réellement plus sympathique que Zircon comme compagnon de cambriolage...

**

« Allez, dépêche-toi ! » chuchotai-je avec force.

Peter, habillé d'un long manteau noir et de son haut de forme, fronça des sourcils en scrutant les alentours. Je soupirai en maudissant Adonis. Peter était juste tellement plus embêtant à trimballer que Zircon. Encore, le voyageur des mondes serait plus amusant que cet homme moustachu qui préférait guetter la trace d'être humain comme s'il était un prédateur. Sauf qu'il n'en était pas un.

Voilà un quart d'heure que nous errions autour du manoir sans même y être entrés. Si j'avais été seule, j'aurais déjà enlevé mes ballerines et joué à l'espionne à travers les couloirs de l'immense bâtisse. Mais j'étais là, à attendre que monsieur certifie que personne ne nous suivait.

Quand il donna enfin le signal pour avancer, je fermai les yeux en tentant de ne pas l'étrangler. Il était après tout l'amant d'Agathe. Je l'appréciai vraiment et ne voulais pas lui faire de peine à tuant son amour de ce monde. Mais leur relation était plus qu'étrange.

Je les avais vus interagir ensemble, et ils étaient comme chien et chat. Ils ne parlaient quasiment pas ou ne s'adressaient pas un regard amoureux. Après ces quelques années sur ce monde, j'aurais pensé qu'Agathe se serait rapprochée de lui du point de vue émotionnel. Mais il semblerait qu'elle se fichait de lui. Ou plutôt l'inverse, que Peter se fichait d'elle.

« Hey Peter, pourquoi tu es si distant avec ta femme ? demandai-je alors que nous longions un mur pour aller jusqu'à l'arrière du manoir.

– Quoi ?

– Tu ne la regardes jamais. Tu ne l'aimes pas ? »

À mes mots, il se figea un instant avant de reprendre sa marche. L'obscurité de la nuit m'avait empêchée de voir son visage. Et cette moustache qui cachait sa bouche ne m'aidait pas à comprendre certaines expressions.

« Je l'aime..., dit-il avec froideur.

– On ne dirait pas.

– Que pouvez-vous savoir de mon amour pour elle ? murmura-t-il en se tournant entièrement vers moi.

– Je le vois juste. Il est absent dans vos gestes et votre regard. Agathe ne me semble pas une personne qui aurait fait quelque chose pour ne pas mériter de l'affection. Mais même cela, vous ne le lui donnez pas. »

Je fus surprise par ses yeux. Ils s'étaient agrandis de stupeur avant de revenir à leur taille normale. Froid. J'avais réussi à l'attendrir pendant un court moment, mais autre chose avait pris le dessus sur sa conscience.

Mon coeur accéléra ses battements pendant que j'imaginais divers scénarios. Et s'il était un monstre ? Je ne pouvais certainement pas le tuer toute seule avec une dague accrochée à ma cheville. Mais les bêtes étaient des femmes. Donc Peter ne pouvait pas en être un techniquement. Mais s'il était un transsexuel ? Il aurait bien pu être une femme avant d'être un homme.

Soudain, des bruits de pas nous alertèrent. D'un seul mouvement, nous tournâmes la tête vers les alentours sombres et guettâmes les sons provenant de la face avant du manoir. Une ou plusieurs personnes entraient dans la demeure.

En fronçant les sourcils de concentration, je pointai du doigt l'arrière de la maison, où se trouvait le jardin. Nous voulions après tout entrer par cette entrée-ci depuis le début de notre expédition. Avec rapidité et discrétion, Peter fit de grandes enjambées jusqu'à l'immense jardin puis crocheta la serrure.

Étonnée, j'ouvris la bouche, mais la refermai aussitôt quand il avança à l'intérieur. Nous étions dans une sorte de cave qui regorgeait de rongeurs. Leurs petits cris se répercutaient dans mes tympans. À tâtons, je suivais l'homme devant moi sans faire attention aux bruits, mais mon visage était tordu par le dégoût. La puanteur se dégageait de la pièce.

Les rayons lunaires guidaient mes pas et ceux de Peter jusqu'à des marches d'escalier en pierre. Il monta et je le suivis, pressée de partir de cet endroit certainement utilisé pour les ordures. La porte en bois en haut s'ouvrit avec facilité. Nous passâmes ensuite dans une succession de couloirs que je ne différenciais pas les uns des autres. Certains avaient des portraits accrochés au mur, mais les lampes à huile allumées étaient trop faibles pour apprécier les tapisseries alors que d'autres possédaient des tables hautes avec des vases.

Arrivé devant une porte, Peter tourna la poignée et entra. L'intérieur ressemblait à un bureau. Celui d'un homme important d'après les divers papiers empilés sur la table et les étagères remplies de livres avec de grandes reliures.

« On est où ? demandai-je en m'approchant du bureau où Peter fouillait les tiroirs.

– Dans le bureau de Sebastian.

– De Sebastian hein ? Et comment tu l'as trouvé aussi rapidement ?

– Je suis déjà venu ici, répondit-il avec nonchalance alors que mon front se creusait d'incompréhension.

– Mais...

– Ah, trouvé, » s'exclama-t-il avec un sourire sur le visage.

Il me montra une palette avec plusieurs seringues et des petites fioles remplies d'un liquide. Je ne pouvais pas voir la couleur, mais cela semblait bien être les tranquillisants dont le médecin parlait. D'après ses dires, ils soulageaient les jeunes femmes avec ce produit. Certainement une drogue.

J'étais contente de voir ces objets en notre possession, mais une question tournait en rond dans mon esprit.

« Peter... Comment savais-tu que cette mallette était dans un des tiroirs ?

– Je... »

Sa bouche était ouverte, mais aucun son n'en sortit. Ses lèvres se refermèrent puis il resta immobile à fixer droit devant lui. Mon coeur battait plus vite alors que je m'approchais de lui. La découverte des seringues était trop simple et pour cause, la voix de la mère Pizers retentit dans la pièce sombre.

« Peter, viens par ici. »

Et l'homme s'exécuta.

Désolée pour le temps d'attente. Nouveau travail, période d'essai, possible CDI, salaire pas moche du tout et collègues méga sympas donc je suis à fond dans le boulot pour tenter de le garder.

La suite sera peut-être postée vendredi ;)

Les Changeurs de Destins - GrimviceWhere stories live. Discover now