Yeux Gris Et Roulette Russe

Nouvelle amie

                         Ma respiration est saccadée. Nikolaï quitte la pièce avec fracas. Je peux sentir la douleur qui émane de lui. La douleur d'un père. Je reste interdite. Un des hommes présent me congédie presque gentiment, dans la mesure du possible, étant donné la situation dans laquelle nous nous trouvons. Je ne me fais pas prier et essaye de retrouver le chemin de ma chambre. Après vingt bonnes minutes d'errance je trouve enfin l'escaliers. Je pousse la lourde porte et retient un cris lorsque j'aperçois une silhouette féminine dans ma chambre. De longs cheveux bruns ondulés retombent dans le dos de cette fille à la peau métisse. C'est la fille qui était à côté de moi lors de mon premier diner ici. 

- Désolée de t'avoir attendue ici, mais je ne savais pas si on aurait une autre occasion de parler tranquillement. Avec la lettre, cette maison va de nouveau devenir un véritable enfer.

- Vous n'auriez pas pu choisir des mots plus justes... Dis-je, en repensant aux mots de la carte qui allait avec la photo.

Elle tourne vers moi des yeux verts intenses, qui contrastent avec sa peau mate. 

- Ce n'est pas ce dont je suis venue te parler.

Je hausse un sourcil.

- Et vous voulez?

Elle m'invite à m'asseoir sur un petit fauteuil en face d'elle, dans le coin "bureau" de la chambre.

- Déjà, commençons par le fait que tu peux me tutoyer, tu sais, je n'ai que 24 ans. 

- D'accord. Et donc, tu es?

Elle émet un petit rire discret.

- C'est vrai que nous aurions dû commencer par là. Je suis Layla, l'épouse de Anton, le frère de Aleksey, Nikolaï et Tasha.

Je la regarde, interdite. Je n'ai vraiment pas envie de parler de l'abruti de première. Entendre son nom me répugne au plus haut point.

- Pourquoi fais tu cette grimace? C'est très comique.

J'observe cette fille à peine plus vieille que moi qui a déjà des allures de grande dame.

- Je ne sais pas, évoquer le glaçon n'est pas la chose que je préfère sur cette terre.

Cette fois, c'est à elle de hausser un sourcil.

- C'est pourtant de lui dont je suis venue te parler, alors prépares toi mentalement.

Elle me fait un petit clin d'œil, et je la trouve déjà beaucoup plus sympathique que Nina.

- Je suis mariée à Anton depuis six ans. J'ai eu le temps d'apprendre à connaître cette famille qui est un peu à part. 

Je fais un rapide calcul dans ma tête. Devant mes yeux interloqués elle rigole de nouveau.

- Oui, nous nous sommes mariés lorsque j'avais à peine un an de plus que toi.

- Mais 18 ans, ça ne fait pas un peu jeune pour se marier? Moi je n'arrive pas à m'imaginer me marier avec quelqu'un l'année prochaine.

Elle soupire, le regard rêveur.

- Quand on est amoureux, on peut tout faire, tout se permettre pour faire plaisir à l'autre. Anton et moi étions fous amoureux, si bien que lorsqu'il m'a demandé ma main , je n'ai pu qu'accepter.

C'est vraiment guimauve...

- Je te vois venir, ma belle (je tique à ce surnom affectif alors qu'on ne se connaît que depuis dix minutes), nous sommes toujours heureux et amoureux. D'ailleurs nous sommes plus heureux que jamais, dit elle en caressant son ventre. La seule ombre au tableau est la disparition de Inia.