Chapitre 1

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Assises sous le saule pleureur, un ciel dégagé de tout nuage est présent. N'est-elle pas magnifique cette nature ? Le mois d'octobre a amené l'automne. Avec ses colorations authentiques, c'est une symbiose de couleur qui arpente la végétation. L'air de la campagne étant d'une pureté inégalable, mes poumons respirent à grandes bouffées. La température clémente en ce début de saison rend le paysage d'une beauté époustouflante. Contemplant ce tableau sous des yeux émerveillés, mon cœur rate un battement quand des lèvres se déposent sur mon omoplate.

Me retournant légèrement, je vois ma magnifique femme. À ma vision, un sourire d'un bonheur sans pareil étire mon visage. Son regard empli de bleu transcendant fait de cet instant, un moment encore plus somptueux.

       — Te souviens-tu du jour où nous nous sommes unies ?

Bien sûr ! Pour moi, c'est comme si c'était hier et pourtant, six années ont passé depuis.

       — Tu parles du mariage où j'ai pleuré du début à la fin ? De celui où ta mère a cassé son talon et qu'elle a dû marcher pieds nus par la suite ? Celui où mon frère a emmené sa compagne droguée ? Bien sûr que je m'en souviens !

Un rire parvient à mes oreilles. Un de ceux qui peuvent égayer ma pire journée. Je ne me lasserais jamais de l'entendre. Mon ouïe est toujours enchantée quand elle perçoit ce genre de son de la part de ma femme. C'est comme une mélodie se vaguant dans un pré de jonquilles. C'est beau et libérateur de tout stress.

       — Oui, c'est bien de celui-là dont je te parle. Te souviens-tu du moment où je t'ai promis d'être là pour les bons et les pires moments ?

Comment l'oublier ? Cela m'est impossible. Ce fut le jour le plus merveilleux de ma vie.

       — Je t'avais annoncé que peu importe les épreuves qui risquaient d'arriver pour nous, je serais toujours présente pour toi. 

À sa phrase, je retourne ma tête en direction du ciel avant de fermer les yeux. Je crois comprendre où elle veut en venir. Ce sujet est constamment difficile à engager, mais comme une promesse que l'on s'était faite jadis, nous devons en parler pour le bien de notre couple.

       — Il y a deux ans, nous avons souhaité agrandir notre famille. Tout aller pour le mieux dans la grossesse, jusqu'au jour où tu as fait une fausse couche. Tu as été anéantie par la perte de notre enfant, notre petit bébé que l'on désirait appeler « Alexandra ». Les premiers mois, je me suis éloignée de toi. Je t'en voulais énormément de nous avoir privé de ce futur bonheur, alors, inconsciemment, je t'ai encore plus enfoncé dans ta souffrance, car au lieu de t'épauler, j'ai déversé ma douleur sur toi. Je ne te parlais plus, je ne te touchais plus et je te criais dessus à longueur de journée. Tous les soirs, je t'entendais pleurer dans la chambre, mais je ne pouvais venir te réconforter. J'en étais incapable. Le jour où j'ai découvert ta lettre d'au revoir, j'ai compris que j'avais fait la pire erreur de ma vie. J'avais pertinemment conscience que tu n'étais pas partie de la maison, car nous ne pouvions vivre l'une sans l'autre, et de ce fait, j'ai eu une irrésistible peur qui est montée en moi. J'ai couru comme je ne l'avais jamais fait à travers toutes les pièces pour savoir où tu étais. La réponse était la salle d'eau. Ce jour-là, quand j'ai ouvert la porte et que je t'ai vu étendue sur le sol, j'ai espéré ardemment que tout ceci ne soit qu'un cauchemar. Malheureusement, non. De découragement et de tristesse, tu avais intenté à ta propre vie. Après, tout s'est enchainé. Les secours, l'hôpital, ton séjour en ce lieu si détestable pour toi, et ton retour. À celui-ci, tu désirais que l'on consulte un thérapeute pour couple, mais j'ai refusé. Je n'ai pas voulu, car ce que je t'ai fait vivre fut et, c'est encore ma plus grande honte. À ma réponse, tu as eu peur que notre relation se termine là, mais ce jour-là, je t'ai rassuré en te disant ces mots : « Cela ne signifie pas notre fin. Aujourd'hui, c'est notre deuxième vie qui débute. Je te prouverais tous les jours que ce n'était qu'un faux pas de ma part et ensemble, nous arriverons à surpasser tout cela. Nous n'oublierons jamais, Alexandra, car elle sera à jamais dans nos cœurs. » À cela, tu as vidé toute ta tristesse en me prenant dans tes bras. J'ai su à ce moment-là que tu nous octroyais une deuxième chance. Depuis, je m'efforce chaque jour de te démontrer que ce n'était pas une erreur. Actuellement, regarde où nous en sommes, nous sommes en vacances dans notre chalet à la montagne, notre fils, Pablo, âgé d'un an, dort comme à son habitude dans la poussette à nos côtés et nous sommes encore plus amoureuses qu'à notre premier jour. Tout cela pour te dire ; oui, j'ai fait un impair et je m'en voudrais toute ma vie, mais je te remercie de m'avoir ouvert les yeux sur mon comportement.

Je te hais, mon amour (Sous contrat d'édition)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant