Chapitre 1

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« - Maman, où est mon sac ? Je ne le retrouve pas et j'étais sûre de l'avoir laissé en bas hier soir !
- Il est dans ta chambre Méaly, regarde un peu autour de toi avant de hurler.
- Je ne hurle pas ! Merci maman.
- Maman, je ne trouve plus mon short noir, intervint Maé, le petit frère de Méaly, et il me le faut absolument. »

Méaly cessa d'écouter à partir de là. C'était la rentrée aujourd'hui et toute sa maison résonnait de cris et de bruits de pas précipités. Méaly entrait en Terminale Scientifique, son frère en seconde et il fallait vite finir de se préparer, sous peine d'arriver en retard dès le premier jour.

Elle finit rapidement de se lisser les cheveux et de se maquiller. Elle se précipita ensuite dans sa voiture sous l'injonction de son frère et ils purent enfin quitter leur lotissement.

« Ah quand même ! On a bien cru que tu ne viendrais jamais. »

Méaly ne put retenir un sourire en entendant la voix de sa meilleure amie, Anaé. Elles se connaissaient depuis maintenant quinze ans et avaient toujours été dans la même classe. Anaé était l'opposée de Méaly, tant au niveau du physique, qu'au niveau du caractère. Elles étaient complémentaires, agissant toujours l'une pour l'autre.

Méaly se retourna vers elle, la prit longuement dans ses bras et fit la bise au reste de sa classe de l'année dernière qui étaient devenus des amis.

« - Jamais je ne t'aurais laissée tomber enfin ! Alors la classe de cette année ?
- On prend les mêmes et on recommence, répondit d'un ton enjoué Fabien. On va encore devoir se supporter.
- Oh non pitié pas toi, pas encore, rétorqua ironiquement Méaly, je n'en peux plus.
- Fais la maligne va, je sais que tu m'aimes.
- Évidemment que je t'aime mon Fabounet chéri.
- Ne m'appelle pas comme ça tu sais très bien que je déteste ce surnom idiot. »

Fabien et Méaly se cherchaient continuellement, se taquinaient sans interruption. Ils s'adoraient, d'une manière assez particulière, mais ils éprouvaient une sincère affection l'un envers l'autre. Ils étaient incapable de se passer l'un de l'autre, mais incapable de ne pas s'envoyer de piques à longueur de journée.

Après ces retrouvailles, toute la classe se dirigea vers le premier cours de la journée. Le temps passa vite, tout le monde avait tant de choses à se raconter après l'été, et les professeurs commençaient déjà à leur parler du bac. Mais Méaly s'en moquait, elle profitait juste de ses amis. Elle commençait à se dire que cette année serait peut-être un peu moins dure que l'année dernière. Elle l'espérait.

De retour chez elle, elle put goûter à la tranquillité et au silence de sa chambre. Cette première journée l'avait épuisée, elle avait vu trop de gens et trop parlé avec eux. Il lui fallait un bon moment de calme et d'isolement après toute cette agitation. Elle lisait lorsque les premiers cris commencèrent à retentir. Soupirant doucement, elle mit ses écouteurs et augmenta le volume pour couvrir la dispute de ses parents. Avec l'aisance que donne l'habitude, elle se replongea dans sa lecture et occulta la présence bruyante de ses parents.

D'aussi loin qu'elle se souvienne, Méaly avait toujours entendu ses parents se disputer. Elle avait été élevée dans les cris. Son père n'était pas quelqu'un de facile à vivre et sa mère le provoquait constamment. Petite, elle ne comprenait pas ce besoin de se disputer, de se réconcilier et de recommencer encore et encore. Lorsqu'elle avait grandi, elle s'était rendue compte qu'il y avait différentes façons d'aimer. Ses parents les aimaient, elle et Maé, et ils restaient ensemble uniquement pour eux.

Enfant, elle demandait à ce que ses parents deviennent très amoureux l'un de l'autre et qu'ils ne se disputent plus jamais. Maintenant, Méaly priait pour qu'ils se séparent et qu'elle puisse enfin vivre dans le calme. De cette enfance, Méaly en avait retiré une grande peur des cris, une maturité précoce et une incapacité à aimer.

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