PARTIE 2.

27 1 3
                                    


L'odeur âpre du bitume, du carburant et de la pollution laissaient doucement leur place à celle de l'herbe mouillée, de la nature et du vent. L'air était humide ce jour-là, il avait plu presque toute la matinée, mais par chance le ciel nocturne était dénué de nuages et les étoiles se voyaient de plus en plus à mesure que Fleur s'éloignait de la contamination aérienne urbaine. Cela faisait bien une heure qu'elle marchait dans la nuit, et elle ne savait toujours pas pourquoi elle faisait une chose pareille. Elle était en train de s'ennuyer à regarder la petite tâche marron de son plafond, de penser à ses rêves d'aventures d'adolescente et puis d'un seul coup elle s'était retrouvée dehors, en bas de son immeuble, sans parvenir à se souvenir par quels étranges moyens elle s'était retrouvée là. Fleur aurait très bien pu retourner dans son appartement, mais comme mue par l'excitation d'une merveilleuse odyssée, elle s'était mise à errer au hasard toute seule dans la nuit. Elle ne savait pas quelle heure il était, elle n'était qu'avec elle-même au bord de la route forestière, s'il lui arrivait quelque chose de grave personne ne serait présent pour l'aider, elle pourrait mourir lentement là, dans le fossé mouillé, mais bizarrement ces pensées l'amusaient plus qu'autre chose. Elle se sentait enivrée comme une adolescente qui part à la conquête de péripéties géniales et qui ne craint pas le danger, et une petite partie d'elle-même se sentait stupide. « Il pourrait t'arriver n'importe quoi. » pensa-t-elle, « Tu pourrais tomber de fatigue et mourir sur la route. » Mais elle ne se sentait même pas fatiguée, comme si son corps avait oublié sa maladie et ce qu'était la fatigue.

À un moment, son pied se posa sur une motte de terre fragile et humide qui s'affaissa sous son poids et Fleur se retrouva avachie dans le fossé. Elle n'eut aucune réaction l'espace de quelques secondes, puis éclata de rire face à l'absurdité de la situation. Elle se rendit compte qu'elle s'était fait mal au bras mais cela la fit rire encore plus, tellement qu'elle en pleurait presque. Elle tourna la tête et aperçut dans la pénombre un pissenlit, elle le cueilli et souffla dessus. Un courant d'air arriva à ce moment-là et emporta avec lui les petites tiges blanches et duveteuses, Fleur les imagina vivre de belles aventures ensemble. Elle se sentait étrangement bien, étalée dans le fossé et un grand sourire habilla son visage. Finalement, ce n'était pas bien compliqué d'être heureux. Un bout de nuit, de la verdure, un pissenlit, de l'aventure. C'était tout ce qui lui avait suffi pour sourire. Fleur pensa qu'on cherchait le bonheur trop loin et que c'est pour ça qu'on ne le trouvait jamais, alors qu'il ne suffisait que de se baisser pour le cueillir. Elle resta allongée dans le trou, écoutant les doux sons de la Nature et les gentils murmures des étoiles, l'herbe lui faisait des chatouilles au visage.

Elle ferma les yeux et se laissa bercer par le vent qui faisait une promenade dans ses cheveux.

On se reverra dans les étoiles.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant