Forêt de Pins

Ne m'oubliez pas

Ne m'oubliez pas

Narratrice : Myosotis

Bonjour, je suis Myosotis, l'esprit des enfants perdus. J'ai reçu le nom d'une toute petite fleur bleue, que l'on nomme également Ne-m'oubliez-pas. Mais pourquoi donc ? Est-ce dû à sa minuscule taille ? Pourtant sa couleur détonne bien sur du vert ! D'une légende ? D'une légende qui provient de ce lieu oublié des hommes, celle d'un amour, d'un drame. Voilà qui est mystérieux et romantique.

Il était un homme et une femme. Il était grand, brun aux yeux verts, moustachu et bienveillant. Elle était fine, blonde aux yeux bleus, malicieuse et douce. Tout deux se promenaient dans ce lieu interdit, main dans la main. La forêt de pins était sauvage et inhospitalière. Seul des filets de lumière passaient au travers des fines aiguilles. Une rivière, au puissant courant, serpentait au milieu des arbres. Mais cette étendue verte offrait le refuge idéal pour ceux qui souhaitaient se cacher. Pour ces jeunes gens, leur amour était proscrit dû à une rivalité entre leur village respectif. Ici, ils pouvaient se protéger des regards indiscrets, des ragots et de la rage. Ils profitaient donc de ces courts instants, toujours proche de la rivière. Parfois, le couple se promenait du côté des petits lacs. Mais ils prenaient soin de ne jamais s'enfoncer dans la forêt. Si seulement l'entente était meilleur, elle et lui pourraient se marier, être heureux. Malheureusement, non. Malgré tout, ils respiraient le bonheur. Le peu de temps passé ensemble, ces moments précieux avaient une telle importance. Lui, travaillait sans relâche pour oublier l'absence. Elle brodait des mouchoirs et tricotait des écharpes en attendant leur prochaine rencontre.

Ce jour-là, comme beaucoup d'autres, le couple se promenait au bord de la rivière. Les rayon du soleil se réfléchissaient à la surface de l'eau, tel de petits diamants. Sur les rives, l'herbe était bien verte et les fleurs venaient ponctuer cette uniformité d'une multitude de couleurs. La jeune femme vit de minuscules tâches bleues proches du courant. Elle s'agenouilla pour mieux les voir et lui fit part de sa trouvaille. Son amant, pour la combler, descendit la rive, tout doucement, cueillir ces petits trésors, semblable aux yeux de la belle. En remontant, il les présenta à sa dulcinée qui, ravie, lui offrit un grand sourire.

Soudain, un grand coup de vent vint déséquilibrer l'homme. Il glissa et tomba dans l'eau. La jeune femme le regarda horrifiée, l'appela et voulu descendre pour l'aider. Mais celui-ci refusa et lui ordonna de rester sur la rive. Hors de question qu'elle se blesse pour lui. Car c'était comme si quelque chose, une force invisible l'entraînait au fond de la rivière. Le plus important, c'était qu'elle aille bien, qu'elle vive. Qui aurait cru que leur séparation arriverait aussi vite et serait aussi brutale ? La pauvre, seule, ne pu rien faire d'autre que le regarder se noyer. Elle pleura toute les larmes de son corps en prononçant le nom de l'être aimé, perdu à jamais.

Après s'être calmée, la femme finit par se relever. Elle regarda une dernière fois la rivière et sa dirigea lentement vers son village. Tout en serrant contre elle, le dernier cadeau de son amant, elle se jura de suivre ses dernières paroles.

« Ne m'oubliez pas ! »

Parait-il qu'elle donna naissance à un adorable petit garçon quelques mois plus tard. Et qu'à son chevet, se trouvait un petit bijou de résine, renfermant de petites fleurs de myosotis. C'était pendant la saison des muguets. N'étais-tu pas jalouse de leur bonheur ?