24 juin

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« Ah. T'es là toi... Qu'est ce que tu fais sur le toit ? Vas-y laisse. J'aurais pas du poser cette question. Hier... hier j'avais plus trop envie de parler tu vois, fin j'sais pas si tu me comprends. Probablement, sinon je serais pas là à raconter ma putain de vie. »

Il s'approche, s'assoit sur l'une des chaises que certains voisins avaient jeté auparavant et que d'autres jeunes avaient monté pour se poser les soirs d'été autour de toutes sorte de boisson ainsi que de merde à fumer.

« J'aurai jamais pu la présenter à ma mère. »

Il rit.

« Elle était tellement barge. Tellement folle. Ouais. Tu t'en doute bien que j'avais réussi à avoir son numéro, mais elle répondait jamais, j'avais fini par croire qu'elle m'en a filé un faux. Ouais, c'est c'que j'te dis, elle était folle. »

Il détache ses cheveux mi-long châtain pour les rassembler et en faire un chignon.

« Elle pensait que j'étais des leurs, j'ai ris. Je lui ai juste dis que j'étais qu'un cramé. »

Il baisse la tête et sourit.

« Je me souviendrai toujours de sa réaction. Genre, elle répond " mais c'est génial " normal, comme si je lui avais proposer une viré à DisneyLand. Je suis resté sur le cul. C'était la seule qui m'impressionnait à chaque fois que je la voyais. Elle sortait du lot tu vois. Tout aller bien, on se voyait souvent pourtant j'me sentais pas heureux parce que je la voyais souvent. Non. J'étais heureux parce que j'avais aucun contrôle sur elle. Ouais, c'est dingue. Toute cette histoire est dingue. Et c'est quand je croyais que j'avais le contrôle, que je pouvais la prendre entre mes mains qu'elle m'échappait le plus. »

Il rit avec sarcasme.

« J'avais l'air con quand j'y r'pense. Ouais, bordel. J'étais vraiment trop con de penser que je pouvais la contrôler, c'était dans ces moments qu'elle m'échappait le plus. »

Il se lève et s'approche du vide.

« C'était elle, elle était ambivalente et c'est ce qui me rendait heureux. J'étais bien juste à l'idée qu'on marchait sur un fil sans savoir où tout ça aller nous mener. Sans... sans savoir quand est-ce qu'on allait tombé et puis elle s'en foutait de ça. Elle vivait. Elle aimait la vie. Et c'était quelqu'un de libre... alors t'imagines bien que je pouvais avoir un quelconque contrôle sur elle, on peut pas contrôler une âme qui émane tellement de lumière. C'était pas possible. »

Son téléphone sonne, il regarde l'écran où est affiché le nom du contact qui l'appelait et il balance son appareil dans le vide. Il lève la tête se forçant à retenir un cri qui voulait sortir des tripes, un cri qui semblait avoir en lui toute la tristesse qu'il avait accumulé depuis des mois. Et pourtant il avait le droit, crier était un exutoire mais quelque chose me dit que ce fait a eu une conséquence grave et qu'il n'ose plus crier, qu'il n'ose plus sortir de ses tripes ces mots qui lui font bien trop de mal.

« Aucun contrôle... pourtant je l'avais serré tellement fort qu'elle m'a échappé. »

Il s'allonge sur le gravier du toit, les mains sur son visage qui remontent jusqu'à son front. Son teint rougeâtre, ses yeux humides. S'en était trop pour aujourd'hui.

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