C H A P I T R E 3

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PREMIERS CHAPITRES EN EXCLUSIVITÉ DE LA VERSION D'ÉDITION 


Le muet, qui n'est plus aussi silencieux que ça, est bientôt interrompu par la barrière humaine qui me protège. À la seconde où mes hommes rappliquent autour de moi, l'atmosphère devient tendue. Je comprends vite que si on ne bouge pas d'ici, cela pourrait dégénérer. Seulement, je suis venue pour une raison précise et l'homme face à moi semble bien décidé à me garder à ses côtés.

— Je croyais que tu avais compris que je souhaitais que tu viennes seule, articule le nouveau venu en refermant la porte derrière lui.

— Tu crois que je vais te faire confiance sur parole ?

— Non, mais je t'aurais cru moins réfléchie que ça. Après tout, foncer tête baissée, c'est ce que tu as fait toute ta vie, surenchérit-il alors que nos hommes gardent toujours leurs armes braquées les uns vers les autres.

Je souris faiblement sous l'ampleur des sous-entendus. Visiblement, il ne s'est pas contenté de me trouver au hasard. Il essaie aussi de me connaître.

— Je vois que tu as bien étudié mon dossier, donc tu sais aussi très bien jusqu'où je pourrais aller pour le récupérer, rétorqué-je.

Il fait signe à ses hommes de détacher le détective, pas si futé que ça. Lorsqu'il passe à ma hauteur, je m'assure d'un bref coup d'œil qu'il aille bien.

— Ils peuvent sortir tous les six, mais toi, je vais te garder encore un peu comme c'était prévu initialement, ajoute-t-il en insistant sur les derniers mots.

Je baisse les yeux vers sa ceinture en voyant dépasser une arme et relève les yeux vers mes propres hommes.

— Escortez-le dehors, commencé-je à l'intention du jeune. Restez devant et au moindre coup de feu, vous avez la permission de tirer dans le tas.

Les motards derrière moi se braquent, mais celui qui captive mon attention depuis le début esquisse un rire énigmatique avant de se décaler pour laisser le troupeau sortir. L'atmosphère semble d'un coup s'apaiser lorsqu'autour de moi, je les entends de nouveau vaquer à leurs occupations comme s'il n'y avait plus aucun danger. Cependant, certains regards continuent à déchiffrer le moindre de mes mouvements. L'homme s'approche enfin de moi en plongeant son regard doré dans le mien. J'y lis quelques secondes de la colère, mais vite remplacée par une émotion indéchiffrable notamment lorsqu'il saisit mon bras pour m'emmener dans l'arrière-salle. Ne souhaitant pas me laisser traîner, je laisse son mouvement en suspens sous les rires moqueurs de ses confrères pour me diriger moi-même dans la gueule du loup.

Je m'arrête dans le couloir sombre, décidée de ne pas faire un pas de plus tant que je n'aurai pas d'explications. Je ne ressens pas de danger immédiat et après avoir analysé les réactions de tout le monde, j'en ai conclu qu'ils ne comptent pas me tuer. Autrement, ils auraient déjà éliminé mes gardes du corps ainsi que le détective pour éviter les témoins. Son épaule percute la mienne vu qu'il ne s'attendait visiblement pas à ce que je m'arrête, plantée au milieu du couloir étroit. Son corps imposant frôle mon dos. Je dévie doucement la tête.

— La réponse à ta question est au sous-sol, marmonne-t-il en coinçant une cigarette entre ses lèvres.

Voilà pourquoi l'autre homme affirmait que je ne voyais que ce qui était en surface de ce diner. Le vrai enfer est en dessous, dans les profondeurs du bâtiment.

— Tu crois que je vais avoir la stupidité de te suivre dans un vieux sous-sol lugubre. Juste toi et moi ? me moqué-je.

Il se penche dans ma direction avec une lueur railleuse dans le regard. Je suis si proche de lui que je parviens à humer une odeur boisée qui se dégage de sa peau hâlée. Son souffle caresse ma joue, provoquant une sensation brûlante de danger dans tout mon être.

𝐒𝐂𝐀𝐍𝐃𝐀𝐋𝐄 (ÉDITÉ) - T1 : La Séduction de MéduseWhere stories live. Discover now