2.

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art. 2 de la loi du meurtre : L'individu convoqué aura jusqu'à son dix-neuvième anniversaire pour accomplir sa mission. Passé ce délai, tout individu n'ayant pas accompli sa mission sera exécuté dans les plus brefs délais.

2.

299 jours avant la fin du délai.

Je n'ai toujours pas ouvert ma lettre. Presque tous les jours ma conseillère personnalisée me fait un discours sur l'importance de buter un innocent pour l'équilibre de la terre. Mon père en fait autant.

Aujourd'hui je ne suis plus le seul à porter ce fardeau. Rémus a dix-huit ans aussi ce jour là. Quant il arrive au lycée, il a l'air que je devais avoir le jour de la rentrée. Il essaye de paraître heureux, et de rire, mais moi je sais que ce n'est pas sincère.

A la sortie des cours, j'ai envie d'aller lui parler mais il est déjà parti. Il a besoin d'être seul. C'est normal.

Le soir il y a une fête. Evidemment Rémus n'est pas là. Il y a quand même Persée pour s'en étonner.

- Il est où Rémus ?

Personne n'a envie de répondre.

- Ben... C'est un jour spécial pour lui, fini par dire Alexander.

- Oh, Ah, oui... comprend enfin Persée.

Nouveau silence.

Soudain Rémus arrive. Son regard est vide. Il a l'air différent. Il s'assoit. Il ne dit rien.

Tout à coup je remarque ses mains. Elles sont tachées de sang.

- C'est fait, dit-il.

Ce soir là j'ouvre ma convocation. Il y a un nom à l'intérieur. Arin Brucolv. Je lance une recherche sur lui sur mon ordi. C'est un vieil homme. Il vit seul. Je suppose que j'ai de la chance d'être tombé sur lui. Ca sera facile. Un tir avec le piqueur, et c'est fini. J'espère en être capable.

Le lendemain je peux enfin annoncer à Mme Marax que j'ai ouvert la lettre. Elle me félicite. Elle dit que j'ai fait preuve de maturité. Le même discours qu'elle sort à chaque élève dont elle s'occupe. Il y en a vingt à part moi. Je ne vois pourquoi on l'appelle conseillère personnalisée.

Je vais parler à Rémus.

- Je crois que je vais le faire ce soir, je dis.

- Il faut que ça change.

- Quoi ?

- Ce n'est pas normal. On ne devrait pas avoir à tuer pour exister.

- Et pourtant c'est comme ça. On n'y peut rien.

- Il faut se battre ! Tuer ce type, ça m'a changé. Son regard, c'était horrible. Je ne veux pas que d'autres gens aient à faire ça.

- T'as raison. Faut la révolution, je dis d'un ton ironique que je regrette aussitôt.

Rémus part, je crois que je l'ai déçu. Et je me déçois. Je commence à ressembler à mon père. Je me rappelle lorsque maman avait était tué, il m'avait dit : « C'est la loi. C'est comme ça. Il le fallait ». J'avais huit ans.

Ce soir, je décide d'en finir. J'attends la nuit, et puis je sors de chez moi. Je mets une vingtaine de minutes à arriver à destination. Je suis devant la maison d'Arin. Je n'ai qu'à sonner à la porte. Il ouvrira, et je tirerai. Il mourra, et je vivrais. C'est aussi simple que ça. Je suis devant chez lui. Je n'ai qu'à appuyer sur le bouton de la sonnette. Je sers fort le piqueur dans ma poche.

Ca y est, j'ai appuyé sur le bouton. Il va ouvrir d'une seconde à l'autre. Il faut que je le fasse. Je n'ai pas le choix.

Mais je ne peux pas.

Je m'enfuis en courant. Je ne suis pas encore prêt.

la loi du meurtreWhere stories live. Discover now