Chapitre 26 ( et fin )

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       J'entendis des bruits de pas. La première à être arrivée était Léopoldine. Elle portait un long manteau, assez fin, d'un joli violet pâle.

« Salut Céleste.

- Salut.

- Tu as quelque chose à me dire ?

- J'attends que Laura arrive pour le faire.

- Tu lui as dit de venir !?

- Oui. Tiens, regarde ! Quand on parle du loup. »

       Laura arrivait, un chignon sous son chapeau à large bord, habillée d'une veste en cuir blanc.

« Léopoldine.

- Rubis. »

       Même si elles étaient complices, elles continuaient de se détester. Je me demandais ce qu'attendaient les policiers pour intervenir. Je tapais du pied, sur les nerfs. Ils voulaient des aveux ? Ils avaient déjà tout ce dont ils avaient besoin !

« Céleste ? Qu'est-ce qu'il y a ?

- Attend Léo, ça va venir.

- De quoi tu parles ?

- Tu verras. »

       Léopoldine commençait à se sentir en trop. Elle était gênée d'être entre ma sœur et moi, et savait que son implication dans l'histoire est moindre que la nôtre. Elle mâchouillait une courte mèche de cheveux, le regard hagard, fixant ses pieds.

       Laura, elle, s'en fichait totalement. Elle sifflotait, souriante. Elle se dandinait en une danse légère. Elle ne soupçonnait rien. Son indifférence m'énerva. Je me rappelais que je devais d'abord lancer le sujet, pour avoir des aveux de complicité de Léopoldine. Je décidais d'attaquer, et la première chose qui me vint fut pour celle-ci.

« Léo, je suis au courant de toute l'histoire concernant Scarlette. Laura m'a avoué que j'avais raison, elle peut te le confirmer.

- C'est vrai.

- Voilà. Mais je tenais aussi à vous signaler qu'on est cerclées par la police actuellement. J'ai tout balancé hier. »

       L'albinos se statufia et Léopoldine poussa un cri. Je riais devant leurs réactions. Je me délectais de ce retournement de situation. Tel est prit qui croyait prendre...

« Tu n'as pas fait ça ! hurla la fille aux cheveux châtains.

- Bien sûr que si ! Vous m'avez trahie de la pire manière qui soit. Toi Laura, tu as tué celle que j'aimais par jalousie. Et toi Léo, tu m'as menti alors que tu savais que j'avais le cœur brisé ! Je vous le fais payer maintenant. Rien de plus, rien de moins. »

       Léopoldine serrait les poings, se mordant la lèvre.

« Je ne te crois pas !

- Et pourquoi donc ?

- Tu ne m'aurais pas fait ça !

- Rien ne m'en empêchait.

- Je t'ai toujours été fidèle ; je t'ai préféré à l'amour de ma vie pour arrêter de te trahir. Je t'ai toujours aidé ; j'ai retrouvé un membre de ta famille disparue. Je t'ai toujours protégée ; j'ai caché le cadavre de Scarlette avec Laura pour pas que tu ne souffres en le revoyant. Qu'aurai-je pu faire d'autre ?

- "La vérité fait mal, mais le mensonge détruit." Tu connais cette citation ? À ce moment de l'histoire, elle est parfaitement à sa place. Mais je te remercie.

- P-pardon ? Mais pourquoi ?

- Tu viens de faire les aveux dont avait besoin la police pour vous arrêter. »

       Pendant que Léopoldine s'insurgeait, les larmes aux yeux et apeurée, ma jumelle se rapprocha de moi rapidement.

« Oui Laura ?

- Céleste, connais-tu les significations des fleurs ?

- Non, pourquoi ? »

       L'arrivée brusque des policiers coupa notre conversation. Merlona demanda aux filles de s'écarter de moi, de lever les mains et de se mettre dos à eux. Léopoldine était terrifiée et n'osait pas bouger. Laura les regarda, fronça les sourcils, se retourna vers moi et répondit à ma question précédente.

« La signification des fleurs est un passe-temps que j'apprécie. Les roses noires signifient que notre amour est profond, éternel et qu'il perdurera jusque dans la mort. Je suis ta rose noire, et tu es celle de Scarlette. Des pétales sont tombées, du sang a coulé. Celle que tu aimes est morte. Maintenant nous allons la rejoindre.

- Qu'est-ce que tu racontes ? Jamais je ne te suivrai dans la tombe ! Merlona !

- Je t'aime d'un amour si passionnel que je pourrai tuer quiconque nous empêchera d'être ensemble. Et si tu n'es pas capable de comprendre ce que je ressens, alors tu ne mérites pas de vivre ! Mais nous allons mourir ensemble, ma sœur. »

       Si Laura ne peut pas avoir sa sœur jumelle exclusivement pour elle, si la grande brûlée ne peut pas posséder le bonheur qu'à l'albinos, personne ne l'aura. Je m'étais fait avoir par mon propre sang.

       Laura sortit, dans la poche interne de sa veste, le couteau qui lui avait permis de tuer Scarlette. Il était encore tâché de son sang. Ma schizophrénie ressortit d'un coup, et j'allais de l'avant. Toute personne censée se serrait reculée, aurait hurlé à l'aide et courut en sens inverse. Pas moi. Pas avec ma maladie. Je voulus lui sauter dessus, criant des injures plus fortes les unes que les autres, en proie à une haine et une vengeance d'une rare intensité.

       Soudain, Laura se jeta elle aussi sur moi.

« NOOOOOOON !!! »

       Ce n'était pas moi qui avait hurlé ; j'étais submergée par la colère. Léopoldine courut et me poussa au dernier moment. Je la plaquais contre moi, l'emprisonnant de mes bras. Je ne savais pas ce que je faisais. Tout ce dont j'avais conscience, c'était de ma rage envers ces deux filles qui m'avaient provoqué malheur sur malheur ; la perte d'un être cher, la découverte de mon adoption, des trahisons.

       Nous étions de profil vis-à-vis de Laura. Qui allait se prendre le poignard ? Les policiers n'eurent pas le temps d'intervenir avant qu'un cri de douleur ne retentisse.

       De cet acte s'ensuivra une mort, que peu de gens aurait pu prédire.








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Un épilogue sera à suivre, ainsi qu'un chapitre de remerciements et d'info. Vous seriez adorable de me donner votre avis s'il vous plait !

Doubles Roses Noires (TERMINÉ)Where stories live. Discover now