Qui a enlevé Suze ?

A l'attaque !!!

L'équipe au grand complet étaient sur le pied de guerre. Zinc venait de déposer une enveloppe kraft dans une poubelle dans la station de métro de la porte Sud, sous la publicité d'une fameuse boisson pétillante. Rasta et Raca se tenaient prêt. Un homme vêtu d'un jeans délavé et d'un blouson de cuir élimé s'arrêta, alluma une cigarette et tout en faisant semblant de jeter son paquet vide, se saisit de l'enveloppe brune.

Les deux rats émirent un sifflement strident, les guetteurs de la bouche d'aération galopèrent à toute vitesse vers la sortie pour alerter les pigeons. Ceux-ci repérèrent l'individu et en rase-motte le suivirent jusque chez lui. Puis Mermoz alla prévenir Leader qui avertit aussitôt Bijou qui s'empressa de gueuler sur tout le trajet pour informer Matricule que l'individu en question habitait le n°7 rue du Coin au premier étage. Aussitôt dit, aussitôt fait, les trois mistigris détalèrent avec légèreté, du mois en ce qui concernait Clochette et se rendirent devant l'immeuble du kidnappeur. Firmin de part son grand âge, il avait quand même 13 ans, resta sur le trottoir, cependant que Clochette et Chiffon entreprenaient l'ascension de la gouttière nord, en passant par le treillis garni de géranium de la fleuriste et en sautant sur l'auvent de l'épicerie marocaine. Ils atteignirent enfin la fameuse fenêtre du premier étage qui était légèrement entr'ouverte car c'était celle de la salle de bain. Chiffon s'affala comme une carpette.

- Ce n'est plus de mon âge, dit-il en soufflant comme un phoque.

- Tu passes ton temps à te bâfrer et roupiller au soleil, faut pas chercher plus loin ton manque de tonus. Allez courage ! Clochette miaula et en réponse Suze émit un appel plaintif.

- Je suis ici dans le débarras !

- Mince ! La porte est fermée ! s'écria Chiffon.

- Ben , tu sais donc pas ouvrir les portes ? s'étonna Clochette.

- Ca n'est pas donné à tout le monde, tu vois bien que Suze ne le sais pas non plus, pour preuve elle est toujours bloquée dedans.

- Alors à moi de jouer.

La chatte sauta prestement sur la poignée qui bascula et ouvrit la porte sur une Suze qui cligna des yeux.

- Ne restons pas traîner ton ravisseur risque d'arriver d'une minute à l'autre, lança Chiffon sur le rebord de la fenêtre.

Nos trois félins s'éclipsèrent en moins de temps qu'il ne le faut pour le dire et rejoignirent la foule des badauds sur le trottoir avec Firmin.

Dans le bar tabac Ludovic Zinc ne tenait plus en place, il attendait le retour de sa chatte. Les clients faisaient de même.

- Tu t'es fait avoir Ludo, lui dit un buveur de café, t'as payé cash, mais qui te dis que le type qui a ta minette va te la rendre ?

- Il n'y a pas de code d'honneur chez les kidnappeurs ? demanda celui-ci.

Tout l'estaminet s'esclaffa.

- Tu es bien naïf ! répliqua un grand type avec un jean élimé et un blouson de cuir, tant que tu tiens à récupérer ta chatte, tu devras cracher au bassinet, c'est moi qui te le dis.

- Ca m'étonnerait, voilà Suze ! criat-il si fort que plusieurs clients en avalèrent de travers.

Ludovic se précipita vers sa minette, mais celle-ci gonfla les poils et cracha vers l'homme au blouson de cuir, aussitôt celui-ci se leva et se précipita vers la sortie, mais un comité d'accueil particulier l'attendait. En effet face à lui se trouvaient les chiens et chats du quartier qui montraient leurs crocs de façon peu amicale. Les pigeons l'arrosèrent de fientes dès qu'il eu mis le nez dehors. L'homme s'enfuit à tout allure vers le square, mais il s'emmêla les pieds dans une demi douzaine de rats d'égouts et trébucha de tout son long. Il se releva et tenta de rejoindre le parc où il fut rattrapé par Matricule qui le plaqua au sol pendant que Bijou et Bones lui glissait le pantalon sur les genoux.

- A toi de jouer ma belle ! lança Chiffon.

Suze ne se fit pas prier, d'un coup de griffe magistrale elle marqua le postérieur de l'individu qui l'avait séquestré, celui-ci poussa un hurlement de douleur. Il ne pourrait plus s'assoir pendant plusieurs jours. Il se releva penaud et pris ses jambes à son cou.

Pendant ce temps, un attroupement s'était formé à l'entrée du parc et tout le quartier avait vu la correction qu'avait subi l'homme, se fut dans l'hilarité générale que Suze rejoignit les bras de son maître. Cependant Bijou avait récupéré dans la poche du jean une enveloppe de papier kraft qu'il déposa aux pieds de Zinc, éberlué.

La vie a reprit son cour normal, Chiffon guette les pigeons en se léchant les babines lorsqu'il daigne sortir dans le square, Suze a retrouvé son tabouret, Firmin, Clochette et Bijou leurs appartements, Matricule son poste de permanence et Bones sa place devant la vitrine. Quant aux pigeons ils tournoient de-ci de-là en faisant la nique aux ras-motte, comme ils appellent ceux à quatre pattes. Les rats quant à eux, veillent à faire fructifier leur culture d'herbe dans les tunnels du métro.