Je t'adresse cette lettre afin de te faire part d'une expérience quelque peu curieuse...
Mon cher Émile,
Hier soir, comme à l'accoutumée, Joseph et Hélène Duval sont venus dîner à la maison pour une nouvelle fois épiloguer sur l'avancée fulgurante de l'automobile. Mais cette fois-ci, je conviai le Dr. Petit, médecin et ami de longue date, pensant que cela pourrait nous donner à débattre. Nous discutions de tout et de rien quand soudain, Hélène Duval, ennuyée pas la conversation, interrogea le Dr. Petit :
-"Parlez-nous un peu de vous mon cher...Tiens ! En quoi consistent vos recherches, la variole, la tuberculose..."
-"Oh non ! Certainement pas !" Répliqua le Docteur qui depuis là, n'avait pas dit un mot. Mme Duval, un peu vexée par la réaction de son voisin déclara sur un ton grinçant :
-"Ah, mais alors dites-nous en plus, sur vos recherches..."
Le Dr. Petit, manquant de la couper, poursuivit :
-"Le mieux serait peut-être une démonstration, ne pensez-vous pas ?"
Les Duval et moi-même fûmes enchantés et à la fois perplexes devant cette invitation. Le Dr. Petit appela Mme. Duval à se lever puis à se rendre dans le petit salon afin d'y prendre place. Ensuite, il lui pria de bien vouloir s'asseoir. Il commença par lui disposer un drap de mousseline noir sur la tête, recouvrant par la même occasion entièrement son corps. Puis, il lui marmonna quelques mots à l'oreille. À la suite de quoi, il commença à déblatérer des phrases fantaisistes afin d'endormir sa patiente. Puis il lui murmura de nouveau à l'oreille mais cette fois-ci, il échappa un petit rire vicieux. Il réveilla Mme. Duval d'un claquement de doigt.À son réveil, Mme. Duval avait l'air changée, comme si ce n'était pas elle, assise sur cette chaise. Son mari, inquiet, commença à lui parler, comme pour savoir ce qui clochait. Mme. Duval devint furieuse, elle hurla sur son mari presque immédiatement puis lui jeta son verre d'eau qui été posé sur le coin de la table. Elle piétina et cracha à terre. Elle devint incontrôlable, son mari, M. Duval, essaya de la calmer en vain...Il se tourna alors vers le Dr. Petit pour éclaircir la situation et arrêter l'expérience. Le Dr. Petit, lui, lâcha un petit rire de mépris puis d'un seul mot, il apaisa la colère de Mme. Duval . Il la fit se rasseoir puis lui remit le drap de mousseline noir qui avait glissé lors de son emportement et d'un claquement de doigt, elle s'endormit. Quelle ne fut pas notre surprise ! M. Duval supplia le Dr. Petit de réveiller sa femme telle qu'elle était auparavant. Sur ces mots le Dr. Petit s'exécuta et Mme. Duval se réveilla, toute perturbée, elle qui était si jovial et accueillante, était manifestement indisposée. Son mari, soulagé, l'embrassa et de son air viril et malicieux ne restait plus qu'un homme apeuré et renversé. Jusqu'à présent, Mme. Duval n'en a jamais reparlé, de ses dires, elle n'en n'a aucun souvenir...
Alors, mon cher Émile, que dois-je donc penser ? Est-ce là de la science ou de la magie ? Était-ce donc bien réel ? Est-ce une supercherie ? Le Dr. Petit est-il un fallacieux ? Je l'ignore. J'ai beau retourner la situation dans tous les sens, je suis incertain. Je ne peux hélas qu'émettre des suppositions. Je t'en supplie Émile ne me laisse pas là, dans l'inquiétude et le doute.
Cordialement
Louis-Ferdinnand
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