Ne T'arrête Pas De Parler (Sous Contrat D'édition)

Renaud

- Salut.

Salut toi.

- Comment vas-tu ?

Et bah écoute je pète le feu comme tu vois.

- Ouais je sais, c'est complètement con comme question.

Ah ça, tu l'as dit.

- Mais bon, pour ma défense c'est pas vraiment facile de parler à quelqu'un dans le coma... désolé mec.

De quoi ? Je sais que je suis dans le coma hein, pas la peine de prendre des pincettes avec moi.

- En fait, je ne sais pas trop quoi te dire.

Raconte-moi ce que vous faites en dehors d'ici. Parle-moi de mon homme.

- Tu veux peut-être que je te raconte ce qu'on fout de nos vies hein ? Tu veux que je te parle d'Allen ?

Bah voilà, on se comprend. Aller vas-y je suis tout ouïe.

- Pfff et bien en fait on est un peu tous sur le cul depuis ton accident.

Ah ! J'ai donc eu un accident.

- C'est carrément glauque même, on est tous, comment dire, paumés sans toi.

Ouais je m'en doutais, je suis le pilier de notre groupe héhé. Aller, ne sois pas si dramatique, vous vous passeriez très bien de moi si je ne me réveillais pas.

- On vivote, on laisse faire le temps. On se voit un peu plus. Je crois qu'on a tous pris conscience que la vie est courte.

Si tu pouvais me dire depuis combien de temps je suis là, ça m'aiderait pas mal.

- Depuis ton accident Allen va mal. Ça fait un mois qu'il vient ici tous les jours et... il s'enfonce. Il déprime carrément. Mais bon, c'est compréhensible.

Un mois ? Merde. Mon pauvre amour.

- Je suis pas bien moi non plus tu sais. On avait l'habitude de se voir souvent, de s'appeler et tu laisses un sacré vide là. Ça serait bien que tu te réveilles tu sais.

Bah écoute, j'y travaille. Je fais de mon mieux mais, bon, ce n'est pas aussi simple que ça.

- Pffff.

Ah ça c'est éloquent. Je vous présente Renaud, mon meilleur ami, dans toute sa splendeur. Il s'exprime bien hein ? Bon je plaisante mais le voir ici me fait un bien fou. J'ai tout de suite su que c'était lui quand il est arrivé. Tout simplement parce qu'il empeste la clope. Il a dû fumer juste avant de venir, devant les portes de l'hôpital même. Peut-être pour se donner du courage. Pas facile de venir visiter le pote comateux.

Bref, Renaud. Il est entré sans frapper et est directement venu s'asseoir à côté de moi, sur le lit. C'est cool, j'aime bien, on a toujours été proches tous les deux et ça ne change pas.

- Tu me manques.

Oh. Toi aussi tu me manques.

- Je viens souvent tu sais.

Non je ne le savais pas.

- C'est vraiment pas facile de te voir comme ça. C'est rare de te voir immobile, tu es plutôt du genre à toujours bouger d'habitude.

Haha c'est vrai ça. J'ai beau aimer être posé au calme, lorsque je sors avec mes amis, et en particulier avec Renaud, je suis un vrai bout en train. Mais bon, là, c'est un peu compliqué pour moi. Désolé.

- Je ne sais pas si tu m'entends.

Je t'entends.

- J'ai fais des recherches tu sais. Il paraît que les personnes dans le coma réagissent aux sons. Enfin ça dépend du stade du coma.