Chapitre 1

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 Bon sang, même pas sept heures du matin et je suis épuisé, foutues insomnies, compagnes de mes nuits depuis si longtemps. Cela fait si longtemps que je ne me souviens de la dernière fois où j'ai bien dormi. Foutu cerveau qui refuse d'arrêter de penser.

Est-ce un poid-lourds qui n'avance pas, ou alors est-ce encore un vieux qui roule à deux à l'heure dans une de ces bouses hors d'âge ? Même pas sept heures et j'enrage. Attention, ne vous me méprenez pas, je ne suis pas pressé d'arriver dans mon enfer quotidien, c'est juste que je n'aime pas ne pas avancer quand je suis au volant.

Les nombreux véhicules qui me précédent bougent enfin. Le débile de devant a sans doute tourné, ou est tombé dans le fossé. Bref, je progresse vers l'Enfer et remarque que les phares des voitures illuminent la campagne par intermittence, dévoilant des arbres aux branches nues. J'adore l'hiver, mais là, ça ne fait que me renvoyer à ma morne existence, à ma mortalité.

L'autoroute est déserte. Tant mieux, je vais pouvoir lâcher les chevaux et décrasser le moteur de ma voiture. Est-ce ce semblant de montée d'adrénaline qui me fait sentir vivant ?

Néanmoins, je n'aurai pas dû rouler si vite car je suis arrivé devant le sinistre bâtiment bien trop rapidement. J'ai toujours la même impression en le regardant. Ses grands murs gris, son sol en béton gris tâché par de nombreuses huiles de moteur me donne envie de gerber. Bref, il est temps d'entrer.

Je sers machinalement la main de mon boss, pas un mauvais bougre mais il n'a pas les épaules pour gérer une équipe. Nous sommes encore seuls pour l'instant, je me mets machinalement à l'ouvrage. Les mêmes gestes. Encore. Toujours. Je suis autant épanoui qu'un poisson hors de l'eau.

Peu à peu, les autres débarquent. Bande de faux-cul, que j'aimerai vous remettre à votre place. Dommage que j'ai tant besoin d'argent ce qui m'oblige à faire profil bas.

Bon sang, j'ai du être une sacré ordure dans une vie antérieure pour me retrouver ici.

Nervous BreakdownWhere stories live. Discover now