01/02/2018

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Ca ne vous est jamais arrivé de vouloir changer de vie ? Moi si.

Je me suis toujours servit des livres et des films pour m'évader, pour suivre mes rêves impossibles et pour fuir mon quotidien si monotone. Il suffit d'un film fantastique ou d'un roman d'aventure pour que je me sente capable de tout faire ! Les drames peuvent me faire pleurer, mais les comédies aussi. Les grandes fresques arrivent à me paraître si réelles que je parviens parfois à effleurer les héros, mais aussitôt ils disparaissent, car l'encre n'est pas du sang, un adjectif n'est pas un sentiment, une page n'est pas un corps vivant.

Une vie de princesse, une vie de guerrière, une vie pleine de magie... mes histoires donnent vie à mes espoirs, mes personnages me font vivre, à travers eux je fuis, je m'échappe de cette vie. Si chaque histoire était une planète, je deviendrai astronaute pour pouvoir toutes les visiter. J'ai souvent souhaité que mes songes deviennent réalité, mais jamais ce souhait ne s'est exaucé. Peut-être n'ais-je pas souhaité assez fort, ou cela est simplement impossible.

Aujourd'hui, je sais que jamais je ne pourrai vivre ces rêves, alors j'essais de ne plus y penser, mais ils sont gravés au plus profond de mon âme, et je ne peux m'en détacher. J'aime tellement me laisser bercer par mes rêves, les laisser m'emporter, jusqu'à que la triste réalité ressurgisse, sournoisement mais si habilement. Pourquoi est-ce si dur de devoir vivre sa propre vie ?! Je me pose toujours la question, mais rien ni personne n'a répondu, et personne ne le pourra jamais. J'ai souvent voulu ne pas vivre à cette époque, ne pas vivre dans cette histoire, mais cette histoire c'est la mienne et sans elle je ne suis rien...

Alors je m'adapte, je tente de faire bonne figure... A quoi peut bien servir la pensée si particulière de l'Homme si ce n'est pas à dépasser sa réalité, à la transcender ? Je suis loin d'être la seule à me bercer d'illusion, ne nous mentons pas, vous avez tous fait comme moi à un moment de votre vie, à plus ou moins grande échelle bien sûre...

Mais c'est le lot de chaque mortel de rêver de pouvoir, de magie, d'amour, de fin heureuse. Que serait notre vie sans cela : un désert d'ennuie. Les personnes qui disent se contenter de leur vie suffisante mentent, on veut forcément changer au moins une chose à sa vie, faire un retour en arrière ou une pause à un moment bien précis. Qui n'a jamais voulu revenir en arrière pour changer un moment de sa vie ou ne serait-ce que pour dire des choses que l'on regrette de ne pas avoir prononcées ? Les regrets, c'est ce qui nous ronge de l'intérieur... Qui ne regrette pas de n'avoir pas dit au revoir à une personne qu'il aimait avant qu'elle ne parte, de ne pas lui avoir dit à quel point il l'aimait avant qu'il ne soit trop tard ?

Le plus grand regret de ma vie se résume à cela : un adieu non prononcé et de ce fait encore plus douloureux. Un deuil inachevable parce que je n'ai pas su dire les choses quand il le fallait. Et ce regret qui me ronge un peu plus chaque jour, cette peine qui grandit dans mon cœur, ces souvenirs qui m'assaillent à chaque instant...On regrettera peut être tous un jour des paroles prononcées trop tôt, mais ce qui est certain, c'est que l'on regrettera tous les paroles dites trop tard, devant les tombes et les souvenirs.

Mon histoire c'est l'histoire d'une fille qui a perdu l'être le plus cher à ses yeux, son père, et qui n'a pas eut le temps de lui dire à quel point elle l'aimait. Mon histoire c'est l'histoire d'une fille comme une autre qui a vu son monde basculer en une fraction de seconde et qui a vu son avenir s'obscurcir. Mon histoire c'est l'histoire d'un adieu douloureux et impossible à surmonter... Mon histoire c'est l'histoire d'une fille qui a connu plus de morts que de naissances. Et cette histoire j'ai besoin de la raconter aujourd'hui, non pas pour vous, mais pour moi, pour mettre des mots sur ce que je ressens, sur cette peine, et surtout pour mettre noir sur blanc les souvenirs qui s'estompent un peu plus chaque jour.

 Ca ne sera pas une autobiographie, je n'ai nullement la prétention de pouvoir faire cela et encore moins d'avoir une vie assez intéressante pour faire cela. Mais ceci sera comme un journal intime, sur lequel je m'épancherai lorsque j'en aurais besoin. Qui sait, peut-être qu'un jour quelqu'un tombera là-dessus et se dira « tient, c'est pas mal », mais ce n'est pas mon but. Et puis, par quoi commencer ? Comment donner un sens à tout cela ? La seule chose dont je sois certaine c'est d'avoir un trou béant dans le cœur là où devrait se trouver une joie extrême. Assez difficile comme point de départ, surtout si on prend en compte le fait que je déteste parler de ce trou béant, ou plutôt de ce qui l'occupait avant ce 28 Mai 2011. Car oui, j'ai besoin d'en parler mais je n'y arrive pas... vous comprenez, c'est un besoin viscéral de parler de tout l'amour que j'ai pour lui, mais je n'y parviens pas, comme si la dernière chance de lui dire enlevée par la faucheuse, je ne pouvais plus jamais le faire. Comme si j'avais peur de me faire encore plus de mal. Ne pas parler de lui, de moi, de nous, ça aide à ne pas penser à la triste réalité : mon père est mort. Tout est finit, il ne me parlera plus jamais, ne rira plus jamais, ne me regardera plus jamais de son si beau et profond regard bleu... Non, plus rien, plus de joie, de partage, d'amour, juste le vide, un vide immense, dans ma tête et dans mon cœur. Mais un vide physique aussi, un déménagement, une chaise vide... et une tombe pleine


journal ordinaire d'une fille ordinaireWhere stories live. Discover now