Mère Nature se bat pour vivre

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Chapitre 1

Mère Nature se bat pour vivre.

Tout va vite. Rien ne reste en place, tout est en fusion permanente. La Terre est toute jeune, et des astéroïdes martèlent sa surface, métamorphosant cette protoplanète en un véritable enfer. Toutes ces collisions accentuent l'échauffement des roches, sans parler des éléments métalliques qui brûlent au cœur de la boule en fusion. Heureusement, l'un de ces métaux bouillonnants forme un champ magnétique qui protège la planète de bon nombre de particules cosmiques extrêmement nocives pour tout ce qui pourrait vivre, pour tout ce qui pourrait survivre.

Ces collisions et cette chaleur continuent à mener la vie dure à la Terre, pendant longtemps. Très longtemps. Mais Mère Nature souhaite exister plus que tout, alors elle résiste. Nulle fournaise ne peut venir à bout de sa volonté. Nul enfer ne peut annihiler sa force de vivre.

Un jour, Mère Nature aperçoit une boule de roche semblable à la Terre, juste un peu plus petite. Cette protoplanète étrangère se rapproche chaque jour. Si elle ne modifie pas sa trajectoire actuelle, elle va percuter la Terre et détruire les chances de Mère Nature de pouvoir un jour exister. Mais Dame Nature n'en veut pas à cette planète, elle sait que ses actions sont indépendantes de sa volonté : elle est sûrement influencée par la gravité de la Terre, qui grandit en même temps que la nouvelle-née du Système Solaire accroît sa masse en attirant les roches proches d'elle.

L'inévitable se produit, et Théia entre en collision avec la Terre. L'enfer empire encore. Une grande partie de la Terre est arrachée et éjectée dans l'espace, ce qui déchire en profondeur la chair de la planète encore toute jeune. Mère Nature, bien qu'encore inexistante à proprement parler, ressent cette douleur incommensurable et aimerait hurler dans le vide de l'espace. Rien ni personne ne l'aurait jamais entendue, le son ne se serait jamais propagé, mais qu'importe. La souffrance est trop grande, même pour elle.

Au fil du temps, les débris de Théia et de la Terre s'assemblent. Les morceaux les plus lourds de Théia rejoignent les profondeurs de la Terre, les autres se condensent avec les débris de la plus grande des deux protoplanètes. Après quelques temps à orbiter ensemble autour de la Terre, les débris restant forment un même corps, qui grâce à sa propre gravité créée par sa masse, devient sphérique et tient compagnie à la planète Terre dans son voyage stellaire, orbitant autour d'elle. Grâce à ce tout nouveau satellite, Mère Nature voit le Système Solaire en création sous un nouvel angle, et la Terre semble un peu plus stable dans l'Univers.

Malgré ce qu'apporte la Lune de bénéfices, sans cette collision, Théia aurait sûrement pu continuer de grandir, et un jour, elle serait peut-être devenue une planète à part entière, abritant pourquoi pas la vie. Alors Théia reste dans un coin de l'immense cœur de Dame Nature, cicatrice douloureuse, sacrifice sans doute nécessaire, mort prématurée.

Mère Nature pensait qu'après tant de souffrances, la vie s'installerait plus facilement, que les choses s'amélioreraient. Mais non. Il n'y a ni oxygène, ni eau, et des roches de toutes tailles continuent de percuter la Terre en permanence. Les roches de la planète sont en fusion jusqu'à mille kilomètres de profondeur. À cause du magma, l'atmosphère commence à se remplir de gaz tels que l'azote, le dioxyde de carbone, l'ammoniac, le méthane ou la vapeur d'eau.

De l'eau. Mère Nature pourra peut-être en faire quelque chose...

Enfin, la surface commence à se refroidir. La Terre est toujours bombardée par différents objets, mais Mère Nature aperçoit la lumière au bout du tunnel, l'horizon n'est plus bouché par les catastrophes destructrices.

Puis, un beau jour, de l'eau commence à tomber du ciel. De l'eau. De l'eau liquide. Mère Nature observe ces milliards et ces milliards de gouttes hyalines, translucides, apaisantes. Pour Mère Nature, elles sont des gouttes d'espoir à l'état pur. Et, un certain temps après le commencement de ces pluies, d'immenses étendues d'eau se forment : les océans.

Mère Nature se bat pour vivre.

 Mère Nature se bat pour vivre

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