Chapitre 4

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J'ai apporté ma fiole durant la sieste de Noha, je suis angoissée, j'ignore si j'ai bien fait. Ce soir, je devrais lui faire une autre injection, et si c'est nocif pour lui... Qu'est-ce que je dis, bon sang, j'ai l'impression de parler comme si cette famille tente de tuer leurs fils. Je vais attendre les résultats, et pour l'instant, je ferais comme d'habitude.

Perdue dans mes pensées, j'allume le robinet, laisse la baignoire se remplir lentement, place des gouttes d'huiles pour relâcher ses muscles et j'imagine encore ce beau jeune homme au regard profond me sourire avec tendresse. Est-ce possible ? Dieu, que j'aimerais que ça le soit.

- Bonjour, mademoiselle, je viens porter monsieur pour son bain.

Je recommence à agir comme une folle à lier. Déshabillant Noha, j'ai l'impression que son corps est plus lourd que d'habitude. Evitant de reluquer son entre-jambe, je me contente de fixer ses yeux, et j'ai l'impression qu'il rougit, certainement comme moi en ce moment. Me reculant, je laisse George le saisir et le porter jusqu'à la baignoire à moitié pleine.

Je tourne le robinet pour couper l'eau, Noha est couché, je me rassure et tâte ses aisselles, il ne faudrait pas que ce qui le maintient le blesse. D'ailleurs, sent-il la douleur ? Comme ça doit être cruelle d'avoir mal et de ne pas pouvoir se soulager en passant sa paume sur la blessure. George me demande si j'ai besoin d'autre chose, et je me reprends tout en prenant le savon et le gant de toilette.

- Pas pour l'instant, merci, je t'appellerais pour le sortir de là... J'aimerais qu'il se détente un peu, c'est bon pour ses muscles.

- Bien, mademoiselle, réplique-t-il en souriant tendrement. George est un homme bien, et j'ai commencé à le tutoyer pour qu'il le fasse aussi, vainement.

J'ai l'impression que tout le monde ici s'étonne de ma façon de traiter les patients. Ils sont malades, certes, ça n'en fait pas moins des êtres humains. Au contraire. Un homme dans le besoin est d'autan plus sensible à la douceur. Je lave Noha et me perds dans ses prunelles... Dieu, il est si beau, et pourrait être ... tellement plus.

- Excuse-moi pour hier, dis-je, j'ai dû ressembler à une folle en refusant de...

Noha détourne la tête, il l'a fait tout seul et mon cœur se met à marteler tant je suis sous le choc. Comment est-ce possible ? Je me détourne vers la porte, et une fois encore, mon patient bouge sa tête, comme pour m'arrêter, comme pour me mettre en garde, comme pour... s'exprimer. Et bêtement, j'imagine la salle de bain mise sous écoute... Quelle gourde, je regarde trop les films. Néanmoins, je couvre ma dernière phrase avec une chose tout à fait différente.

- Rick n'a pas le droit de me faire des avances devant toi, ce n'est pas professionnelle, d'où mon refus assez catégorique...

Je retiens mon souffle, imagina Noha se marrer tant j'ai l'ai stupide, cependant, son expression toujours stoïque me donne l'impression de paraître... soulagée. Je le lave, le cœur battant, je me sens idiote, tout en espérant je ne sais quoi.

Je dois avoir des palpitations, mon cœur martèle si fort que j'ai du mal à respirer, j'ouvre la sortie de l'eau, le rince des mains tremblantes, son regard ne me quitte pas mais je n'ai pas le force de l'affronter. Il a bougé la tête. Il a bougé la tête de lui-même. Il a essayé de communiqué, et je ne suis pas sûr de pouvoir connaître ses raisons... je suis terrifiée.

J'appelle George d'une voix trop aigue, je le sens étonnée, j'ai fait plus vite que prévu, mais je ne sais pas quoi inventer pour qu'il ne me juge pas d'ingrate, de menteuse, de manipulatrice ou autre. Bon sang, je délire, cet homme se fiche complètement de qui je suis. Une fois sec, Noha est emmené sur son lit, et je me dépêche de l'habiller et de lui poser un nouveau sachet pour l'évacuation de l'urine.

Pour l'amour de l'orWhere stories live. Discover now