Prologue (1)

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Ilia

     Un chant d'amour et de tendresse résonnait dans cette plaine d'arbre et de verdure recouverte de neige, où le soleil peinait à pénétrer. Je marchais d'un pas rapide, entre les troncs rayés de marron et de blanc aux traits réguliers, comme s'ils avaient étaient tracés avec un quelconque instrument, pour obtenir une symétrie parfaite entre le chemin et eux. 

Le paisible murmure du temps, emplie de symphonies aux accords subtils et aux instruments invisibles, résonnait à travers l'épais massif de feuilles qui m'entouraient. 

     Les branches, qui dansaient quelques minutes auparavant, venaient de cesser leur danse avec le vent, les oiseaux qui fredonnaient des airs doux et accompagnant les branches aussi c'étaient tuent. Mes simples pas résonnaient, dans la forêt sombre, sur la neige épaisse rendant difficile les pas. 

     Quelques gouttes de sang aux couleurs de rubis, voletaient de ma cuisse avant de s'écraser sur le sol, en silence, laissant sur le sol immaculé quelques traces pourpres.

     Des pas irréguliers retentirent dans mon dos, mon cœur se mit à accélérer d'un seul coup, tandis que mes pieds et mes jambes couraient comme elles pouvaient dans la neige, un rugissement bestial résonna dans mon dos, et me glaça jusqu'au os. Mes membres se stoppèrent net, je m'écroulais au sol. Les yeux ouverts, la neige me gelais, et je respirais bruyamment, tentant de regarder une quelconque chose face à moi. Il fallait que je me cache, que je trouve un abris, que je monte dans un arbre, mais rien, rien ne fonctionnait plus. J'avais été entraîné, j'étais sortie deuxième de mon école, j'étais la plus résistante, mais là, en réalité, sur le terrain, rien n'était comparable. Les mannequins, les armes, les pensées, les réactions des membres, les battements, la réflexion, rien, rien du tout. 

     Quand le rugissement retentit à nouveau, mon esprit était sortit de mon être, il avait eu peur, j'avais peur, peur de quoi ? De la bête qui me poursuivait ? Peur de la mort ? Peur de mourir ? Peur de ne jamais revenir chez moi ? J'étais déjà partie, mais là, tout revenait. 

     Non, rien ne revenait. Je n'arrive plus à réfléchir. Maman... Aide-moi.. Je ne sais plus où j'en suis. Ce n'est pas comme dans les livres où l'on raconte que l'on voit défiler tous ses souvenirs avant de mourir. Je ne voyais rien, mes membres ne répondaient plus, mais je n'allais pas mourir. Je le sentais. D'un autre côté, une pensée me tirait à la mort. La peur de ce qui allait m'arriver une fois que la bête m'aurait attrapée. 

     Le cœur battant, les membres figés, le ventre collé au sol et les yeux ouverts je tentais de bouger pour me sortir de là, fuir, pour vivre, pour ne pas me retrouver dans un endroit froid et humide, où je mourrais entre des chaînes, pour finalement être brûler, sans que personne ne sache d'où je vienne et pour qu'elle raison je suis là, qu'est-ce que j'ai fais, pourquoi je l'ai fais, qui est ma famille, comment suis-je morte, sans que personne ne sache rien. Après tout, je me suis engagé en le sachant, mais bon, ce n'est pas comme ça que je m'imaginais mourir, ni à cet âge là. 

     Mon cœur cessa de battre un instant quand je sentis un souffle chaud et une odeur de crasse et d'égout dans mon dos. Mes cheveux, relevés au-dessus de ma tête, se firent empoigner par une grosse main poilu qui tira dessus, relevant ma tête au-dessus de la neige et faisant craquer ma nuque. J'avais mal, mais je ne disais rien, pas parce que je ne pouvais rien dire, mais plutôt par instinct. Je me disais que si je faisais comme si j'étais morte, il me laisserait là et partirai, seulement, mes yeux étaient ouverts et commençaient à me brûler, autant avec le froid, que par la nature humaine qui empêchait de rester longtemps sans les fermer. 

     Je tentais une dernière fois mais rien ne se passa. Une autre main passa sur mon ventre et me souleva à nouveau, mon corps se décolla un peu trop rapidement de la neige à mon goût, et des tremblements secouèrent mon corps sans mon accord. Mes yeux était face à la neige, et mon corps ne cessait de monter. Mon bras gauche finit par heurter le poitrail de mon agresseur, et je sentis qu'il ou qu'elle me tournait dans ses bras. Sa main, ou plutôt ses griffes, enfin, je n'aurai sût dire de quelle sorte cela était, passa sous ma nuque et mes genoux laissant donc ma tête pendre en arrière.

- Le maître te demande jeune femme.

     Je tentais de me rappeler où j'avais entendu cette langue mais, rien ne venait, mon esprit ne pensait plus correctement, et j'étais inapte à réfléchir sur la provenance de cette langue. 

     L'homme couvert de poil me secoua à nouveau en faisant un pas en avant, puis un autre. Elle avançait dans la direction opposé où je voulais aller, et ce n'était pas bon signe du tout. Ma tête cognait contre des arbres ou de la neige me tombait dessus sans cesse. A peine mon agresseur eut-il fait quelques mètres, une trentaine tout au plus, que je le sentit s'agenouiller ou quelque chose du genre.

- Esclave, que fais-tu ? Demanda une voix forte et d'acier au loin.

- Je la ramenais auprès de v...

     Il n'eut pas le temps de finir sa phrase, que le son d'une flèche retentit à travers les bois enneigé, puis, un hurlement de détresse et de douleur s'arracha de la gorge de mon agresseur. Il vacilla, et enfin, par chance, tomba en arrière. Mon corps roula dans la neige sans que je ne puisse rien faire, et des larmes s'échappèrent de mes yeux frigorifiés et ouverts. 

- Est-ce que tu vas bien ? Tu n'es pas blessée ?

     La voix masculine et sèche de tout à l'heure se fit souffle à côté de moi et mes yeux ne se fermaient toujours pas. 

     Mon corps pétrifié et couvert à moitié de mon sang mélangé à celui de la bête qui avait une odeur d'huile putride et de détritus, Dieu seul sait de quoi il se nourrissait. Je ne comprenais pas le moindre mot de cette langue des bois, je reconnu à cause de son accent prononcé, que la personne qui m'avait, je suppose, sauvée, était une personne noble mais cette déduction se mélangeait avec son langage brut et clair sortit des bois profond. Cette langue je ne l'avais entendu que deux fois dans ma courte vie. 

     Une fois, quand j'étais au marché avec mère, j'ai remarqué, une jeune femme attachée par les mains à un pilier qui criait la mort et la détresse dans cette langue incompréhensible, la seconde fois c'était ici, pas tout à fait au même endroit mais presque. J'étais allée chercher quelques bois pour nourrir le feu avec ma petite sœur et nous avions entendu des pas. Enfin, surtout moi, j'avais aussi perçu des paroles comme des murmures, loin de nos tympans, qui ne voulait sûrement pas être ouï par quelques oreilles indiscrètes. Malheureusement pour eux je les avait entendu et malheureusement pour moi je ne les avait pas compris. Je revins à la réalité en sentant deux doigts faire descendre mes paupières sur mes yeux endoloris, je me tendis.

- N'ai pas peur.

     Deux bras chauds passèrent dans mon dos sur le sol glacé et je me sentis soulevée. Mon buste fut collé contre le torse couvert de métal et de tissu fin et soyeux. Je tremblais, j'avais froid, j'avais peur, je ne savais pas ce qui m'arrivait, ni où j'étais, ni qui m'aidais, rien, je ne savais rien.

     Après un moment de route dans un silence de mort qu'avait accompagné quelques bruits de feuilles glissant sous la légère brise d'hiver, qui même en étant glacé ne soufflait pas si fort. Cette ambiance macabre me faisait frisonner, pensant à une sépulture où le corps était emmené vers son tombeau, ces moments où personne ne parlait, tout le monde suivait le cortège. 

     L'homme qui me portait s'arrêta presque net ce qui me secoua légèrement et leva une jambe qui me fit pencher d'un côté. Un grincement sourd retentit dans le bois. Et s'il était réellement en train de m'enterrer ?! Mais... Je suis vivante ! Pourquoi ferait-il ça alors qu'il sait que je suis vivante ?! Et-il du côté de la bête qui voulait me tuer ? Est-il humain ? Que me veut-il ? Il paraissait si doux et humain quand il m'a pris des bras de cette bête, veut-il vraiment ma mort ?

     Pendant mon moment de panique je n'avais pas senti la personne bouger et je repris mes esprits en sentant la douceur rassurante d'une couverture sous mon corps endolori par toutes ces actions et ce temps. 

- Comment te sens-tu ?

     Je ne comprenais toujours pas ce qu'il me disait mais je sentis dans sa voix une once d'inquiétude qui me rassura. Comprenant que je ne pouvais bouger ni parler il me couvrit de quelques couvertures pour me réchauffer puis je m'endormis fatiguée.

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⏰ Dernière mise à jour : Mar 02, 2019 ⏰

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Victoria - ChoanaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant