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Du coin de l'œil, je regardais l'homme brun à mes côtés.

De ce que j'arrivais à voir, il était, comme moi il y avait un instant, en pleine contemplation de la cavalcade de la jeune femme sur son étalon.  Les yeux perçants de mon voisin suivaient chaque mouvement du cheval, il avait le regard concentré et sûr d'une personne qui connaissait les chevaux. A mon sens, la vision d'un professionnel.

De plus, en y réfléchissant un peu, toute sa tenue vestimentaire m'indiquait également qu'il devait très certainement monter à cheval, ou alors être propriétaire d'équidés, quoiqu'il en soit il s'y connaissait. Enfin, pour moi, sa façon d'être me montrait qu'il n'était pas là par hasard. Pas comme moi, qui, comme on dit, j'avais vu de la lumière et j'étais rentrée !

Le silence qui s'était imposé entre cet inconnu et moi, me laissait pensive. Et encore pensive... Ce n'était pas tout à fait le sentiment qui s'était immiscé dans mes pensées. Je n'étais pas à mon aise, car je n'arrivais pas à mettre des mots sur mon ressenti.

Mais qu'est-ce qui m'arrivait ?

Alors j'eus une idée. Une idée un peu folle certes, mais c'était la première qui avait traversé mon esprit. J'allais essayer de me concentrer pour lire ses pensées. J'avais réussi à le faire dans la journée avec les Anciennes, peut-être que je pouvais réitérer l'exploit psychique.

Je calmais ma respiration. J'essayais de faire abstraction du moindre bruit. Il fallait que je me concentre. Malheureusement j'avais beau être le plus concentrée possible, je n'y arrivais pas. Je ne percevais rien. Au début je pensais que c'était parce que je n'étais pas assez focalisée sur les pensées du beau brun. Je réussis quand même à me être dans cet état de conscience qui me permettait de lire dans l'esprit des personnes autour de moi, mais toujours rien. Ce n'était peut-être pas lui le problème, cela venait peut-être de moi. Il faut dire que j'avais eu une journée harassante et forte en émotions.

N'arrivant pas à entrer en communication sans parole, je n'avais plus que la bonne et ancienne façon de faire: engager la conversation. Il avait déjà fait un pas en me parlant tout à l'heure, j'avais plus qu'à continuer.

- Excusez-moi, commençais-je par lui dire. Vous connaissez cette cavalière ?

Si je n'arrivais pas à avoir des infos sur lui, peut-être qu'il pourrait m'en donner sur celle qui continuait son entraînement devant nous.

- Oui, je la connais. Cette jeune femme est la fille de la propriétaire du haras.

Ah en voilà une bonne information ! Pensais-je.

Mon regard se fixa de nouveau sur la cavalière, si bien que je ne me rendis pas compte que le beau brun me regardait, les yeux froncés, essayant de discerner je ne sais pas trop quoi sur ma personne.

- Excusez-moi, mais vous n'êtes pas une habituée du centre équestre, n'est-ce pas ? Me demanda t-il.

Je lui répondis quand même, malgré le caractère inopiné de sa question.

- En effet. C'est la première fois que je viens ici. Est-ce que cela se voit directement que je suis une citadine ?
- Maintenant que vous le dites... me dit-il en me regardant de haut en bas. Ses yeux me déshabillant du regard me firent de suite prendre des tonalités de rouge sur mes pommettes.
-Non, en fait c'est qui me fait dire que vous n'étiez pas coutumière de ce lieu, c'est surtout que votre visage m'était inconnu. Et pourtant, je n'oublie pas un visage. Surtout un beau visage.

Mais.. mais, il me fait du charme !

Et le pire... c'etait que ça marchait ! Je sentais que je devais être rouge comme une pivoine. Chose qui m'arrivait quasiment jamais, car les belles paroles de la gente masculine me laissait complètement de marbre. Ce n'était pas avec deux ou trois mots bien placés que l'on pouvait m'avoir. Mais avec le beau ténébreux, je ne sais pas ce qui se passait, tout allait de travers et je ne réagissais pas comme à mon habitude...

- Au fait, je ne me suis pas présentée, lui dis je en avançant ma main pour le saluer dans les règles.  Je m'appelle Nell. Nell Carpenter.
- Sullivan Brown. Me répondit il.

Le contact de sa main dans la mienne, m'électrisa. Je sentis une légère décharge quand nos paumes se touchèrent, comme si dans l'air ambiant quelque chose d'électrique couvait.

Nous restâmes ainsi quelques secondes. Je ne comprenais pas ce qui se passait et j'avais l'impression que c'était pareil pour lui.

Je repris mes esprits.

- Et vous ? Vous êtes un cavalier ? En tout cas, c'est l'impression que vous donnez.
- Bonne déduction mademoiselle ! En effet, j'aime bien de temps en temps chevaucher une monture, me dit-il avec un léger sourire. Et vous, vous êtes intéressée par quelques cours ?
Ce gars était bel et bien un charmeur, mais je fis comme si de rien n'était.
- Ouh la, moi ? Monter à cheval ? Non, non ! J'avoue même que ces bestioles me font un peu peur, même si je les trouve très belles à regarder.

- Moi, je vous imagine assez bien pourtant, me dit Sullivan. J'avais encore le sentiment que tout ses dires avaient un double sens. Et je pense que cela l'amusait de me voir me décomposer à chacune de ses allusions scabreuses.
-Alors, pardonnez-moi ma curiosité, mais vous êtes ici pourquoi si ce n'est pas pour les chevaux ?

- En fait, vous allez rire, mais je me suis perdue.

Et en effet, le beau Sullivan partit dans un éclat de rire.

- Excusez moi de ma reaction. Je ne me moque pas, mais comment peut-on se perdre de nos jours ?

- Je ne vous en veux pas, je vous l'ai dit que c'était risible. Et oui, je me suis perdue et retrouvée dans ce haras sans vraiment savoir pourquoi. Mais je ne suis pas déçue de m'être perdue ici.

Et oui, Sullivan tu vois que tu n'es pas le seul a faire un discours à double sens...

La cavalière venait de finir son entraînement et, toujours sur sa magnifique monture blanche, s'avança légèrement vers nous. Elle salua rapidement Sullivan.

-Bonjour Sullivan.
-Bonjour à toi aussi, Silk.

Je connaissais maintenant le prénom de la cavalière blonde. La cavalière de ma vision.

Il fallait maintenant que je trouve une raison pour l'aborder, car je devais lui parler.
C'était une certitude pour moi. Si mes pas, ou le destin que sais-je, m'avait envoyé ici, c'était pour elle. Pour Silk.

La Destinée des Amazones { En Pause }Where stories live. Discover now