L'Ange et le Diable

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Trois putains de semaines que je tournais comme une folle dans cette ville abandonnée, seule avec mon chien, Satan. Il portait bien son nom, il avait le poil aussi noir que le charbon qui luisait encore superbement malgré la vie de misère que nous avions. Et, dans ce nouveau monde dans lequel nous vivions, porter le nom de Lucifer semblait presque naturel.

N'allez pas croire que je survivais seule avec Satan depuis que tout cela avait commencé. Non ! Je n'aurais pas tenu plus d'une semaine. Au début j'étais dans un groupe, on était huit, très rapidement, les choses se sont mises à dégénérer. Il y avait une femme avec son fils âgé d'à peine quelques mois, les malheureux ont été les premiers à succomber. Une scène pire que n'importe quel film d'horreur. Je n'oserais vous la décrire tant la simple pensée de ses images me faisait froid dans le dos.

Quelques mois plus tard seulement, notre inattention nous rattrapa. On venait de trouver un hangar, ce genre d'entrepôt dont tout le monde rêve durant une apocalypse, enfin si vous arrivez à vous imaginez ce qu'est une apocalypse, en particulier une où les morts reviennent marcher parmi les vivants. Bref, là n'est pas le sujet, nous rentrions évidemment dans ce hangar, fou de joie. Il y avait facilement de quoi tenir plusieurs mois, cette euphorie trompa notre vigilance. Nous n'avions pas pris la précaution de vérifier qu'aucun rôdeur ne traînait dans les parages. Ah si seulement il n'y en avait eu qu'un ... On festoyait à l'intérieur, on faisait du bruit naturellement,et pourtant pas un seul de nous ne s'inquièta de savoir si l'on pouvait nous entendre. Les morts, cependant, ont l'oreille fine.

On a été les pires idiots de la terre ce jour là, il n'y avait qu'une seule entrée, et par conséquent, une seule issue. Mais vous vous doutez bien que les rôdeurs ne sont pas apparus là par magie. Ils sont arrivés nombreux, et en même temps. On a réagi vite, seulement, nous n'étions que six, et la plupart pris par surprise, furent tétanisés par la peur. Les plus réactifs ont réussi à se frayer un chemin à coup de machette. C'était presque un corps à corps nos armes à feu ne nous aurait pas plus servis que nos armes blanches.

Le geste était peut-être lâche, mais quand nous sortîmes de l'entrepôt, nous ne pûmes aller secourir nos trois compagnons resté à l'intérieur. La douleur était grande, et très profonde mais nous ne pouvions nous attarder, et nous ne pleurâmes nos morts qu'une fois certain d'être hors de danger, pour le peu de fois où cela arrivait.

Comment je m'étais retrouvée seule ? Et bien durant une invasion de notre campement, nous avons été séparé, il y a deux semaines à peine. Je ne sais pas s'ils sont encore en vie, même si je préfère penser que c'est le cas, toujours est-il que, depuis, je n'avais plus que Satan comme compagnon.
Je m'étais réfugiée dans ce qui semblait à l'époque être un bar. Il n'y avait pas énormément de nourriture, mais suffisamment pour nourir une femme et un chien, et puis, ce n'étais pas moi qui allait vider les bouteilles d'alcools, c'était certain.

Je me dirigeai justement vers l'une des tables de ce bar et m'y installai, une conserve à la main et Satan allongé à mes pieds. Je poussai un long soupir avant d'ouvrir la petite boîte métallique.

- Je vous sers quelque chose Mademoiselle ?

J'arrêtai immédiatement ce que j'avais entrepris et fit glisser ma main à ma ceinture, prête à sortir mon couteau. Je ne me retournai pas pour autant, peut-être étais-ce une erreur ...
Pourtant quelque chose m'empêcha de m'attaquer à lui. Bon déjà c'était un homme, il était sans aucun doute plus fort que moi, mais surtout mon chien n'avait pas bougé. Il restait allongé en sphynx en dévisageant mon mystérieux interlocuteur.
Finalement, je me décidai à lui répondre.

- Qu'est ce que vous voulez, demandai-je sèchement mais assez poliment.

- Je cherche de la nourriture, comme tous les survivants, mais je suis tombé sur toi.

Je finis enfin ma me tourner vers lui, toujours sur mes gardes. C'était un type plutôt grand, il portait un veston en cuir noir, ses longs cheveux en bataille recouvraient à moitié ces petits yeux bleus. Il était plutôt musclé, je ne faisais clairement pas le poids face à lui, mais je pris sur moi pour ne pas paniquer.

- Je vous donnerai rien, j'étais là avant, vous n'avez qu'à chercher ailleurs.

Il se mit à rire, et ma main se resserra instinctivement sur le manche de mon couteau.

- T'es plutôt courageuse toi, remarqua-t-il. Mais si tu restes seule trop longtemps je ne donne pas cher de ta peau.

- Ce qui signifie ?

Il me tourna le dos un instant, le temps d'attraper une bouteille d'alcool qui traînait sur la comptoir. C'était bien un signe que je ne l'intimidais pas. Je vis alors les deux ailes d'Ange qui ornaient son blouson de cuir. Je ne sais pas pourquoi, cela me fit sourire.

- Je suis dans un groupe, un gros groupe, on est solidaire, on a des armes, de la nourriture, des toits sous lesquels vivre ... Je suis sure que tu t'adapterais rapidement.

Il s'accroupit, et Satan s'approcha de lui.

- Méfiez vous, il porte le nom du Diable, menaçai-je toujours prête à brandir mon couteau.

Pour toute réponse, Satan roula sur le ventre et se laissa carresser par l'étranger, qui partit dans un fou rire.

- Lucifer ne m'a pas l'air bien méchant, plaisanta-t-il.

Je me détendai un peu, et relâchai mon couteau.

- Il s'appelle Satan, et moi [Y/N], dis-je en m'avançant timidement vers lui.

Il bu une gorgée de sa bouteille et se présenta à son tour, avec un clin d'œil, en me serrant la main que je lui tendais.

- Daryl, enchantée !

_Awakening_

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