Je m'appelle Colombo et maintenant je vole

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Et oui maintenant, je vole dans les airs et je suis heureux. Je pars seul dans le vaste espace et je reviens à la maison quand je veux. C'est à peine croyable ce que j'ai appris en peu de temps!

Tu te rappelles, Ajmi, le jour où Rimel voulait me confier à Jean Pierre pour que j'apprenne à voler dans son jardin; c'était il y a à peine une dizaine de jours. Je me souviens d'un beau jardin fraîchement tondu, avec des arbres ici et là, un tas de bois coupés et pleins de coins et recoins. Oui, j'aurais pu vivre heureux dans ce jardin mais Jean-Pierre avait peur des chats et des corbeaux, sa fille Laurence parlait de fouines et Rimel, qui avait pourtant confiance en moi et en ma capacité à survivre, a vite compris qu'elle ne pouvait pas charger Jean-Pierre de mon éducation.

Nous voilà de retour à la maison où Rimel m'installa un lit de fortune dans sa cuisine avec un vieux cageot posé par terre. Le lendemain, Rimel m'amena de nouveau dans un parc afin d'y continuer l'apprentissage de la vie. Mais je n'avais aucune idée de ce qu'elle attendait de moi jusqu'à ce qu'elle me dépose au milieu d'un groupe d'oiseaux entrain de festoyer au bord d'un lac. Ce fût un riche moment de découvertes et d'apprentissages, je courrais après des pigeons que je prenais pour ma mère biologique, je picorais le sol pour faire comme tout le monde, je fuyais les canards et les oies qui pinçaient avec leur becs toutes et tous ceux qui s'approchaient de leur prises alimentaires ; j'étais heureux et curieux de tout ce nouvel environnement et je n'étais même pas effrayé quand je suis tombé dans le lac que je voulais voir de près.

Sur le chemin du retour, Rimel, fière de me promener perché sur un bout de bâton (elle avait peur que je lui fasse mal au bras avec mes griffes) racontait à qui voulait l'entendre son héroïque exploit de m'avoir sauvé la vie!! C'est à ce moment là que j'ai été baptisé du nom de Colombo par un beau Monsieur touché par l'amitié qui nous unissait Rimel et moi.

Je chante pour toutes les personnes qui regardent la vie et les autres avec attention et renforcent nos liens d'amour et d'amitié avec les humains.

Le lendemain matin, à peine levé et nourri, Rimel, fermement décidée à ce que j'apprenne à voler, installa mon nouveau lit dans le jardin intérieur de son immeuble avec une coupelle d'eau et un peu de riz, me déposa dessus et vaqua à ses occupations. J'avoue que j'eus alors un petit moment de solitude, je descendis de mon perchoir et j'explorai prudemment les environs. J'ai fait la rencontre de plusieurs créatures, des pigeons que je prenais pour ma mère biologique et que je suivais un petit moment, des corbeaux qui ne sont pas si effrayants que cela, des fourmis, des abeilles et des personnes qui ressemblent à ma maman adoptive. Je partais et revenais de temps en temps à mon cageot, unique repaire stable dans cette nouvelle vie. Ma mère adoptive m'observait de temps en temps de sa cuisine et cela la rassurait aussi de me voir posé sur ce cageot.

Après il est arrivé une chose dont seule Rimel a le secret; Comment, le soir venu, voulant me ramener à la maison, m'a-t-elle confondu avec un autre pigeonneau qui peinait lui aussi à s'envoler? Elle voyait bien que nous n'étions pas très ressemblants, qu'il était craintif plus que moi et un peu souffrant. Mais Rimel n'est pas une bonne observatrice et a pensé que j'avais changé en une journée. Elle laissa celui qu'elle prenait pour moi dans la cuisine, bien terré sous la table et s'en alla dormir, la conscience tranquille. Quelle ne fût sa joie le lendemain matin de trouver deux pigeonneaux et compris tout de suite son erreur de la veille et mon grand exploit. Non seulement j'avais appris à voler en une journée mais je savais aussi rentrer à la maison et même l'autre pigeonneau, qui était mal en point, était revenu à la vie et à une meilleure santé. Nous tombâmes dans les bras l'un de l'autre et fêtâmes ce miracle de la nuit, heureux comme de vieux amis.

Rimel nous remit tous les deux dans le cageot et nous descendit encore une fois dans le jardin intérieur. Nous savons, elle et moi, que je suis maintenant bien armé pour démarrer ma vie de jeune adulte.

Je m'appelle ColomboWhere stories live. Discover now