Vive les chauves !

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Transporté ailleurs. Son regard fixait le metro passer. C'était le troisième qu'il ratait, le dernier avant d'également rater la charmante interro qui l'attendrait dans les bras de son prof de math adoré.

Il voulait juste tout claquer. Les bras ballants, il rejoignit la surface, toujours aussi bruyante le matin. Lui, il préférait le calme de la nuit. Il rêvait du ciel, du haut de son toît. Le jeune se mit alors à courir. Il voulait juste sentir ses poumons en feu, sa respiration irrégulière, son cœur qui tente de tout réguler. Il voulait se sentir vivre, trouver un sens à tout.

Il se retrouva face à un canal. Il se dit que s'il sautait, il mourrait de saleté avant la noyade. Les yeux rivés sur le ciel rempli de nuages gris, il reprit son souffle.

Il voulait tout fuir, ses factures, ses examens, les appels qu'il devait à sa sœur, les cris de sa mère, la fragilité de son père, ses amis hypocrites, ses profs ennuyants, ses études qui étaient censés signifier son avenir. Il n'y trouvait plus aucun sens, cette situation le rendait insensible. Qu'un tsunami emporte tout, il se soucierait seulement de la saleté de l'eau.

Pourtant, il ne voulait pas grand chose, il avait besoin de changement. La vie l'ennuyait, voilà tout. Il sauta sur le bateau qui passait par là.

Il atterit dans des cartons, un morceau de métal lui blessa le front. En voulant se relever, il entendit de lourds pas.

- Hey ! Toi, là ! Fous le camp !

C'était un jeune de son âge, frêle. Ses sourcils froncés cachaient mal la peur dans ses yeux. Il tentait d'avoir l'air dur avec cette posture, talons enfoncés au sol, les mains sur les hanches mais il s'y prenait mal.

- Je...Je viens en paix ! C'était tout ce qui sortait de la tête embrouillée de notre aventurier

Le marin explosa de rire jusqu'à s'en écrouler au sol. Le blond haussa les épaules et passa au dessus du marin pour mieux explorer le bateau. Et là, soudain, le bateau s'arrêta, accompagné d'un grand bruit. Ça commencait déjà à sentir la fumée. Le marin leva la tête, les yeux sortant presque de leurs orbites. Il courra alors vers le tableau de bord où le blond était recrovillé sur le sol, les bras couvrant sa tête. Le blond se releva doucement.

- Blessé ? Demanda le marin

- Non, ça va. Répondit le blond, à présent debout

Le marin siffla en voyant les dégats et demanda au blond de lui apporter la boite rouge dans le deuxième tiroir dans sa chambre. Ils réussirent à tout réparer avec essais et indications et le bateau reprit la route. En résolvant ce problème, ils avaient résolu une amitié en quelques minutes.

Le marin avait des boucles brunes cachées par son béret argent. Ses pupilles étaient d'un brun banal, or, il avait le regard le plus déstabilisant au monde. Son nez bosselé et ses sourcils fins y ajoutaient du caractère. Il portait un parfait costard, seul ses chaussures salies pouvaient témoigner un bout de son boulot.

Contrairement à lui, le blond était musclé, à force de passer des après-midis entiers dans des salles. Son T-shirt jaune, un k-way vert trois fois trop grand le dissimulaient pourtant. Ses chaussettes rouges dépassaient ses charmantes chaussures brunes à lacets. Son sac à dos noir était usé. Le regard bleu et la machoire carrée imposaient.

- On dirait que tu t'en vas pour un mariage ce soir. Supposa calmement le blond

- C'est le cas, en passant, ça sera une journée mémorable pour ma femme qui ne sait si je serai là à temps.

- Quoi ?!

- Et toi, t'es vraiment blond ?

- Non, mon ex m'avait fais une décolo vu qu'elle vénérait les blonds. Elle a quand même fini mariée avec roux !

- Tu veux que je te les rases, comme ça on en parle plus ?

- Attends, arrête le bateau ici ! S'écria-t-il en se levant de son siège Ma voiture est juste là, je peux te conduire à ton mariage

Il arrêta le bateau, passa un coup de téléphone.

- Allez ! On y va ! Le chauve prit un grand souffle, les mains posées sur le volant de sa voiture

- T'es sûr que tu sais conduire ? Demande le brun

- T'as pas à te plaindre alors que tu m'as défoncé le crâne ! Le faux blond avait plusieurs blessures sur son crâne rasé

- Avoue que je cuisine bien !

- Bon, l'ommelette que tu m'as faite est la meilleure que je n'ai jamais mangé de ma vie. Mais ça ne t'excuse pas !

- Encore une chance que mon ami est venu chercher son bateau rapidement, on aurait pû attendre encore une éternité !

Le presque marié poussa la porte de la salle de mariage, accompagné de son nouvel ami. La mariée avait dans les bras un roux en costard que le fiancé ne connaissait pas.

Les regards étaient braqués sur les novices.

- Hey mais quel connard ! C'était le mari de mon ex ! S'écria crâne mal rasé

Le sourire de la femme s'éteint aussitôt, elle commença déjà à crier. Les novices quittèrent la salle, le bras du révélateur sur les épaules du pas marié.

- Ce roux n'a pas d'âme ! Le pas marié cria, plus qu'en colère

- Lui, pas moi ! Dit calmement le révélateur

- Quoi ?! T'es roux ?! Il se mit sur la pointe des pieds pour observer le crâne qu'il a blessé à la lumière de la lune.

- Viens, on s'en va

- Où ça ?

- Je crois qu'avec tous ces appels manqué de ma sœur, elle mérite une visite

- Elle est rousse ?

- Elle est chauve

18 mars 2018

Mystérieuse

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