Clown tragique

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Quintette de quatrains en alexandrins

Seul, abandonné, le dos courbé sous le poids
D'un regard quotidien et pourtant étranger,
Le clown accablé se protège des émois
Qu'il provoque dans l'Assemblée calorisée.

Cet éclat azurin, noyé dans une masse
D'obscurité étouffante, perdu, égaré,
Ne cesse de trembler, ne cesse d'osciller,
Agité par les vagues d'une vie d'impasses.

La fraise geôlière absorbe ces douces larmes,
Eau précieuse obscurcie d'un voile de tristesse
Originaire d'un œil dépourvu de charme,
Gouttes de perle pur façonnées par l'ivresse

D'un silence éloquent. Ô misérable tête
Aux yeux funestes, fuyant ses facéties tragiques !
Sa coiffe fatiguée lui souffle d'obsolètes
Futurs, submergeant ses conceptions chimeriques.

Éternel naufragé parmi les siens, il reste
Tel Atlas, portant sa propre voûte céleste.
Et vers un autre spectacle, il s'en va mourrant,
Les bras chargés de fleurs et de sourires d'enfant.

L'auteur.

PoèmesWhere stories live. Discover now