Mon père est gay

Valises

C'est réveillé de bonne heure que Célestin faisait ses valises. Il était décidé à partir de cette maison, un ami était d'accord de l'héberger quelques temps. Il était silencieux afin d'éviter tout soupçon.

Des voix s'élevaient dans la chambre voisine. La porte de cette dernière se ferma dans un grand bruit. Puis le silence revint. Célestin n'avait jamais encore entendu ses parents se disputer et pourtant voilà dix-huit ans qu'il vivait avec eux. C'est étonné qu'il continua ses bagages.

Vers neuf heure, on toqua à la porte de sa chambre. Curieux, il ouvrit la porte et tomba nez à nez avec son père.

- Je peux entrer ?

Célestin s'écarta pour que son père rentre. Il s'installa à côté de la valise ouverte presque pleine de vêtements sur le lit en y jetant un coup d'œil.

- Je comprends que tu veuilles partir...

Aïe ! Ça sentait mauvais pour lui, pourquoi avait-il laissé entrer son père ? Le jeune se traita d'idiot.

- C'est assez délicat... mais j'ai décidé de divorcer, lâcha son père soudainement.

Le jeune écarquilla les yeux, jamais au grand jamais il avait pensé que cela puisse arriver.

- Tu es sûr de toi ?... Osa demander Célestin, sourcils froncés.

- Les raisons sont diverses, j'en ai marre de jouer à la famille parfaite et modèle, c'est fini. Alors écoute, je suis occupé à prendre des billets d'avion pour New-York, je pars ce soir, j'ai tous les papiers qu'il nous faut pour partir. Je sais que tu as toujours voulu y aller...

Son père le connaissait par cœur fallait l'avouer. New-York, une destination qui le faisait rêver depuis tout petit, entre les buildings, les œuvres architecturales et tous ses monuments, sans compter les nombreux musées et galeries d'art, ça lui avait toujours fait tourner la tête.

- Tu veux m'accompagner ? Faudra juste un peu vider cette valise car pour trois semaines c'est un peu beaucoup... le sorti de ses pensées Eliot.

- Tu me proposes vraiment trois semaines dans la ville qui ne dort jamais ?

Son père acquiesce de la tête.

- Je crois que je ne suis pas le seul à vouloir m'éloigner de Stéphanie...

- Qu'est-ce qui a déclenché cette décision ?

Son père soupira, se replongeant dix-huit ans et demi en arrière, le jour où à dix-sept ans il a su qu'il allait être père.

- Un jour j'ai fait la promesse à un vieille ami que jamais au grand jamais je n'imposerai à mon futur enfant, un destin tout tracé et dit "parfait", ce que mes parents m'ont imposé. Le fait que j'ai dû épouser ta mère parce que je lui avais fait un enfant alors qu'on était jeune et innocent, pareil pour mes études. J'ai essayé pour tes études mais elle n'écoute qu'elle-même et la vision que les gens ont de nous. Alors hier, quand elle t'a parlé de Clara, j'ai compris que le cercle vicieux recommençait pour de bon...

Son père soupire à nouveau avant de reprendre la parole sous les yeux incrédules de son fils.

- Si je suis resté avec elle c'était pour que tu évolue dans une famille entière et non séparé en plus jamais ta mère m'aurait laissé te voir... mais là c'est plus possible, tu es majeur, tu as le droit d'aimer qui tu veux et de faire ce que tu veux de ta vie. Jamais je ne t'abandonnerais pour de tels absurdités. J'ai sacrifié 18ans de ma vie pour ton bonheur et ce n'est pas pour que ta mère t'empêche de l'être maintenant...

Célestin n'en croyait pas ses oreilles, son père ne lui avait jamais parlé de tout cela mais il voyait la sincérité dans le regard de l'adulte. L'homme venait tout juste de lui faire comprendre que le fait qu'il aime les hommes ne le dérange pas, étrange car il avait déjà eu des propos homophobes par le passé.

- D'accord je t'accompagne, répondit-il sans trop réfléchir.

Après tout c'est de New-York qu'on parle ! Il avait tellement de fois rêvée y aller.

- Alors tu as jusqu'à 4h pour finir tes valises mais évite de prendre toute la maison comme tu t'apprêtais à le faire, rit-il.

Une fois son père partit, il décida d'aller prendre son petit déjeuner, il avait faim puis il était curieux de savoir comment va réagir sa mère. Il était réellement sur un petit nuage et mange tranquillement.

- Ton père t'a parlé ?

- Oui.

- Il veut divorcer et partir en voyage en Amérique, c'est n'importe quoi ! Je ne le laisserai pas faire !

- Je l'accompagne, annonça le jeune.

- Pardon ?!? S'empressa de crier Stéphanie.

- Je vais là-bas... il regarda sa mère dans les yeux et continua : dans loin de toi...