Jour 3: Angst

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BONJOUR JE SUIS DANS LES TEMPS LE THEME C'EST ANGST AU REVOIR

[Dans la vraie vie, j'ai posté ça à 23h59, mais pour un soucis de correction et d'espaces, il faut que je le mette à jour, donc vive les petits speech. J'aime pas l'angst. Donc j'espère que ça passe et même que vous aurez eu une tout petit peu des yeux mouillés, le coeur serré, ou..? Ensuite, autant les deux premiers se suivaient plus ou moins, autant ce jour-ci n'a profondément pas de rapport. Cherchez pas, on fait avec les idées qu'on a. Voilà, Bonne lecture! :3]

(27/03/2020: En vrai j'aime bien ce chapitre, même si y a sûrement des trucs qui vont pas. Meh. Vive l'angst.)

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Pourquoi est-ce que ça avait dû arriver ? Chaque nuit, quand il dormait, il le revivait. Chaque fois qu'il fermait les yeux, il revoyait les flammes qui léchaient les murs de la pièce, il entendait à nouveau les cris et tout son corps le brûlait.

Pourquoi est-ce que ça avait dû arriver ? Tout se passait si bien pourtant. Tout le monde riait, s'amusait bien. Les 3ème années faisaient les imbéciles, comme toujours. Même lui avait accepté de danser momentanément sur la piste improvisée. Ils fêtaient la fin d'année. Ils disaient adieu aux troisième année qui affirmaient qu'ils reviendraient l'année suivante pour aller soutenir leurs cadets. Toute l'équipe de volleyball était réunie. Les plus âgés avaient amené de l'alcool, mais les bouteilles étaient surveillées pour que les mineurs aient une consommation raisonnable. Akaashi ne saurait pas trop dire comment le feu avait débuté. « Une fuite de gaz, quelqu'un a dû allumer un briquet et ça a pété. » avaient dit les pompiers quand ils lui avaient parlé. Ils avaient été appelés par les voisins, alors que le toit commençait déjà à flamber. Ils étaient arrivés rapidement après cela mais-

-Coucou Keiji. Ca va ?

Il jeta un regard vers sa mère qui venait d'entrer dans la chambre d'hôpital. Un regard inexpressif, un regard qui disait durement « J'aurais préféré mourir. ». Sa mère baissa les yeux et s'approcha doucement de lui. Les larmes lui montaient. Son fils ne lui avait toujours pas parlé à nouveau. Les seuls mots qu'il avait laissé échapper étaient à l'adresse du médecin, et n'étaient que des réponses courtes. Plus le temps passait, plus elle redoutait qu'il reste comme ça pour toujours. Par ailleurs, Akaashi demeura dans son mutisme et reporta son attention sur ses mains.

-Le docteur a dit que tu pourrais bientôt sortir ! C'est bien non ?

La pièce resta silencieuse. Après tout, peu importait à Akaashi de sortir ou non. Car il serait seul à sa sortie. Il était le seul à avoir survécu à l'incendie. Les autres avaient perdu la vie. Lui avait perdu un œil et seules des cicatrices le marqueraient à jamais : une qui parcourait son dos, marque de la peau brûlée et l'autre dans son âme, la cicatrice d'avoir perdu tous ses amis et d'être le seul survivant. Bien sûr, il ne pouvait s'empêcher de se sentir vaguement coupable. Pourquoi eux et pas lui ?

Les jours passèrent, et il se remit lentement. Sa mère passait le voir tous les jours, mais il ne l'écoutait en général que d'une oreille. La plupart du temps il regardait le ciel, se demandait s'ils lui en voulaient de ne pas y être monté avec eux. Il aurait aimé que ce soit le cas, pour que cela justifie sa culpabilité. Il se sentait comme une coquille vide maintenant.

-Keiji, le docteur a dit que malgré ton œil, il n'y avait pas de problème pour le volley. Tu voudras en refaire ?

Non. Cette idée lui semblait fade. Plus jamais il ne pourrait faire de passes à Bokuto. Plus jamais il ne soupirerait devant les idioties de l'équipe. Et la simple mention du volleyball lui serrait la gorge. S'il ne retenait pas ses larmes, il craquerait probablement. Il préférait ne pas penser. Penser le moins possible pour éviter de se souvenir.

Il n'eut pas le courage d'aller aux enterrements. Il aurait physiquement pu, mais il voulait juste oublier cette soirée. Il voulait oublier qu'il serait seul, désormais.

Il fallut qu'il retournât au lycée. Il avait raté le début de l'année, mais ce n'était pas si important. Il en changea. Il était impossible pour lui d'entrer à nouveau dans l'enceinte de Fukurodani. Il avait essayé, mais il était resté paralysé devant l'entrée. Puis il avait fui. Il ne voulait pas faire face à la vérité. Fukurodani sans l'équipe de volley lui aurait paru tellement vide. Comme si quelque chose y manquait. Après tout, si lui n'approchait plus les lieux où l'équipe allait habituellement, qui disait qu'ils étaient réellement morts ? Il n'avait pas besoin de l'accepter.

Les premiers jours furent pénibles. Tout était étrange. Différent. On ne cessait de lui poser des questions sur le cache-oeil qu'il arborait, mais lui ne voulait pas y répondre. Il ne voulait pas. De plus, si Akaashi avait recommencé à parler légèrement, il était loin d'être bavard -encore moins qu'avant. Les autres élèves abandonnèrent vite l'idée de communiquer avec lui.

Il rata sa troisième année. Les bruits de ballon dans le gymnase le faisaient paniquer, n'importe qui disant son nom avec d'étranges intonations lui faisait monter des nausées, il évitait comme la peste le quartier de Fukurodani. Il n'arrivait simplement pas à vivre.

Pourtant, il surmonta tout cela. Il oublia. S'efforça de tout oublier, même si son œil invalide le démangeait parfois et que son dos le faisait grincer de douleur certains soirs. Il arriva presque à se persuader que c'était faux, qu'en réalité, il verrait Fukurodani concourir aux Nationales cette année. Il se fit y croire.

Deux années s'écoulèrent. Akaashi guettait Fukurodani dans les matchs de volleyball. Il se demandait quel était le niveau de la nouvelle génération. Après tout, depuis qu'il était parti, il ne s'était pas intéressé à ce qu'il s'y passait. Il aidait sa mère dans l'affaire familiale.

C'était le mois de Mars.

-Keiji. Ca fait 3 ans, tu sais.

Akaashi se retourna vers son père.

-Oui.

Ca faisait 3 ans. Il passa une main dans son dos. Il serait peut-être temps qu'il devienne adulte. Qu'il regarde la vérité en face.

L'allée le faisait angoisser. Avancer sur ce chemin signifiait que tout était vrai. Que tout de cette soirée d'il y a 3 ans était vrai. Qu'il en était le seul survivant aussi. Cette vérité qu'il fuyait jusque-là. Sa mère lui avait indiqué où se rendre. Alors, d'apparence calme, il se dirigea vers les tombes de ses amis. Des tombes pour certaines vides, à défaut d'avoir pu retrouver le corps. Une rangée de tombes alignées. Avec une plaque au milieu qui disait « Ci-gît une équipe de volleyball (la meilleure), décédée dans une incendie en sa quasi totalité » La tombe la plus proche était celle de Bokuto Koutarou. Plus loin étaient celles des 3ème année. Puis des 2ème année. « Voilà là où j'aurais dû me trouver » pensa Akaashi. Puis enfin les 1ère année. Revenant au milieu, il prit enfin conscience de la réalité : ils étaient morts. Ils l'avaient laissé là sans eux, lui confiant la dure tâche de vivre pour eux tous. Un poids qui pesait lourdement sur ses épaules. Alors Akaashi pleura. Pleura et pleura encore, jusqu'à ne plus avoir d'eau dans le corps. Jusqu'à avoir les yeux gonflés, les larmes éclaboussant la tombe de son ancien capitaine.

Une ombre arriva et déposa un bouquet sur la pierre. Puis la personne s'agenouilla à ses côtés. Akaashi et le nouvel arrivant (un adolescent) se regardèrent un moment, puis le plus jeune prit la parole :

-Vous êtes... celui qui a survécu, non ?

Keiji hocha doucement la tête.

-Je... Hum... Je suis l'actuel capitaine de la nouvelle équipe de volley de Fukurodani. Je trouve... que l'on s'est plutôt bien refait. L'équipe a une bonne dynamique et...

Le borgne regarda son cadet d'un œil curieux.

-Je sais que ça se serait pas facile pour vous mais... peut-être vous pourriez... hem... (Il y eut un petit blanc)... venir regarder, un jour ? Vous savez, on a pas eu de senpais, alors on ne sait pas trop... Mais si c'est trop dur pour vous pas de problème hein !

Akaashi réfléchit un instant puis sourit un peu. Il fallait qu'il se reconstruise. Réapprenne à vivre. Qu'il surmonte ces morts sans les oublier. Il fallait qu'il revive.

-...D'accord, j'essaierai, dit-il, regardant pour la première fois depuis longtemps droit devant lui.

Akaashi Week 2018Où les histoires vivent. Découvrez maintenant