Prologue I

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Uh Sil-Ki

           La pénombre avait envahit la ville. Je marchais seule comme toujours. L'air chaud sortant de mes poumons grisait au contact de l'atmosphère froid de l'hiver. Mes longs cheveux sans forme me servaient de casque par dessus mes petites oreilles froides. Les écouteurs bien accrochés à celles-cis envoyaient des ondes dans ma tête, me faisant entendre les moindres détails et me permettant d'analyser tel une archéologue cette musique ancienne. Je n'étais pas du genre à écouter cette K-Pop que tout le monde écoutait sans cesse. Paradoxal. Je n'aimais cependant pas cela. Je trouvais ces ondes sans profondeur ni véritable but.

          Idiote

Oui. J'étais idiote. Je me critiquais moi même. Enfin... Bref. Moi j'écoutais différents styles de musiques. Mais celui que je préférais par dessus tout, celui pour lequel j'aimais creuser jusqu'à trouver les petits secrets cachés, celui me donnant tant de frissons, c'était le Swing. Oui, le Swing. Ce court style musical passant dans les années quarante.

          Curieux

Je le savais bien. Mais après tout... qui à part une personne collée à mon oreille dans le métro pouvait bien entendre ce que mes petits écouteurs m'envoyaient dans les tympans ?

          J'arrivais au Seven Eleven du coin de rue. Je n'aimais pas regarder l'heure qu'il était, je ne le faisais jamais. Une habitude assez spéciale qui m'avait plusieurs fois apporté des problèmes. Mais au final, malgré mes maints travaux rendus en retard, on m'avait toujours remercié à la fin. C'était donc pour cela que je n'avais aucune idée de l'heure qu'il était à ce moment là. Je pouvais simplement dire que la lune était levée depuis pas mal de temps. Le temps...

          Étrange...

Je ne l'avais jamais vraiment compris. Cette chose qui ridait les peaux lisses, qui allongeait les os, qui effaçait l'existence et les mémoires. Cette chose dont tout le monde avait peur. Qu'était-il vraiment après tout. Était-ce simplement une force faisant tourner les fines aiguilles d'une pendule, ou était-ce finalement un concepte inventé ?

          On s'en fout

Le temps n'était pas mon ami alors je n'y prêtais pas attention et s'il venait à arriver qu'un jour les coins de mes yeux se plissent, que la peau de mes joues coule et s'étende telle un élastique de pantalon trop vieux, ou que mon dos se courbe usé par les aiguilles réalisant leur danse hypnotisante sur une horloge, eh bien je vieillirai. Tant pis. Après tout je ne suis pas une beauté à spécialement préserver.

          Inutile

En effet, je n'étais pas venue dans cette supérette pour penser à la vieillesse dégoulinant sur moi ; mais plutôt pour venir chercher une recharge de piles et de nouilles. Les nouilles instantanées... Une grande histoire d'amour. Je ne vivais pas sans elles. On m'avait dit qu'il y avait plein de "saloperies" dedans, mais je n'en avais rien à faire. C'était bon et c'était le principal.

Mon panier rempli, je me dirigeai vers la caisse où la vendeuse se battait contre le sommeil, les yeux creusés par des cernes noires.

          Faible.

Ne pas dormir la nuit n'était pas si difficile qu'on ne le pensait. Il suffisait d'un peu de volonté et c'était dans la poche. Le sommeil était bien moins puissant que ce que l'on pouvait penser. Souvent, il m'arrivait de ne pas dormir pendant plusieurs jours ni de sortir de ma chambre/appartement. Telle était ma vie : dégueulasse, inutile, sans aucun amour-propre.

          Une fois payés, je pris les objets disposés avec soin par la caissière dans un petit sac en plastique opaque. Je m'intérressai aux informations passant sur une petite télé en face de la caisse. On voyait le visage d'une fille qui m'était complètement inconnue y passer et être affichée partout. Qu'avait-elle fait encore ?

           En dessous de sa face ( prise à un moment dépourvu de beauté ou de grâce ) des informations défilaient. Étant une jeune fille ne s'intéressant qu'à peu de domaines, lire n'était pas ma passion ni la discipline dans laquelle je excellais. Je n'avais donc pas réussi à lire tous les mots s'enchaînant avec vitesse.

"Violemment... entre... vie et la mort... jeune..."

          Bref quelque chose d'incompréhensible. Je pris la décision que continuer à lire ces infos ( non pas les écouter, je rappelle porter mes écouteurs sur les oreilles ) était devenu inintéressant car ce fut rapidement considéré comme inutile dans mon esprit.

          C'est vrai. Qu'est-ce qu'on en a à battre ?

Je sortis de la supérette en bousculant une jeune fille qui entrait en même temps que moi. Bien sûr, je ne m'excusai pas. Pour quoi faire ? Si j'avais demandé pardon elle m'aurait dit que des excuses ne servaient à rien dans le ton que je prenais. On me l'avait déjà dit auparavant.

          Les débiles

Ils ne comprenaient pas que certaines personnes pouvaient avoir un ton irrespectueux et agressif de nature. C'était mon cas. 

supposed to be music ༻:*Where stories live. Discover now