Le prix de l'Avarice

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Dans un petit village reculé d'une province inconnue, vivait un homme d'un âge assez avancé du nom d'Alain Montreuil. Mr Montreuil vivait avec sa femme Madeline du même âge que lui. Deux ans auparavant, Mme Montreuil rentrait de son atelier couture, accompagnée, à une demi-heure de son domicile, quand la vieille voiture glissa sur la chaussée et alla rencontrer un arbre sur la bordure. Elle avait été amenée dans l'hôpital le plus proche. Son accompagnateur avec. Ils moururent tous deux une semaine plus tard. Depuis ce sinistre jour, Mr Montreuil passait ses journées à ranger ses billets et ses pièces qu'il avait acquis au cours de sa vie dans un ordre de valeur. Il les gardait précieusement dans plusieurs endroits de sa maison, bien cachés.

Dans le temps, Mr Montreuil avait bâti un endroit spécial qu'il réserverait uniquement à des élevages de poules ou d'autres animaux qu'il pourrait acheter. Mme Montreuil n'avait pas été en accord avec son mari. Elle avait d'abord refusé son idée. Pour la convaincre, il lui avait dit : « Si nous construisons un poulailler, un enclos,... nous pourrons alors élever nos propres animaux et cela nous éviterai de dépenser de l'énergie et de l'argent au marché ! Qu'en dis-tu ma chérie ? ». Elle avait finalement cédé.

Depuis, ils élevaient des poules. Il y avait aussi un enclos relié par un sentier de galets qui commençait à disparaître sous les mauvaises herbes. Dans cet enclos, se trouvait une douzaine de cochons gras et bien charnus à la peau rose et claire, avec juste un échantillon de boue sur les pattes. Dans un autre situé à côté, se trouvaient deux chèvres qui broutaient de l'herbe verte, au coin des barrières. A deux mètres, plus loin une grande grange servait aussi d'écurie. A l'intérieur, une vache laitière et un taureau marron occupaient ce lieu d'un côté. Comme voisin, un pur sang arabe à la robe noire et seyante dominait par sa présence. Il se tenait fièrement sur ses pattes, la tête haute et le regard plein de défi.

A côté de cette grange, un coin du jardin était clôturé. Dans ce carré, coupé en une forme géométrique absolument parfaite, on pouvait y voir plusieurs types de plantations de légumes : tomates, courges, carottes, navets, citrouilles, concombres, haricots verts ou blancs, poireaux, salades, pomme de terre, artichauts, blettes... Tout ce dont raffole chaque petit enfant ! Malheureusement, ces cultures étaient devenues mortes et les chèvres, la vache et la plupart des cochons avaient fini par mourir de faim. C'était toujours Mme Montreuil qui s'en occupait, pendant que son mari s'occupait de gérer les impôts et les taxes pour l'Etat.

Depuis la mort de sa femme, Mr Montreuil n'avait plus personne pour s'assurer que les bêtes étaient en bonne santé et pour entretenir les légumes de son potager. Elle avait laissé un grand vide dans le projet de son mari et ce dernier, étant hypnotisé par son or, ne remarqua pas le moindre changement...

Chaque matin, le vieillard se levait, prenait son petit-déjeuner dans sa petite cuisine aux couleurs pâles et délabrées. Comme à chaque fois, il se poêlait des œufs et deux à trois morceaux de jambons dans une casserole légèrement huilée. Les œufs, il allait lui-même les chercher dans le poulailler qu'il avait construit. Cela lui évitait d'acheter des œufs à des commerçants au marché. Il avait bien d'autres choses à faire que de dépenser son trésor dans quelque chose qu'il pouvait avoir de ses propres mains.

Maintenant, n'ayant plus aucune poule pour avoir des œufs, l'homme devait se contenter de puiser dans ses réserves. Il n'aimait pas le faire et grinçait des dents à chaque fois. Parfois même, il se passait de repas durant toute la journée. Certainement devait-il être en train de compter dans une de ses pièces préférée : Le bureau. Il avait la moitié de son trésor caché dans cette pièce vénérée. Chaque matin, il allait dans le bureau, sortait les pièces de ses cachettes et les comptait une à une pendant le reste de la journée, s'assurant qu'elles étaient toutes là. Et le soir, il les rangeait au même endroit et recommençait le lendemain. Il ne passait que ses journées à compter ses pièces, à compter, à compter, compter...

Le prix de l'avariceWhere stories live. Discover now