Quand Nath répond aux appels de ses sirènes et s'enfonce dans la volupté.

1.6K 93 1.4K
                                    

Bon anniversaire notre mamie Hoganou !

Des coups frappés à la porte de la véranda côté cuisine, sortent Estelle de son sommeil tardif et plus que haché. Après l'arrestation de Simon et le départ des gendarmes, elle a vérifié que toutes les portes et fenêtres étaient bien fermées. Louis-Axelle Lafleur l'avait rassurée en lui disant qu'elle était dorénavant en sécurité, Simon étant certainement l'instigateur de sa surveillance au vu de son témoignage. La fliquette avait insisté pour qu'elle se rende à l'hôpital afin d'être examinée mais celle-ci avait refusé, ne se sentant pas blessée physiquement et ayant surtout besoin de se retrouver seule. Et puis Yvan devait la rejoindre "dès les premières lueurs de l'aube" selon ses dires.

La jeune femme emmitouflée dans une couverture et recroquevillée sur le canapé, émerge, s'étire en gémissant et se lève en poussant sur ses bras. Les coups redoublent d'intensité et la voix grave qui répète son prénom, la confortent dans ses pensées, c'est bien son directeur qui pointe le bout de son nez au lever du soleil.

Elle se rend donc dans la cuisine, toujours recouverte du plaid, écarte légèrement les stores qui occultent les vitres et ne peut s'empêcher de sourire malgré le poids qu'elle ressent sur ses épaules. Il est au taquet, le visage radieux et le sachet de croissants en portefaix.

La voilà face à son destin. Elle sait que lui ouvrir cette porte signifie également lui ouvrir son coeur et bien évidemment...son corps. Son corps qui n'est absolument pas en mesure d'assumer quelque rapprochement que ce soit. Son esprit lui même émet quelques réserves et se bat contre ce traitre d'organe qui s'emballe. Que va-t-elle pouvoir offrir à ce monsieur au physique diablement attirant et aux yeux si profondément emplis d'elle, déjà ? Pour l'instant, pas grand chose si ce n'est des larmes et de la retenue. Mais Julie l'a convaincue : un jour, un mois, un an, une vie, peu importe, ce qu'il semble vouloir lui donner ne peut être que positif.

- Estelle ! Oh ! Tu es là ? J'ai apporté les croissants ! J'espère que t'aimes ça ?

La maîtresse prend une grande respiration et tourne la clé dans la serrure pour faire un premier pas vers ce qui lui semble être l'escalade la plus abrupte de sa vie. Timidement, elle tire sur la poignée.

- Bonjour Yvan dit-elle doucement.

- Bonjour Estelle ! J'ai des ...Oh ! ça va pas ?

La jeune femme secoue la tête tout en resserant les pans de la couverture autour d'elle. Elle fait demi tour pour regagner le canapé sur lequel elle se laisse tomber, en proie à une nouvelle crise de larmes. Elle rassemble ses genoux contre sa poitrine et se cale la tête sur l'accoudoir.

Yvan, décontenancé, s'étant mille fois imaginé ce moment où il allait enfin pouvoir la serrer dans ses bras et l'embrasser "pour de vrai" comme disent les gosses, pose le sachet gras sur la table et la suit dans le salon. Ne sachant trop comment agir, il s'assoit près d'elle et attend qu'elle se calme. Repérant une boite de mouchoirs, il se lève et lui en tend un, non sans avoir remarqué la poubelle pleine de Kleenex usagés.

- Tu veux m'en parler ?

Estelle ne réagit pas.

- C'est avec ta mère ? Ca s'est mal passé ?

Estelle secoue sa tête en signe de négation.

- C'est le retour qui est difficile ?

Tentant de lutter contre ses hoquets, la jeune femme s'écrie en pointillés :

- N...Non ! Au....contraire !

Le maître se rapproche et pose délicatement une main sur le tissu polaire qui recouvre un des genoux d'Estelle. Cette dernière lutte pour ne pas succomber à son réflexe de recul.

Mademoiselle Lobel (Publié)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant