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Lire le mot à la fin

Chaque jour depuis le 13 septembre 2015 j'écris, chaque heure je transpose mes idées, mes mots, mes phrases, mes paragraphes sur mon ordinateur portable. L'histoire avance, se concrétise, trouve son chemin et devient lisible. L'histoire romantique et passionnée entre la jeune Thérence et le Roi arrogant prend forme et se traduit en une idylle presque parfaite. Presque ? Oui cette passion sans égal se terminera de façon tragique, Thérence a été assassinée lors d'un somptueux bal. Elle attisait tous les regards et convergeait toutes les discussions vers elle, elle était aimée, respectée mais jalousée et enviée, c'est ce qui a provoqué sa chute. Un verre empoisonné et voilà la maîtresse officielle du Roi qui tombe. Elle s'est approchée trop prêt du Soleil et a fini par se brûler, fini par mourir en devenant la femme la plus jalousée de tout le Royaume.

"Et alors qu'elle but sa première gorgée de son verre en cristal, la musique de Jean-Baptiste Lully résonnant dans l'immense Salon, la jeune mère tomba sous les regards ébahis et surpris de la cour. Empoisonnée, elle avait été empoisonnée, empoisonnée par simple erreur ou grande vengeance ? Cette question résonnait dans tous les esprits tandis que le Roi accourait suffoqué. Attristé. Brisé. Seul. Il lui avait laissé une marque dans son cœur, il le savait depuis qu'il l'avait rencontré, il savait qu'il était maudit, le Soleil avait brûlé sa plume, sa favorite. Il avait brûlé sa lune et rien ne pourra y remédier, au grand jamais."

Fin. Mon écrit vient de raconter une histoire, une histoire passionnée digne de Shakespeare, un roman aussi dramatique que Roméo et Juliette.

Me voilà vidée, je souffle, la tête dans mes bras, les coudes sur la table. Un mélange de sensations contraires vient s'initier dans mon esprit, dans mon corps. Émue, satisfaite, triste, heureuse, fatiguée, soulagée, vidée. Ce mix devient vite suffoquant, je prends ma bouteille posée sur mon bureau et la finis. Cette histoire m'a transporté pendant six mois, j'ai vécu à son rythme et ai bien sûr raconté quelque chose qui me touche au plus profond de moi-même. Je me sens extrêmement concernée par cet écrit, tellement qu'elle m'en fait verser une petite larme et attise ce manque, ce vide au creux de ma poitrine. Au début je pensais que ce vide s'en irait mais non, il était tout le temps présent, collé à ma peau sans relâcher la pression et la douleur. Je vis avec ce vide de je ne sais quoi et écrire ce roman a permis de mettre par écrit ce que je ressentais.

Et si dans une vie intérieure j'avais vécu cette histoire ?

Combien de fois est-ce que je me suis posée cette question, combien de fois j'y réfléchis et je ne trouve rien, ses traces historiques ont été effacées ou alors Thérence est simplement le fruit de mon imagination...

Je me lève de ma chaise, enregistre mon travail après avoir remarqué qu'un roman de 236 pages A4 prône dans mon logiciel Word. Je soupire, verse une petite larme encore émue et ouvre en grand la porte-fenêtre de la pièce qui amène sur la terrasse. Je profite des rayons de soleil de ce mois de mars et entre de nouveau. J'ouvre mon fichier Word et commence à écrire en quelques minutes les remerciements, cette tâche effectuée, la sauvegarde terminée, je vais dans la cuisine déposée ma tasse de thé et ma bouteille et pars manger un petit quelque chose. Je reviens avec de la salade de pâtes dans mon bureau, j'imprime un exemplaire de mon livre et préviens Marc.

Tient en parlant de Marc, il venait comme promis déposer les courses et repartait en coup de vent par peur de me déranger. J'étais un peu comparable à une ermite pendant ses six mois en fin de compte, une véritable même ! Cette idée me fait rire.

Au même moment où je vérifie si l'impression se passe correctement mon téléphone vibre, je le prends et lis le message de Marc m'informant qu'il arrive. Je passe un petit coup dans ma salle de bain, je prends une douche très vite fait et m'habille d'un pantalon noir et d'une chemise écossaise de couleur rouge et noir avec les manches remontées. Je me regarde dans le miroir et pour la première fois depuis six mois je ressemble à peu près à quelque chose. Je soupire en laissant échapper un petit sourire et vais déverrouiller ma porte d'entrée, j'informe Marc de l'ouverture de ma porte et ensuite je pars dans le salon me poser. J'allume la télé et tombe sur une chaîne qui diffuse une série je pense, série qui me rappelle quelque chose. Je crois l'avoir déjà vu quelque part d'ailleurs...

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