#41

611 17 1
                                    

- Novembre 2017-  

-Ismène- 

J'étais parti. J'avais tout quitté, la ville de mes rêves, mon poste, mes amis, ma famille, ma famille de cœur, et surement l'homme que j'aimais, enfin il m'avait quitté et j'avais fuit avant d'être à terre.

J'étais arrivée à Londres fin août, je devais prendre mon poste le huit septembre. Ma mère avait un ancien élève de son cours de danse contemporaine qui avait intégré une école de danse londonienne, en temps que professeur à ses heures perdues, son vrai job était officier à l'ambassade de France à Londres. Son prénom était Jonathan - Charles, dit Jayce. Il m'avait accueillit en m'aidant à rapatrier mes affaires dans mon nouvel appartement. Au bout d'une semaine à monter des meubles et à déballer mes affaires, il m'avait fait visiter la ville. Pour lui le quartier français était vital. Je l'avouais, ma tête était ailleurs je l'avais remercié de toute son aide. Ma mère avait raison sur un point, il était mon allié et de bons conseils pour cette ville.

Vous vous demandez sûrement qui dans mon groupe savez où je m'étais caché ; Susie et Célia par la force des choses. J'avais juste prévenu Susie. Célia était au courant car ma mère lui avait dit. Deen était sûrement au courant et le reste n'allait pas tarder à le savoir. Je savais que mon choix était excessif et sûrement dur par rapport aux autres. Cependant mon instinct de survie avait prit le dessus et mon frère m'avait informé qu'on cherchait une CPE à Londres pour une école française, où je  pouvais aussi donner 6 heures par semaine en cours d'histoire, j'avais sauté sur l'occasion, mon frère avait plutôt forcé le sort et m'avait envoyé là bas de façon brusque. Cette proposition était arrivée à pique comme dirait Deen, c'était le lendemain de ma séparation avec Ken, enfin de l'atroce dispute entre lui et moi où il m'a crachait sa haine et sa rancune en pleine figure, où il me tenait responsable de la fausse couche. Ken pensait donc depuis mai que j'avais souhaité la mort de notre enfant.

J'avais pris la poudre d'escampette à la première occasion, malgré tout, j'avais un besoin viscérale de changement, comme une bougeotte incontrôlé. Je n'avais pas beaucoup parlé depuis mon arrivée, Jayce savait juste que mon envie de bouger venait comme une envie de pisser (je le cite). Il ne m'avait pas beaucoup de poser de question. Ce que j'aimais dans sa compagnie c'était déjà qu'on parlait en français, ma langue maternelle me manquait, de plus je n'étais pas gêné, il essayer de me faire rire et de me faire connaître d'autre personne malgré ma réticence.

Il m'avait présenté un couple d'amis : Alexander (Alec il préférait apparemment) et Damian. Ils étaient le jour et la nuit, Alec était le plus calme, l'introverti, Damian a contrario était quelqu'un qui avait une joie de vivre, toujours un mot pour rire, une musique à faire écouter, une occasion pour danser et boire du vin. Alec était un ami proche de Jayce, ils étaient collègues, tous deux travaillait à l'ambassade. Damian lui était pédiatre, il travaillait au Mercy Hospital à une demi-heure de voiture de chez moi. Je n'allais pas mentir en disant que j'avais détesté fréquenter ces personnes, bien au contraire, malgré nos métiers prenant et ma « dépression » qui parfois obligeait Jayce à passer chez moi si je ne donnais pas de signe de vie : Merci maman de donner des consignes à ton agent double. Parfois Damian m'examinait tel un bébé, il m'avait fait une prise de sang, il m'avait fait aussi une ordonnance pour mes vitamines et ma pilule contraceptive : n'était-il pas gênant. Un pédiatre ne devrait pas faire ça mais Damian était pleins de surprise et aimait avoir une « patiente ».

Un soir j'avais diné chez eux, j'avais rapporté du vin pour Damian. Je m'étais mise sur le balcon/jardin de mes amis, j'avais observé la nuit et la vie sous l'éclairage artificielle tout en roulant ma cigarette. Face à cette atmosphère les souvenirs de Tokyo et ses lumières aveuglantes la nuit m'étaient revenus en pleine figure comme une claque en plein visage. Je me remémorai sans cesse la première nuit avec Ken, c'était comme un disque raillé dans mon esprit de meuf éplorée. J'étais restée ici quelques minutes ou plus puisqu'Alec était venu me voir sur le balcon :

Lourde comme une plumeWhere stories live. Discover now