FICHIER 3 : DIFFÉRENCE

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DOSSIER ERREUR.002
FICHIER 3 : DIFFÉRENCE
25.02.GE20

Au bout de deux semaines, l'élite-chef changea de comportement avec lui. Il s'était sans doute rendu compte que le garçon ne piochait pas aussi vite que les autres, qu'il n'était pas assez fort pour porter les gros rochers qu'une partie des hommes devait concasser pour en faire la poudre de diamant. Maaxence était plus faible que ses camarades et lui-même ne comprenait pas pourquoi.

Pour le punir, l'élite-chef lui fit porter les plus lourds et les plus gros cailloux. Il lui dit d'accélérer la cadence, de piocher, dégager, déblayer, travailler toujours plus vite pour compenser. Et Maaxence s'exécutait sans broncher, sans même émettre le plus petit gémissement. Quand la pioche ricocha contre la roche et qu'elle vint percuter sa minuscule main, son souffle se coupa et sa poitrine manqua d'exploser. Mais pas un son ne vint franchir ses lèvres gercées et perturber l'inébranlable mécanisme de la mine. Seule une larme solitaire roula le long de sa joue, que l'élite-chef essuya à coups de fouet électrique.

Le son que craignait le plus Maaxence était celui du fouet électrique. Il commençait comme un léger sifflement, qui s'intensifiait de seconde en seconde. Le sifflement semblait remplir toute la mine et percuter les oreilles de tous les travailleurs. Puis il se transformait en battement de plus en plus rapide, comme si quelqu'un tapait du plat de sa pelle sur de la taule. Et enfin, le coup fatal s'abattait sur l'infortuné en un coup de tonnerre retentissant, arrachant des lambeaux de peau du dos nu de ses victimes, martyrisant la chair comme un trait de feu qui faisait gicler le sang sur la pierre.

Maaxence avait déjà vu à l'œuvre ce bâton du diable sur certains de ces camarades. Souvent, ils restaient recroquevillés quelques minutes, à se tordre de douleur sur le sol poussiéreux. Seule la menace d'un autre coup de fouet les faisait remonter sur leurs jambes et continuer le travail. Mais le garçon ne l'avait jamais ressenti de façon directe et c'était comme il l'imaginait, en dix fois pire. Il eut l'impression que sa vie s'arrêtait, que son cœur s'arrachait de sa poitrine pour rebondir dans toute la mine, que sa peau explosait et que sa chair s'éparpillait sur le sol.

Une fois que la douleur revint à la limite du supportable, il rouvrit un œil. L'élite-chef était penché au dessus de lui, le fouet à la main.

Il se redressa et, comme tous les autres avant lui, il se remit au travail.

Mais combien de coups pourront-ils encore supporter ?

Mille éclats dans l'universOù les histoires vivent. Découvrez maintenant